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L'Algérie, l'Union Du Maghreb Arabe Et l'Intégration Régionale

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s communes : langue, religion, histoire etc. Les résultats de l’enquête montrent clairement que le blocage de la région est dû principalement à un déficit démocratique : une immense majorité plaide pour la création d’un parlement maghrébin où des députés élus de façon démocratique chercheraient à répondre aux problèmes des citoyens de la région. En dépit de l’absence de résultats de l’UMA, le souhait d’une intégration régionale demeure profond. Pour la majorité, elle apparaît comme une réponse de bon sens à la mondialisation et une opportunité de désenclaver des économies et des sociétés marginalisées en raison de la faiblesse de leur développement. Le potentiel de croissance d’une région intégrée est reconnu mais il manque la volonté politique de sortir d’un cercle vicieux qui, à travers des prétextes historiques, entretient le blocage de la région. L’enquête montre très clairement que la tension entre le Maroc et l’Algérie est délibérément entretenue par les gouvernants. Et le risque d’une guerre entre les deux Etats apparaît possible. Dans cette perspective, seule la démocratie est à même de faire sortir les dirigeants d’une logique nationale afin de mettre en pratique les conditions d’une intégration régionale attendue par l’opinion. Mais pour cela l’UE doit davantage oeuvrer dans la région car elle représente un modèle. Le principal résultat de l’enquête est que l’intégration régionale ne peut se faire qu’à travers la démocratisation.

Résumé

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59 October 2006

Algérie, the Arab Maghreb Union and Regional Integration

Introduction : Démocratie et intégration régionale

L’enquête réalisée en juillet 2006 en Algérie apporte une série d’informations sur les tendances de la société algérienne au regard des relations intermaghrébines, sur le blocage de l’UMA et sur les perspectives d’une zone d’intégration régionale. Elle permet aussi de souligner les solutions retenues pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la région du Maghreb. En effet, depuis leur indépendance, les pays d’Afrique du Nord se tournent le dos comme le montre la faiblesse des échanges intra régionaux (3%). D’une part, l’enquête confirme ce que le bon sens observait : l’échec d’une construction régionale ! Seuls 3% des enquêtés sont très satisfaits de la politique de l’UMA contre 70% à ne pas être satisfaits. Ce sentiment d’insatisfaction ne se traduit pas par un rejet de l’UMA voire par son enterrement, bien au contraire. Ils sont 76% à se sentir personnellement intéressés et concernés par l’UMA. C’est dire si les attentes sont fortes et le sentiment de déception à la hauteur des espérances qui avaient été placées dans les « pères du nationalisme et du mouvement maghrébin de libération »1. D’ailleurs, le projet d’intégration régional n’a pas été retenu dans les cursus scolaires. Seuls 8% des élèves en ont pris connaissance lors de leurs études. Déception plutôt que rejet de l’UMA qui reste bel et bien un projet populaire. Son image n’est pas trop négative (19%) mais floue (60%). Et ce, à juste titre, tant l’UMA a du mal à faire connaître ce qu’elle a réalisé depuis sa création : ils sont 69% à être incapable de citer une réalisation de l’UMA ! 5% citent une autoroute. Et pourtant, le projet d’intégration régional en Afrique du Nord est encore perçu comme utile et porteur pour 48%, il est une utopie pour seulement 15% des enquêtés. C’est dire là aussi qu’en dépit du si faible bilan de l’UMA, une forte attente existe quant à la réalisation d’une zone d’intégration régionale. Ce sentiment se fonde sur la nécessité « d’un rapprochement entre les peuples » de la région (43%) avec qui l’on partage une langue (18%) et une religion commune (29%). Les dimensions sociétales et civilisationnelles censées favoriser une union demeurent toujours présentes en dépit des faits politiques et historiques2. Cette conviction de partager des caractéristiques communes est si forte que personne ne souligne que les problèmes entre l’Algérie et le Maroc puissent provenir de « la différence entre les peuples », 58% pensent que ce sont les dirigeants politiques qui les divisent. Aussi, ils sont 88 % à souhaiter la création d’un parlement maghrébin où des députés élus démocratiquement siégeraient ! L’un des principaux résultats de l’enquête est que la faiblesse de l’intégration régionale s’explique par le déficit démocratique des régimes. Dans cette perspective, démocratie et intégration régionale vont de pair. Mais avant d’aller plus en profondeur dans l’analyse des résultats de l’enquête il est utile de souligner le bilan de l’intégration régionale en Afrique du Nord aujourd’hui.

