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Quels Sont Les Principaux Obstacles À La Connaissance Scientifique

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. L’IGNORANCE ET L’ERREUR.Contrairement à ce qu’affirme l’opinion commune, l’ignorance ne s’oppose pas à la connaissance scientifique. Au contraire, elle en est le préalable. Seul l’ignorant peut désirer savoir. Ce désir de savoir qui naît de l’étonnement devant la complexité de la nature suppose la prise de conscience de l’ignorance.« C’est, en effet, l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit; puis, s’avançant ainsi peu à peu, ils étendirent leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Étoiles, enfin la genèse de l’Univers. Or apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance (c’est pourquoi même l’amour des mythes est, en quelque manière, amour de la Sagesse, car le mythe est un assemblage de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c’est qu’évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. »Aristote, Métaphysique, A, 2, 982b11.Cette remarque liminaire permet de définir une première caractéristique de la connaissance scientifique : ce n’est pas contre l’ignorance, qui est désir de connaissance, mais contre l’erreur, contre les faux savoirs (et les fausses sciences) que se constitue la connaissance scientifique. Le propre de l’erreur est d’être inaperçue comme erreur ; l’erreur exprime toujours un désir de vérité et en même temps l’échec de ce désir. Pourtant l’erreur acquiert un statut positif, en particulier dans l’enseignement, lorsqu’elle est interprétée comme révélatrice de son principe, à savoir le préjugé. Si bien que la science pourrait se définir comme une entreprise méthodique de rectification d’erreurs et de lutte contre les préjugés. L’entreprise scientifique se détermine alors conte les savoirs socialement admis et reconnus comme tels.B. L’illusion.L’illusion naît de la confusion entre la conscience du réel et le réel, entre nos perceptions et nos aperceptions (LEIBNIZ, 1704). « La perception dans son ensemble n’est qu’une manière subjective de voir les choses et les idées » (LAGNEAU, 1950). La première difficulté consiste à distinguer nos sensations de nos représentations, ce qui est impossible dans ce que nous pouvons appeler « l’attitude naturelle ». Cette confusion est caractéristique de l’esprit de l’enfant qui parvient, seulement après un long développement de ses capacités cognitives, à se distinguer du monde.« La symétrie qui existe ainsi entre la représentation des choses et le développement fonctionnel de l’intelligence nous permet d’entrevoir dès maintenant la ligne directrice de l’évolution des notions d’objet, d’espace, de causalité et de temps. D’une manière générale, on peut dire que, durant les premiers mois de l’existence, tant que l’assimilation reste centrée sur l’activité organique du sujet, l’univers ne présente ni objets permanents, ni espace objectif, ni temps reliant entre eux les événements comme tels, ni causalité extérieure aux actions propres. Il faudrait donc soutenir qu’il y a solipsisme, si l’enfant se connaissait lui-même. Tout au moins, peut-on parler d’un égocentrisme radical pour désigner ce phénoménisme sans conscience de soi, car les tableaux mouvants perçus par le sujet ne sont connus de lui que relativement à son activité élémentaire. » (PIAGET, 1937, p. 6)La connaissance scientifique se distingue de la connaissance commune dans la mesure où elle présuppose un exercice de la réflexion et se construit contre le sentiment d’immédiateté et de fusion. La réflexion instaure une médiation que les premiers philosophes nommèrent Logos. La pensée scientifique suppose une prise de conscience de soi comme sujet distinct d’un monde que le moi pose en se l’opposant (cf. HEGEL) dans une série d’allers et retours réciproques entre les prévisions (anticipations de l’action –dimension pratique) et les explications (justifications de la réussite ou de l’échec – dimension théorique), entre une certaine légalité et une certaine causalité.