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Nana , La Mort D'Une Héroine

Mémoire : Nana , La Mort D'Une Héroine. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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femmes fait place la rumeur de la rue (cf. dernière ligne).

Cet espace clos de la solitude contraste fortement avec la dernière phrase du texte qui laisse entendre les cris de la foule à l’extérieur. Le destin de la société est ici associé avec celui du personnage principal. L’accessoire qui fait le lien entre l’intérieur et l’extérieur est le « rideau », nommé deux fois, l.8 et 38 dans ce court passage. Ligne 38, il semble animé d’une vie propre gonflé par « un grand souffle désespéré » l.37, c’est-à-dire par les cris des manifestants sur le boulevard. On reviendra sur l’emploi du terme « désespéré » qui contraste avec l’enthousiasme supposé des futurs soldats rendu par les trois points d’exclamation l.39.

2.Décor et accessoires

Le rideau, nommé deux fois on l’a dit, rappelle cet accessoire entrevu dans la loge de Nana (cf. extrait A). Nana, comédienne, meurt avec les derniers attributs de la scène. Quand Rose tire « un rideau devant la fenêtre » l.8, elle signifie que c’est la fin du spectacle : la mort de Nana marque la fin du roman, la fin de la comédie que fut sa vie.

« le lit » mentionné ligne 5, est un élément de décor important. Après le lit luxueux et excessif, dernier caprice de la courtisane (cf. chap. XIII p.479-479), Nana meurt dans un lit qui est ici étroitement associé au personnage : c’est bien dans un lit que Nana a mené sa vie, il est donc logique qu’elle y trouve la mort.

La lumière est aussi une des caractéristiques théâtrales de la scène. Rose Mignon substitue à la « lampe » l.9 qu’elle juge peu « convenable » ce qu’elle croit être « un cierge » l.10, sous-entendu ironique qui donne un caractère faussement religieux à la scène. « L’un des flambeaux de cuivre de la cheminée » l.11 éclaire alors la pièce à « la clarté de la bougie » l.18. Cette « lumière vive » l. 12 qui éclaire « brusquement la morte », effraie les jeunes femmes qui sortent précipitamment l.13 à 14, laissant Nana seule.

3.La dramatisation

Les personnages quittent la chambre pour laisser Nana seule. Après être longtemps restées auprès du cadavre les jeunes femmes se rendent compte qu’elles peuvent contracter la maladie. C’est ce que suggère la première phrase avec l’emploi du verbe « empoissonner » comme si la seule présence du cadavre pouvait contaminer les femmes venues veiller la morte. Les mots « panique » et « insouciance » l.2, utilisés en contraste dans la même phrase traduisent bien le mouvement affolé des femmes qui prennent soudain conscience de la situation.

De même, le brusque éclairage du visage de la morte l.13, comme un coup de projecteur, provoque une tension dramatique. En effet, le lecteur avant de lire la description de Nana est préparé au pire par une phrase brève ligne 13 : « Ce fut une horreur ». Les réactions des femmes qui « frémirent et se sauvèrent » l. 14, anticipent également la réaction du lecteur qui ne manquera pas de frémir à son tour à la description en détail du visage de la morte. Le cri de Rose Mignon, ligne 15, participe aussi à cette dramatisation.

La dernière phrase l.39 élargit, on l’a dit, le point de vue. Cette clameur qui est un cri pour galvaniser les troupes est aussi « un grand souffle désespéré » l.37. Zola écrit en effet en 1880, dix après la défaite contre la Prusse. Le lecteur sait donc que ce sont de futurs cadavres qui crient ainsi, ce qui donne un caractère encore plus grave à la scène. Ainsi le cadavre de Nana est-il inexorablement lié aux futurs cadavres de cette guerre qui verra la fin du second Empire.