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1 A. Abdou, « Le Maghreb en jachère ». Le quotidien d’Oran, 24/08/06 2 La conférence de Tanger du 27-30 avril 1958, qui réunissait le Néo-Destour, l’Istiqlal et le FLN, stipulait : « la conférence de Tanger…consciente d’exprimer la volonté unanime des peuples du Maghreb arabe d’unir leur destin dans la solidarité étroite de leurs intérêts, est convaincue que le moment est venu de concrétiser cette volonté d’union dans le cadre d’institutions communes, afin de leur permettre d’assurer le rôle qui lui incombe dans le concert des nations, décide d’œuvrer à la réalisation de cette union, considère que la forme fédérale répond le mieux aux réalités des pays participants ».

L’Algérie, l’Union du Maghreb Arabe et l’intégration régionale

59 October 2006

Dans les années soixante, Roger le Tourneau écrivait : « L’idée d’unité nord-africaine…est née avant tout d’une réaction contre l’emprise française sur les trois pays du Maghreb : avant d’être une idée constructive, elle s’est manifestée surtout comme un réflexe de défense, comme l’addition d’un triple sentiment commun, celui de la domination française… Les apôtres de l’unité maghrébine devront s’armer de patience et de ténacité s’ils veulent aboutir…Autrement l’Afrique du Nord risque fort de connaître à nouveau le sort qui lui est déjà échu plusieurs fois, c’est-à-dire d’en rester aux luttes intestines, à la stagnation économique et technique »3. Indépendants, les Etats d’Afrique du Nord ont échoué à réaliser l’unité du Maghreb. Depuis la création, en 1989, de l’Union du Maghreb Arabe, l’Afrique du Nord n’a pas réussi son intégration régionale. Les facteurs explicatifs de cet échec sont nombreux et de niveaux différents. Et pourtant, à l’exception du Conseil de la Présidence, qui ne s’est plus réuni depuis dix ans, les « autres organes de l’UMA fonctionnent » comme le rappelle Habib Boulares, ancien secrétaire général de l’UMA. Ainsi, « il ne faut pas dire qu’il y a un blocage de l’UMA, ce serait injuste pour tous ceux qui oeuvrent activement, dans tous les secteurs, pour la réalisation de cet objectif »4. La stratégie maghrébine de développement est fondée sur le programme de Ras Lanouf, adopté en Libye en 1991. « Elle articule les trois étapes définissant les modalités de l’intégration régionale : l’instauration d’une zone de libre échange, une union douanière et un marché commun »5. Entre 1989 et 2006, la mise en œuvre de cette stratégie s’est traduit par l’organisation de « six sommets de chefs d’Etats maghrébins (le dernier date de 1994), de 24 sessions du Conseil des Affaires, de 41 sessions du Comité de suivi, de six séances plénières du Conseil consultatif et de 16 sessions de l’instance judicaire » et comme le précise Habib Ben Yahia, secrétaire général de l’UMA, « à l’heure actuelle, l’UMA dispose de 114 groupes de travail »…Certes, une telle activité n’est pas sans résultats et certains responsables soulignent que des projets communs ont abouti : les tronçons nationaux de l’autoroute maghrébine, l’extension des réseaux de télécommunications en fibres optiques, l’interconnexion électrique, la lutte contre la désertification, la coopération en matière de santé, etc. Aussi, c’est avec conviction que M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l’UMA, a réagi au titre du symposium (« Du coût du non Maghreb ») organisé à Madrid, du 24 au 26 mai 2006 : « Evoquer, en effet, le « non-Maghreb » en juxtaposant ces deux termes ne procéderait-il pas d’une approche dubitative, sinon nihiliste, d’un processus déjà mis en marche avec des acquis concrets, quoiqu’en deçà des aspirations et des attentes de plus de 85 millions de Maghrébins ? »6. La question est posée : les résultats de l’UMA sont-ils à la hauteur des attentes des populations de l’Afrique du Nord ?

I. L’intégration régionale du Maghreb

L’intégration régionale de l’Afrique du Nord ne s’est pas concrétisée : elle demeure encore à l’état de projet. En 2003, le commerce intra régional des pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) ne dépassait pas les 3% ! En comparaison, « le commerce intra zone représentait 60,2% de l’UE, 22,3 de l’Asean, 10,6 des Peco et 19,9 des pays du Mercosur »7. Une explication structurelle est donnée à cette faiblesse des échanges : elle tient à la faible complémentarité économique8. En fait, pour

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