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Saussure Et Le Structuralisme

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sans lien entre elles. (…) Il n'y a, selon nous,

qu'une solution à toutes ces difficultés: il faut se placer de prime abord sur le terrain de la

langue et la prendre pour norme de toutes les autres manifestations du langage. En effet,

parmi tant de dualités, la langue seule paraît susceptible d'une définition autonome et fournit

un point d'appui satisfaisant pour l'esprit."

Pour Saussure, la langue ne se confond pas avec le langage. La langue est "à la fois un produit

social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le

corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les individus. Pris dans son tout, le

langage est multiforme et hétéroclite; à cheval sur plusieurs domaines, à la fois physique,

physiologique et psychique, il appartient encore au domaine individuel et au domaine social;

il ne se laisse classer dans aucune catégorie des faits humains, parce qu'on ne sait comment

dégager son unité.

Cecilia Serra, Inst. de Ling. UniL Introduction à la Linguistique Générale 2005-06 Cours n°2 2

La langue, au contraire, est un tout en soi et un principe de classification. Dès que nous lui

donnons la première place parmi les faits de langage, nous introduisons un ordre naturel dans

un ensemble qui ne se prête à aucune autre classification. (…) Pour attribuer à la langue la

première place dans l'étude du langage, on peut enfin faire valoir cet argument, que la faculté

– naturelle ou non – d'articuler des paroles ne s'exerce qu'à l'aide de l'instrument créé et fourni

par la collectivité; il n'est donc pas chimérique de dire que c'est la langue qui fait l'unité du

langage"

(F. de Saussure, Cours de Linguistique Générale (CLG): 23-27)

2. La langue comme système de signes

"La langue est un système de signes exprimant des idées, et par là comparable à l'écriture, à

l'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux

militaires, etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes.

On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale; (…)

nous la nommerons sémiologie (du grec semeîon, “signe”) (…) la tâche du linguiste est de

définir ce qui fait de la langue un système spécial dans l'ensemble des faits sémiologiques."

(CLG: 34)

3. Linguistique de la langue et linguistique de la parole

”L'étude du langage comporte deux parties: l'une, essentielle, a pour objet la langue, qui est

sociale dans son essence et indépendante de l'individu; (…) l'autre, secondaire, a pour objet la

partie individuelle du langage, c'est-à-dire la parole y compris la phonation.

Sans doute, ces deux objets sont étroitement liés et se supposent l'un l'autre: la langue est

nécessaire pour que la parole soit intelligible et produise tous ses effets; mais celle-ci [la

parole] est nécessaire pour que la langue s'établisse (…) c'est la parole qui fait évoluer la

langue. (…) Il y a donc interdépendance de la langue et de la parole; celle-là [la langue] est à

la fois l'instrument et le produit de celle-ci.

La langue existe dans la collectivité sous la forme d'empreintes déposées dans chaque

cerveau, à peu près comme un dictionnaire dont tous les exemplaires, identiques, seraient

répartis entre les individus. (…) Ce mode d'existence de la langue peut être représenté par la

formule:

1+1+1+1+… = I (modèle collectif)

De quelle manière la parole est-elle présente dans cette même collectivité? Elle est la somme

de ce que les gens disent, et elle comprend: a) des combinai-sons individuelles, dépendant de

la volonté de ceux qui parlent, b) des actes de phonation également volontaires, nécessaires

pour l'exécution de ces combinaisons. (…) Dans la parole (…) il n'y a rien de collectif, rien de

plus que la somme des cas particu-liers selon la formule:

(1+1'+1''+1'''…)

Pour toutes ces raisons, il serait chimérique de réunir sous un même point de vue la langue et

la parole. Le tout global du langage est inconnaissable, parce qu'il n'est pas homogène, tandis

que la distinction et la subordination proposées éclairent tout” (CLG: 37-39)

"Nous avons distingué, au sein du phénomène total que représentae le langage, deux facteurs:

la langue et la parole. La langue est pour nous le langage moins la parole. Elle est l'ensemble

des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire

comprendre" (CLG: 112)

Cecilia Serra, Inst. de Ling. UniL Introduction à la Linguistique Générale 2005-06 Cours n°2 3

4. Éléments internes et externes de la langue

Saussure écarte du système de la langue tout ce qu'il appelle être le propre de la ”linguistique

externe”, notamment ”tous les points par lesquels la linguistique touche à l'ethnologie, toutes

les relations qui peuvent exister entre l'histoire d'une langue et celle d'une race ou d'une

civilisation. Ces deux histoires se mêlent et entretiennent des rapports réciproques”. De même

pour les relations entre la langue et l'histoire politique: ”La colonisation, qui n'est qu'une

forme de la conquête, transporte un idiome dans des milieux différents, ce qui entraîne des

changements dans cet idiome”; ou pour les relations avec les ”institutions de toutes sortes,

l'Église, l'école, etc.” et, enfin, ”tout ce qui se rapporte à l'extension géographique des langues

et au fractionnement dialectal”

”La linguistique externe peut accumuler détail sur détail sans se sentir serrer dans l'étau d'un

système. (…) Pour la linguistique interne il en va tout autrement: elle n'admet pas une

disposition quelconque; la langue est un système qui ne connaît que son ordre propre. Une

comparaison avec le jeu d'échecs le fera mieux sentir. Là, il est relativement facile de

distinguer ce qui est externe de ce qui est interne: le fait qu'il a passé de Perse en Europe est

d'ordre externe; interne, au contraire, tout ce qui concerne le système et les règles (…) ”

et de conclure ”est interne tout ce qui change le système à un degré quelconque”. (CLG: ch. 5)

Cecilia Serra, Inst. de Ling. UniL Introduction à la Linguistique Générale 2005-06 Cours n°2 4

5. Nature du signe linguistique

Partant de la pensée courante de son époque, selon laquelle la langue ne serait qu'une

”nomenclature”, c'est-à-dire ”une liste de termes correspondant à autant de choses”, Saussure

transforme cette conception en un concept fondateur: ”Cependant cette vue simpliste peut

nous rapprocher de la vérité, en nous montrant que l'unité linguistique est une chose double,

faite du rapprochement de deux termes. (…)

Le

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