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Internationalisation

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a recherche en économie internationale rétablissent l’équilibre, en laissant plus de place à l’analyse microéconomique de la mondialisation.

Deux théories et demi… plus une

Krugman avait ouvert un nouveau champ à la théorie du commerce international, avec l’introduction de la concurrence monopolistique, en s’inspirant des travaux de Dixit et Stiglitz (Krugman, 1979). Les échanges étaient fondés sur la demande de variété du consommateur, qui ne pouvait être satisfaite en autarcie en raison des rendements croissants dans la production de chaque variété, rendements croissants découlant eux-mêmes

1.  En effet, les exportations et importations, retranscrites dans les balances des paiements, ne concernent que les flux de biens et services qui traversent les frontières. Mais les entreprises peuvent aussi faire le choix de desservir les marchés étrangers en y implantant une filiale de production.

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de la présence de coûts fixes (2). Les différences de coûts comparés liées aux dotations factorielles ou à la technologie n’étaient dès lors plus nécessaires à l’apparition d’un commerce international, même si de telles différences restaient compatibles avec l’existence d’échanges croisés de produits similaires (Helpman et Krugman, 1985). Cette approche a constitué pendant longtemps l’épine dorsale des travaux d’économie internationale appliquée, comme dans le cas du modèle de gravité des échanges (3). Au cœur de cette nouvelle théorie des échanges, on trouve une firme représentative disposant d’un monopole sur la variété (unique) qu’elle produit, mais soumise à la concurrence des autres variétés (des autres firmes), en l’absence de barrières à l’entrée.

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Bien entendu, les approches en termes de comportements stratégiques n’étaient pas abandonnées pour autant, notamment sous l’influence de Brander qui a étudié le comportement d’oligopoles internationaux (Brander 1981, Brander et Krugman 1983). Mais ces éléments théoriques ne se prêtant pas aisément à une analyse en équilibre général, ils se sont développés « à l’ombre » de la concurrence monopolistique, sans jamais atteindre le même degré d’influence. Ceci fera dire à Krugman, selon une anecdote rapportée par Neary, que l’on disposait au final de deux théories et demi du commerce international : les deux théories entières étant la concurrence parfaite (et l’avantage comparatif) et la concurrence monopolistique, les analyses oligopolistiques du commerce international ne constituant qu’un ensemble très incomplet (Neary, 2009). Mais surtout, l’approche de Krugman ne saurait rendre compte de deux réalités empiriques largement documentées. D’une part, les échanges croisés de variétés au niveau international portent pour l’essentiel sur des variétés d’un même bien proposées à des prix différents (Fontagné, Freudenberg et Gaulier, 2006). Ce fait stylisé suggère une spécialisation des pays (ou des firmes) sur des niveaux de qualité différents, alors que chez Krugman la différenciation des produits est de nature horizontale. D’autre part, on observe une très forte hétérogénéité des firmes, en termes de productivité, de niveau de salaire moyen, de taille, etc. et seules les plus efficaces accèdent aux marchés internationaux (Mayer et Ottaviano, 2008). Parmi ces dernières, un dernier effet de sélection joue pour déterminer celles s’implantant à l’étranger (Fontagné et Toubal, 2010). Les travaux les plus récents en économie internationale s’emploient à repousser cette double frontière des connaissances : qualité et hétérogénéité. Pour ce numéro d’Économie et Statistique, nous avons choisi de traiter la seconde de ces dimensions. Le tournant de la littérature est ici, faut-il le rappeler, l’article de Melitz dans Econometrica (Melitz, 2003) suivi d’un second article intégrant le choc concurrentiel de l’ouverture (Melitz et Ottaviano, 2008). Dans ce deuxième article, les marges (i.e. la différence entre le prix proposé et le coût marginal de production) sont endogènes, dans la lignée d’Ottaviano et al. (2002). L’idée d’hétérogénéité des firmes en concurrence monopolistique peut se retrouver ailleurs (Chamberlin, 1933 ; Montagna, 1995 ; Jean, 2002), mais c’est avec la formulation simple et adaptable à différents problèmes proposée par Melitz que la page des modèles de commerce international à firme représentative est vraiment tournée. Ce

