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Huit Femmes

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permettent de segmenter l’extrait et d’aller crescendo dans la véhémences des accusations. Tout d’abord la séquence est structurée par les différentes entrées : la première, de Gaby (Catherine Deneuve) et Louise (Emmanuelle Béart) et la seconde de Pierrette (Fanny Ardent), ce qui donne trois segments. Ces deux entrées sont faites du même endroit, la porte d’entrée de la maison, c’est la seule issue qui donne sur l’extérieur mais nous nous rendons vite compte qu’elle n’est pas réellement utile, les personnages demeureront isolés. Cette porte d‘entrée peut être comparée à une coulisse par laquelle les personnages entre et sortent, ainsi une dimension théâtrale est préservée, ce qui facilite la représentation du huis-clos.

Les deux entrées consécutives forment la structure principale de la séquence. Après la seconde entrée, celle de Pierrette, les huit femmes sont enfin au complet. Les trois segments ne sont pas égaux en temps et sont même de plus en plus longs, le suspense augmente et l’enjeu narratif est de plus en plus important. Le premier segment ne dure seulement que trente secondes, le deuxième une minute et vingt secondes tandis que le dernier, qui contient l’enjeu principal (la réunion des huit femmes et une nouvelle suspecte, Pierrette), dure trois minutes et quarante secondes environ. Le temps est ici le même que celui de la narration et c’est aussi le cas pour le film entier -hors-mis quelques courtes ellipses et flash back- qui se déroule sur doux heures environ (du réveil au soir).

Le son est important et permet de rythmer la séquence. Huit Femmes est aussi une comédie musicale, le film est rythmé par huit chansons que chaque femme chante l’une après l’autre. La séquence étudiée se situe entre deux chansons (celle d’Augustine (Isabelle Huppert) et celle de Pierrette) elle est donc encadrée musicalement. A partir d’une minute et trente secondes (juste avant l’entrée de Pierrette) la musique entre en scène, elle est asynchrone et va permettre de faire grandir le suspense : dans un premier temps pour l’arrivée de Pierrette puis, lorsque Pierrette questionne à propos de la mort de son frère personne ne lui répond, la musique le fait, puis elle monte ouvrir la porte de la chambre de Marcel qui est fermée à clé, la musique s’arrête alors brusquement et commence l’interrogatoire de Pierrette. La musique donne alors au personnage de Pierrette une particularité car c’est elle qui annonce son arrivée. Il y a de la musique sur les paroles de Pierrette mais pas sur celles des autres ou plutôt il y en a sur leur silence, quand elles ne répondent pas à la question posée par Pierrette.

Enfin le montage est aussi un moyen de rythmer la séquence, pendant le discours d’arrivée de Pierrette puis pendant son « interrogatoire » les plans rapprochés de Pierrette alternent avec les gros plans des autres personnages, ces gros plans concernent à chaque fois un couple de personnages.

La séquence est à l’image du film, le rythme est soutenu car l’histoire est pleine de rebondissements, textuels et visuels. La musique est un moyen d’intensifier le suspense et de mettre en relief un personnage. C'est ici que l'on relève la différence entre le théâtre et le cinéma, car même si le film reprend le système des entrées et des sorties qui appartient au théâtre, il possède en plus la possibilité d'ajouter du rythme grâce au son et à l'image, la manière dont elle est montée puis filmée.

Pour représenter le huis-clos cela sera identique, le cinéma peut conserver quelques ressorts du théâtre mais aussi en ajouter grâce à la technique.

Huit Femmes est un film du huis-clos c’est-à-dire qu’il appartient à un genre visuel et narratif dans lequel l’enfermement est un des principaux enjeux. Dans cette séquence différents moyens sont employés pour traduire l’enfermement. Le lieu principal de l’action est le hall d’une grande maison bourgeoise, cette pièce est dominée par la porte derrière laquelle se cache la scène du crime, la chambre de Marcel, en haut des escaliers.

