La Crise Asiatique

tretiennent des liens plus étroits avec les économies de la région, jouent un rôle moteur pour tenter d'empêcher une extension de la crise. Mais leur situation est délicate : leur déficit bilatéral avec ces pays est déjà colossal et dépasse 40 milliards de dollars avec la seule Chine. Le ralentissement de la croissance de 1’Asie et une accentuation de la baisse du yen, destinée à relancer la croissance au Japon, faute de ressorts internes, ne peuvent que creuser encore ce déficit extérieur. Or, si le dollar est aujourd'hui redevenu une valeur refuge, faute de mieux, les Etats-Unis ne peuvent s'endetter indéfiniment en vivant au-dessus de leurs moyens sans finir par mettre en cause la confiance dans leur monnaie.

Aussi, la responsabilité de l'Europe dans le maintien de la croissance mondiale devient cruciale. L'Europe, comme le Japon, s'obstine à vivre en dessous de ses moyens et maintient une situation d'excédent à l'égard du reste du monde. De ce point de vue, elle est le mauvais élève de la classe mondiale, attendant la reprise de sa croissance de gains de parts de marché aux dépens du reste du monde.

L'heure est venue pour l'Europe de jouer un autre rôle et d'apporter une contribution positive à la croissance mondiale. Première puissance commerciale mondiale, elle devrait aujourd'hui ne pas craindre d'aider massivement les pays asiatiques à sortir de leurs difficultés présentes. Non seulement en soutenant leur système financier par ses crédits - ce qu'elle fait, soit directement, soit via le Fonds monétaire international -, mais encore en relançant sa propre croissance pour développer ses importations en provenance du reste du monde.

Paradoxalement, la crise asiatique pourrait aider nos pays à gagner le pari de la monnaie unique : en les contraignant à sortir de l'impuissance dans laquelle ils se complaisent dans la gestion de la politique économique depuis le début de la décennie. Déjà, les risques de remontée des taux d'intérêt semblent écartés. Il faudrait aujourd'hui aller plus loin et mener des politiques budgétaires plus dynamiques. Allez, du courage, messieurs les gouvernants, dépensez plus pour que nous vivions mieux tout en sauvant l'économie mondiale !

Les conséquences sur l'économie réelle commencent seulement à se faire sentir : la baisse sensible de la production industrielle et, dans certains pays, de la production agricole, est accompagnée de vives pressions inflationnistes et de famines (Indonésie)

ce qui rend difficile l'application de certains aspects du plan du FMI. Le chômage se développe rapidement. En conséquence, le marché intérieur s'effondre, rendant ces pays peu attractifs aux yeux des investisseurs étrangers, que les gouvernements locaux cherchent en vain (du moins pour le moment) à faire revenir.