2.  Les modèles en concurrence monopolistique supposent qu’au sein d’un secteur donné, un grand nombre de firmes assurent la production. Chacune propose une « variété » spécifique du même bien, c’est-à-dire en somme qu’elles proposent leur propre marque. La  présence de rendements croissants assure que chaque producteur dispose d’un monopole sur la production de sa propre variété. De leur côté, les consommateurs perçoivent les différences entre ces variétés (elles sont donc imparfaitement substituables) et cherchent à diversifier leur consommation. L’ouverture commerciale permet aux consommateurs d’avoir accès à l’ensemble des variétés produites  à l’étranger. Cette demande pour les variétés étrangères donne lieux à des flux simultanés d’importation et d’exportations au sein de  chaque catégorie de produits. 3. Le modèle de gravité est très largement utilisé dans les analyses empiriques du commerce international. Il prédit que le volume des échanges bilatéraux s’accroit avec la taille économique des deux pays partenaires, et décroit avec la distance géographique et culturelle qui les sépare. Longtemps restées sans fondement théorique explicite, ces équations de gravité ont trouvé une justification explicite avec  les théories du commerce en concurrence monopolistique.

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travail a connu deux prolongations immédiates. La première concerne la sélection des firmes s’implantant à l’étranger (Helpman et al., 2004), et précise ainsi les comportements d’entreprises qui doivent faire le choix entre exporter et desservir directement le marché de destination via une filiale (Brainard, 1997), qui constituait depuis une décennie l’explication centrale des investissements directs horizontaux (par réplication des unités de production dans le pays de destination des ventes). La seconde extension concerne la macroéconomie et le cycle des affaires (Ghironi et Melitz, 2005). La littérature, notamment empirique, s’étant développée sur ces différents thèmes est littéralement pléthorique et il est exclu d’en donner dans cette introduction ne serait-ce qu’une brève revue. Le lecteur trouvera les principales références citées dans les articles du présent numéro. Les économistes français ont largement participé à cette littérature, grâce à la conjonction d’excellentes données à leur disposition et d’une certaine tradition de l’économie internationale appliquée. Les données mobilisées justifiaient qu’un numéro d’Économie et Statistique rende compte de ces travaux : Enquête annuelle d’entreprise, Enquête sur les liaisons financières entre sociétés (LIFI), données individuelles douanières, etc.. C’est donc la qualité du système statistique français d’observation des entreprises, comme la possibilité d’apparier les données, qui a permis de mener à bien ces travaux. Au passage saluons les travaux du Comité du secret statistique du Cnis, soumis à l’examen de multiples demandes émanant du monde académique. Comme l’illustre ce numéro, cette nouvelle approche en économie internationale donne l’occasion d’apporter un éclairage nouveau non seulement à des questions de théorie économique, mais aussi à des questions de politique économique : effets de la libéralisation commerciale, concurrence Nord-Sud, intégration européenne, contraintes financières, fractionnement des chaînes de valeur, échanges de services, investissement direct étranger.

L’impact de la libéralisation commerciale

Sitôt que l’on prend en considération le fait que toutes les entreprises n’ont pas les mêmes cartes en main pour profiter de l’ouverture commerciale et y faire face, les conséquences de la mondialisation n’ont rien de trivial. D’un côté, l’abaissement des barrières aux échanges, quelle que soit leur nature, doit permettre un essor des exportations nationales, soit par l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices soit par l’accroissement des ventes de chaque exportateur en place. D’un autre côté, l’ouverture des marchés à la concurrence internationale impose à chacun de réagir. Ines Buono et Guy Lalanne se penchent sur la première question en étudiant en détail la réaction des exportateurs français aux abaissements de droits de douanes qui ont résulté de la clôture du cycle de négociation du GATT dans les années 1990. L’objectif est de mesurer l’impact de cette libéralisation sur le nombre d’exportateurs (on parle de marge extensive du commerce) et sur les volumes exportés par chaque entreprise (la marge intensive).

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