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Dissertation Sur Baudelaire

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doux et francs » en France. Le poète expose sa pensée plus fortement dans « Le voyage (CXXVI) », où « l'homme » « court toujours comme un fou ! », imaginant que « chaque îlot signalé » est « un Eldorado promis par le Destin » et se retrouve au final déçu face à la découverte « d'un récif » . Cette idéalisation de terres inconnues « rend le gouffre plus amer » face à la réalité de l'absence de paradis terrestre. D'autre part, la notion d'ennui perdure dans le voyage lorsque les voyageurs narrent leur périple. Ils reconnaissent s'être « souvent ennuyés, comme ici » et avouent avoir « vu partout, et sans l'avoir cherché, » « le spectacle ennuyeux de l'immortel péché ». Où qu'ils se trouvent, ils sont confrontés au terrible péché originel que chaque homme porte en lui et qui est l'origine même de l'ennui. Le voyage ne consiste alors pas en une échappatoire face à la mélancolie, le monde reste « monotone et petit ».

Faute de trouver sur Terre un lieu de calme et de paix, Baudelaire choisit de l'atteindre par la poésie. L'expédition qu'il entreprend alors ne se dessine que dans son esprit et n'est guidée que par ses sensations. Le poète parvient à emmener son âme, et la notre, dans des contrées extraordinaires grâce au regard poétique. Il est alors capable de lire sans effort les correspondances; les symboles du monde. Dans « Tout entière », une odeur peut créer une musique et une voix peut sentir une odeur : « Son haleine fait la musique, comme sa voix fait le parfum ». De plus, tous les éléments de la nature sont liés, dans « Correspondances », nous voyons que « comme de longs échos » dans « une ténébreuse et profonde unité », « les parfums et les sons se répondent ». Dans le poème « La chevelure », il s'évade dans un monde de merveilles grâce aux souvenirs qu'il possède d'une femme. La chevelure de la femme devient « un noir océan » où il sillonne le monde d'un bout à l'autre, passant par «La langoureuse Asie et la brûlante Afrique » et explorant un « monde lointain » qui « vit dans » ses « profondeurs ». Le poète arrive de manière fantastique à voyager sans se déplacer et à nous emmener avec lui dans ses rêveries délicieuses. Le même phénomène se produit dans sa « Chambre double ». La pièce se dédouble en un splendide paysage crépusculaire, où « les meubles », qui tels des « ormes alanguies» « ont l'air de rêver » et semblent « doués d'une vie ». « Les étoffes parlent une langue muette » de même que les « fleurs , les ciels et les soleils couchants ». Grâce au jeu des correspondances, il parvient à donner vie à des objets aussi immobiles que des meubles.

L'auteur cherche avant tout par la poésie à atteindre son paradis tant rêvé. Dans « L'invitation au voyage ( LIII) », il appelle une femme à le suivre dans ce lieu béni, ce « pays qui » lui « ressemble !». Un endroit pour « aimer à loisir, aimer à mourir », où tout n'est « qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté », où tout « parlerait à l'âme », sa « douce langue natale », soit le langage des correspondances. Il insiste sur les exquises senteurs qu'on y trouve, telle l'odeur des « fleurs » ou de l' « ambre » et les riches beautés qui ornent cet ailleurs ; « les riches plafonds », « les miroirs profonds » et « l'or ». Voilà le lieu tant recherché par Baudelaire, cet endroit où le spleen ne règne pas, ce lieu qui ne se trouve pas sur Terre, mais dans l'esprit thaumaturge de l'artiste, là où les correspondances parlent directement à l'âme.

Cependant, cet endroit n'existe que dans l'imagination du poète et il se révèle impossible pour lui de se satisfaire indéfiniment d'un bonheur fictif, basé sur des rêveries qui parfois se révèlent impuissantes face au spleen. Dans « Semper Eadem », l'auteur est bien conscient de cette fiction, mais il cherche malgré tout, à travers l'amour qu'une femme peut offrir, à retrouver cet état d'idéal qui n'est qu'un « beau songe » et « mensonge » pour son coeur. Le poème de « L'invitation au voyage (XVIII) » quant à lui, nous montre le chemin de l'auteur vers la prise de conscience de l'illusion de ce bonheur. Il parle d'un « pays singulier, supérieur aux autres », puis l'utilisation du conditionnel nous fait ressentir ses doutes « qu'il faudrait aller vivre » et « ne serais-tu pas (...) ». Le poète met alors en évidence la chimère de ce bonheur, qui ne sont que « des rêves! Toujours des rêves ! », un « tableau » qu'a « peint » son « esprit » et enfin qui sont « ses pensées ».