« Dès lors, l’univers se constitue en un ensemble d’objets permanents reliés par des relations causales indépendantes du sujet et situés dans un espace et un temps objectifs. Un tel univers, au lieu de dépendre de l’activité propre, s’impose au contraire au moi en tant que comprenant l’organisme comme une partie dans un tout. Le moi prend ainsi conscience de lui-même, au moins dans son action pratique, et se découvre en tant que cause parmi les autres et qu’objet soumis aux mêmes lois que les autres. » (PIAGET, 1937, p. 308)« Nous avons tous été enfants avant que d’être homme, et […] il est presque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu’ils auraient été, si nous avions eu l’usage entier de notre raison des le point de notre naissance, et que nous n’eussions jamais été conduits que par elle » (DESCARTES, 1637). Et celui qui refuse de remettre en question non seulement ses pensées mais aussi la structure de sa réflexion reste « enfant ». La connaissance scientifique exige une véritable réforme de l’entendement : « une tête bien faite est malheureusement une tête fermée. C’est un produit de l’école » (BACHELARD, 1937, p. 15). C. LES PREJUGES.On dit communément que les préjugés et, d’une manière générale les opinions représentent l’obstacle le plus manifeste à la science. « L’opinion pense mal ; dit BACHELARD, elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances »[2]. L’opinion est le premier obstacle à surmonter et il dépend de la seule volonté de le décider. Comme l’a montré DESCARTES, la première tâche de l’esprit scientifique est de décider de douter radicalement, systématiquement, de l’ensemble des opinions et de n’admettre pour vrai que ce je sais être vrai et non ce qui est tenu pour vrai par un autre que moi. « Tenir pour vrai », c’est croire, c’est adhérer à une proposition sans savoir pourquoi elle est vraie, c’est lui reconnaître immédiatement une valeur de vérité.« La science n’est pas née, en effet, par génération spontanée. C’est grâce à une lente et laborieuse maturation que les notions scientifiques se sont dégagées de celles du sens commun. »Piaget, « Les deux directions de la pensée scientifique », Archives des Sciences physiques et naturelles, 5ème Période : Vol. 11., Mai-Juin 1929, p. 146.La connaissance scientifique est souvent contre-intuitive (l’idée que par exemple que le repos est un mouvement partagé) et vient heurter le « sens commun », le « bien connu » qui constitue le fonds de nos préjugés. Le mot même de “préjugé” dit assez son caractère anti-scientifique : en science, rien n’est jugé par avance. Le préjugé implique irréflexion, prévention, précipitation du jugement, subjectivisme, autant de défauts opposés aux qualités de l’esprit scientifique (prudence, réflexion patiente, souci d’objectivité).« Les principales sources de préjugés sont : l’imitation, l’habitude, et l’inclination.L’imitation a une influence générale sur nos jugements ; car il y a une forte raison de tenir pour vrai ce que d’autres ont donné pour tel. D’où le préjugé : ce que tout le monde fait est bien. — Quant aux préjugés qui sont nés de l’habitude, ils ne peuvent être déracinés qu’à la longue, si l’entendement voit ses jugements progressivement retenus et ajournés par des raisons contraires et se trouve de ce fait reconduit peu à peu à une façon de penser opposée. — Mais si un préjugé dû à l’habitude est en même temps provoqué par l’imitation, il est difficile de guérir l’homme qui en est atteint. — Un préjugé par imitation peut aussi être appelé le penchant à l’usage passif de la raison ou à l’usage mécanique de la raison se substituant à son action spontanée selon des lois. » (KANT, 1800, p. 85)Cet « usage passif de la raison » s’oppose à l’activité intellectuelle personnelle qu’exige la démarche scientifique. La science, en tant qu’activité méthodique de la pensée, trouve dans le préjugé son principe d’inertie et l’obstacle fondamental à son développement. Le préjugé ne s’oppose pas seulement par son contenu aux avancées de la pensée scientifique ; il s’y oppose encore de l’intérieur comme attitude intellectuelle persistante, résistante. « II faut distinguer les préjugés des jugements provisoires. Les préjugés sont des jugements provisoires acceptés comme principes » (KANT, 1800, p. 84). Tous les hommes désirent naturellement savoir mais tous n’ont pas la « patience du concept », tous ne veulent pas apprendre. Les préjugés ne sont pas de simples « jugements provisoires » qui dureraient faute de connaître la vérité. Ils ne traduisent pas une attente du vrai, mais bien une résistance au vrai, si l’on veut bien admettre que la vérité scientifique ne tient pas essentiellement dans les conclusions mais dans la méthode. Le préjugé s’ignore comme préjugé et se présente comme principe de jugement. Il n’est donc pas une simple erreur, il est principe d’erreur. Contre la prévention et la précipitation, un seul remède : la méthode (DESCARTES, 1637).Au XVIIème siècle, avec GALILEE, la nouvelle philosophie (la nouvelle physique) se heurte violemment aux préjugés dominants (immobilité de la Terre au centre de l’univers). Ces préjugés ne sont pas ceux

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