L’enfermement est ici représenté de plusieurs manières, un élément supplémentaire qui les empêche de quitter la maison est annoncé par Gabi et Louise : les fils de la voiture ont été coupés. Puis lorsque Pierrette essaye d’ouvrir la porte de la chambre de Marcel qui est fermée à clés et qu’elle n’y arrive pas cela engendre un nouveau sentiment d’enfermement : celui d’être enfermé dehors. Les huit femmes sont donc coincées entre l’extérieur de la maison et à l'extérieur de la chambre, elles sont repliées sur elles même comme piégées.

La sensation d' enferment est repérable grâce à la théâtralité de la mise en scène, héritée de la pièce d'origine. Le théâtre étant le spectacle idéal pour représenter une intrigue du huis-clos, certains éléments ont été préservés. Le fait qu’il n’y est qu’un décors et qu’un costume par personnage fait visuellement penser à une pièce de théâtre. Cette linéarité se retrouve aussi dans le rythme du montage et dans les mouvements de caméra (alternance de plans fixes (rapprochés, gros plans ou plans moyens) et de travelings (avant, arrière ou aérien), les plans fixes sont plus nombreux proportionnellement. Le point de vue et la focalisation offrent également une dimension théâtrale au film et à la séquence. La focalisation est externe, élément du théâtre filmé puisqu’au théâtre le spectateur est rarement impliqué dans les pensées du personnage. Le point de vue de la caméra est plutôt constant le long du film, dans la séquence la caméra est toujours à la hauteur du personnage, et hors-mis les gros plans, les plans d’ensemble ou rapprochés donnent l’impressions au spectateur qu’il regarde une pièce de théâtre, c’est une scène de théâtre filmé.Visuellement deux plans importants retranscrivent l’enferment. Le premier (situé à la minute 29 et 15 secondes) alors que Gabi et Suzon (Virginie Ledoyen) vont pour sortir de la maison, le plan est précédé de la réplique de Gabi : « Cet isolement n’est plus tolérable». Les femmes sont vues du jardin, la caméra est placée derrière les barreaux de la porte qui ressemble à un grillage. Elles se regroupent ensemble apeurées car Suzon a aperçu quelqu’un, elles regardent vers le jardin en attendant l’arrivée de cette silhouette qui est en fait Pierrette. Ce plan est alors fortement symbolique de leur enfermement car elles sont vues à travers des barreaux, comme des barreaux de prison et terrorisées elles ne peuvent pas sortir pour vérifier qui arrivent, au lieu d’aller voir elles attendent, coincées derrière les barreaux de leur maison.

Le second plan important à relever dans la démonstration de l’enfermement visuel est le traveling avant sur la porte de la chambre de Marcel que Pierrette essaye d’ouvrir, ce qui est intéressant ici est que le point de vue est de la chambre, donc le deuxième « extérieur » pour les huit femmes qui sont enfermées dans le hall. 

Nous retrouvons dans ce cas les deux issues condamnées : la porte d’entrée donnant sur le jardin et la chambre de Marcel fermée à clé, ces deux points sont non seulement les causes de l’enfermement mais en plus un frein à l’enquête « policière », de ne pas pouvoir aller au village ou de ne pas pouvoir visiter la scène du crime sont des obstacles à la résolution du meurtre.

L'enfermement est donc subtilement représenté grâce au texte, à la mise en scène et surtout grâce aux différents plans qui donnent une sensation de repli des personnages les uns sur les autres.

Il est certes une contrainte pour l'investigation mais il permet une exacerbation des émotions et modifie les comportements, dans cette séquence il est moteur de regroupement et d'exclusion.

La première a en subir les conséquences est Pierrette, dernière arrivée elle est perçue comme un intrus et finira à la fin de la séquence comme le suspect numéro un. Ce phénomène d'exclusion permet aux sept autres personnages de se réunir en un groupe de plus en plus soudé au fil de la séquence. Pourtant dans la première partie de la séquence les accusations et suspicions fusent. Premièrement Augustine qui vient se réconcilier avec ses nièces commence par accuser sa soeur Gaby de dépenser tout l’argent de son mari à tort et à travers, puis ce sont Gaby et Louise qui se menacent entre elles, la tension monte, Gaby gifle sa fille Catherine (Ludivine Sagnier) et menace sa soeur. L'agressivité est à son comble lorsque Suzon aperçoit la silhouette dans le jardin, ce rebondissement déclencheur d'inquiétude va les faire se rapprocher,

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