Baudelaire en arrive alors à un constat déplorable, même la poésie ne lui suffit plus pour échapper au spleen qui se révèle être incroyablement néfaste pour l'homme et qui l'enfonce dans un état de mélancolie extrême. Dans « L'Ennemi », il décrit cet état de mélancolie d'« obscur Ennemi » qui « nous ronge le coeur ». Dans « Spleen (LXXVII)», le poète est un roi « impuissant », qui « s'ennuie ». Tout d'abord décrit comme un « cruel malade », il se transmue ensuite en « jeune squelette » et pour finir en « cadavre hébété ». La violence du spleen devient alors tangible. De « malade » à « cadavre » en passant par « squelette », Baudelaire image par une gradation vers la déchéance physique la puissance du péché. Il détruit, ronge, consume les hommes de l'intérieur et les conduit à la mort. Chacun possède l' « élément corrompu », c'est-à-dire la source même du spleen, le péché originel.

En outre, Baudelaire ne croit pas en la progression du temps, nous le voyons dans « L'homme et la mer ». Nous pouvons interpréter ce poème comme le combat qui ne cesse jamais entre l'homme et le spleen. Dès le premier vers, l'auteur déclare que l'homme « toujours chérira la mer », puis que durant « des siècles innombrables » ils se « combattront » tels des « lutteurs éternels ». Il n'y a aucun espoir de se sauver du spleen, l'écrivain ne croit pas en la notion de progrès, il est pris au piège dans cet ennui et se conforte dans sa propre misère. Il prend alors conscience des heures qui passent et le temps qui fuit. Dans l' « horloge », il est effrayé par le temps. « Le dieu sinistre », dont les « minutes, mortel folâtre, sont des gangues », lui « dévore » chaque instant « un morceau de délice ». Nous sentons un désir d'immortalité. Il ne peut alors profiter de l'instant présent, le temps étant un voleur qui lui dérobe chaque instant. Quoi qu'il advienne, il sera appelé à mourir, car le temps est un « joueur avide qui gagne sans tricher, à coup sûr ! ».

L'ivresse se révèle alors comme un remède à l'angoisse métaphysique de la mort. Elle devient l'unique moyen d'oublier l'horreur du gouffre, en emplissant l'esprit de paradis artificiels. Dans le poème « Enivrez-vous », il explique le besoin pour chaque homme d'être « toujours ivre », de s'enivrer « sans cesse », afin de ne pas devenir les « esclaves martyrisés du Temps ». L'ivresse, qui dissimule doutes et craintes, amène donc à un état désiré de déni.

Cependant, l'ivresse ne fait que voiler la peur du temps qui passe. Dans son oeuvre « Les Paradis artificiels », le texte « Morale » nous livre une pensée bien critique de ces bonheurs chimériques. Lorsque l'esprit n'est plus aveuglé par les effets des drogues, les conséquences se révèlent difficiles à assumer. Le corps est alors relâché, « les nerfs détendus » et l'esprit souffre de « titillantes envies de pleurer ». L'artiste se trouve dans un état inapte à la création, dans une « impossibilité de s'appliquer à un travail suivi » et comprend alors avoir « joué à un jeu défendu ». La vision de la nature devient « hideuse » et il ne perdure rien de son illumination de la veille, mais plutôt de « mélancoliques débris d'une fête ». L'auteur lève alors sa sentence : l'ivresse ne permet pas de surmonter la puissance du mal qui ronge les hommes, elle ne fait que la masquer sous des effets temporels, qui lorsqu'ils s'estompent, laissent l'homme dans un état de grande souffrance.

Le constat est

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