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Conflits

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pris dans un rapport ambivalent au pays d’origine, à ceux qui en arrivent, à leurs parents dont ils peuvent dédaigner les valeurs, qu’ils peuvent mépriser pour avoir accepté leur situation, l’exploitation, leur absence d’ambition ou de révolte, leur mauvaise maîtrise de la langue ; dont ils peuvent rejeter le modèle éducatif. D’un autre côté, ils disent leur admiration pour tout ce qu’ils ont subi, leur respect des valeurs qu’ils enseignent. Les fréquentations, les frustrations, les succès vont jouer un rôle considérable dans les orientations identitaires futures.

* 38 Pour les filles, voir aussi Khosrokhavar, 1997.

* 39 Cette recherche relève également l’importance de la dynamique migratoire. Il faut ainsi distinguer(...)

50Loin des schémas simplistes tradition vs modernité, reproduction vsrupture, les enfants comme les parents opèrent chacun de leur côté des ajustements, ils se rencontrent dans la même incertitude et c’est ensemble qu’ils élaborent la transmission et non dans la confrontation de deux « modèles ». Rejeter ou simplement prendre de la distance avec la culture de ses parents c’est courir le risque d’un rejet réciproque. Pour un enfant, prendre parti pour l’école, ses valeurs, l’histoire qu’elle raconte, la mémoire qu’elle construit peut être vécu comme une trahison des parents, de ses origines. De la même manière qu’une enfant des classes populaires peut vivre comme une trahison ou un arrachement son adhésion à la culture cultivée de l’école. L’attachement à la culture d’origine est attachement aux parents qui la portent. N. Guénif-Souilamas décrit ainsi pour les filles d’origine maghrébine la difficulté à se construire « entre la nécessaire appartenance à une lignée, une généalogie qui inscrit dans la succession des générations et y confère une place unique à chaque individu et l’appartenance à une société qu’elles peuvent contribuer à forger et à transformer, pour autant qu’on leur en laisse la chance » (2003 :154)38. À propos des filles toujours, Born remarque que « la situation la plus conflictuelle est celle où des jeunes filles sont réfractaires à la culture d’origine de leurs parents qui ont eux-mêmes des difficultés d’adaptation à la société d’accueil. Les parents ont, dans ce cas, une forte probabilité de réagir de manière rigide et violente aux tentatives d’émancipation de la jeune fille » (2005 : 42)39.

51La transmission culturelle en situation d’acculturation ne donne évidemment pas nécessairement lieu à des conflits, encore moins à de la violence intra-familiale ou à de la délinquance mais dans tous les cas, elle requiert pour les enfants un intense travail d’intégration normative.

* 40 Avec en particulier ce que Hajjat nomme après Memmi et d’autres la « haine de soi » qui « découle d(...)

* 41 Voir Azzi, 1994 ; Guimond, Tougas, 1994.

* 42 Ce sont des attitudes exclusivement paternelles.

* 43 Entretien avec un père, 59 ans, algérien : « Vous avez conservé le rôle du père, de celui qui pose(...)

52Les complications de la transmission peuvent peser sur la santé mentale des jeunes, produire des comportements scolaires inadaptés (Sicot, 2003), générer sur le plan psycho-social des souffrances40, du stress, de l’agressivité, du ressentiment41 ou encore des conflits entre membres de la famille. Ces conflits eux-mêmes peuvent être plus ou moins violents, se traduire différemment. Soit par une absence de dialogue, d’échanges, parce qu’on n’a rien à se dire, à partager, ou pour éviter d’envenimer les relations, soit par la violence, ou le rejet hors du domicile familial. Ce qui est le cas des pères qui préfèrent quitter le domicile familial lorsqu’ils ne peuvent plus faire face aux conflits ou de tous ces jeunes, mineurs parfois, qui sont mis dehors par leurs pères42. Un certain nombre de jeunes qui commettent des délits ont ainsi été exclus du domicile familial et squattent ou survivent dans les caves, grâce aux copains et à la débrouille43.

53Un dernier élément, structurel, doit être pris en compte pour expliquer la déstabilisation du milieu éducatif : l’installation en France n’exclut pas la poursuite de la mobilité c’est-à-dire les retours plus ou moins longs et répétés des pères au pays, une cohésion de la famille compliquée par les déplacements successifs des uns et des autres (expulsion d’un des membres, arrivées échelonnées, mariage ici non reconnu là-bas…). On voudrait citer quelques exemples tirés de dossiers judiciaires ou médico-sociaux qui illustrent ces complications :

La mère de Fouad vit à Alger jusqu’à son divorce. Elle arrive en France, se remarie. Fouad vient la rejoindre « à contrecœur » alors qu’il a 15 ans. Il ne sait ni lire ni écrire le français et est rapidement orienté en EREA [Établissements Régionaux d’Enseignement Adapté]. Au début, il exprime le souhait de rejoindre sa famille en Algérie, puis il s’intègre au quartier. Fouad a un comportement de plus en plus déviant, sa mère fait une tentative de suicide

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