Bilan et transition : Nana comédienne, meurt en comédienne, dans ce qui sera son dernier décor, un lieu représentatif de ce qu’aura été sa vie : une chambre. Zola, qui a adapté plusieurs de ses romans au théâtre, utilise ici des caractéristiques théâtrales pour rendre plus dramatique, plus solennelle encore la mort de Nana. Preuve ultime de la théâtralité du texte, le visage de Nana est un « masque » l.30, métaphore qui résume à elle seule le dernier portrait de l’héroïne.

Un dernier portrait de l’héroïne

La description reprend le thème de la pourriture déjà abordé dans le roman (cf. extrait B). Une fois encore la visée naturaliste est dépassée par la dimension mythique que Zola donne à cette description.

4.Un portrait naturaliste

Point de vue omniscient du médecin s’attardant au chevet de sa patiente.

Description minutieuse du visage dont on retrouve les différentes parties, nommées avec la précision d’un légiste : « Un œil » l.25, « Le nez », l.27, « une joue » et « la bouche » l.29, « les cheveux » l.31. Effet d’accumulation des parties du visage qui finissent par se confondre.

Symptômes de la maladie qui défigure Nana, rendus grâce à l’utilisation d’un vocabulaire médical précis, avec, ici encore, effet d’accumulation : « pustules » l.20, « bouton » l.21, « purulence » l.26, « suppurait » l.27-28, « croûte » l.28,

S’ajoutent à ces symptômes le vocabulaire de la physiologie cher à Zola : « humeur » et « sang » l. 19 ainsi que « virus » l.33.

5.Une Vénus en décomposition : le naturalisme dépassé

Point de vue naturaliste vite dépassé car ces notations « réalistes » du médecin en observation sont souvent associées à des termes qui montrent une chair en action. Ainsi « les pustules avaient envahi la figure entière » l. 20-21 et sont « flétries, affaissées », « un bouton touchant l’autre » l.21. La métaphore « le bouillonnement de la purulence » l.26, volontairement hyperbolique, traduit également cette vie de la chair (paradoxe pour la description d’un cadavre). Suivent une série de verbes de mouvement conjugués à l’imparfait, donnant l’impression que l’action est en train de s’accomplir sous nos yeux et donnant là encore vie à la chair morte : l’autre œil « s’enfonçait » l.27, tout comme le nez qui « suppurait encore » l.27-28, « une croûte rougeâtre partait », « envahissait » et « tirait » l.28-29 tandis que les cheveux « coulaient » l.32. Ces assauts de la chair morte font écho au tumulte extérieur préfigurant les massacres à venir.

La référence à la pourriture rappelle un thème développé tout au long du roman : celui de la contamination de la société par Nana (cf. extrait B , « La Mouche d’or »). On y retrouve le même vocabulaire : « charognes tolérées » l.34, « ferment » l.35, ainsi que les références à la boue, à la pourriture et à la moisissure. Nana jusqu’au bout aura « empoisonné un peuple ». l.35

Associé à ce thème de nombreuses notations péjoratives font de cette description un portrait moral : Zola condamne son héroïne. Si elle a « empoisonné un peuple » l.34, ce poison « venait de lui remonter au visage et l’avait pourri ». Là encore, dynamisme à travers le verbe « remontait » et idée de sanction : Nana est punie d’une vie de débauche.

Cette condamnation de l’héroïne passe par l’utilisation de nombreuses notations dépréciatives : l’utilisation de la suffixation en -âtre est péjorative (grisâtre l.21, rougeâtre l.28), « la face » l. 18, lui retire toute humanité, tout comme le présentatif « C’était » l.18 qui en fait un objet, « un tas » l.19, Nana est « jetée là » l.20 et n’est plus qu’une « bouillie informe » l.24, au « rire abominable » et au « masque horrible et grotesque ».

On assiste ici à la dernière métamorphose de Nana traduite par le cris de Rose Mignon : « Ah ! elle est changée, elle est changée » l.15. Phrase clé « Vénus se décomposait » l.33. Garde un semblant de beauté dans les cheveux d’or. Métaphores de « la flambée de soleil » et du « ruissellement d’or »

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