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La Culture

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siècles au passage à l'acte des pulsions les plus destructrices, c'est la croyance en un enfer et un paradis récompensant chacun en proportion de son obéissance aux tables de la Loi que Dieu a donné aux hommes. L'athéisme contemporain serait ainsi étroitement lié au nihilisme de l'époque ce que résumait ce personnage d'un roman de Dostoïevski: "si Dieu n'existe pas alors tout est permis." (Les Frères Karamazov, XI - VI). Autrement dit, si le monde est absurde moralement dès lors qu'il n'est plus l'œuvre d'un dieu bon, toute exigence morale perd son sens. L'important dans tout cela n'est pas tant de savoir si Dieu existe ou non; c'est de faire en sorte que les hommes croient en Dieu. c'est en ce sens que Platon parlait déjà d'un "noble mensonge". La grande masse du peuple est trop bornée et stupide pour s'élever au niveau d'argumentation qui permettrait de fonder rationnellement l'autorité des lois; d'où le recourt à des mythes auquel le législateur lui même ne croit pas mais qui sont nécessaires pour fonder l'autorité des lois aux yeux de la grande masse du peuple. Le mythe du jugement des morts que Platon fait intervenir à la fin du Gorgias est à comprendre en ce sens.Le sage qui invente le mythe du jugement des morts n'a lui-même pas besoin d'y croire pour être respectueux des lois car il a compris que l'injustice, indépendamment de tout châtiment, est une mauvaise chose. Mais la grande masse du peuple est trop bornée et intempérante pour le comprendre; il lui faut une fiction pour être conduite à respecter les lois.

Néanmoins, cet avantage qu'il y aurait à fonder l'autorité des lois sur la religion comporte, en contrepartie, deux inconvénients majeurs qui l'annulent. c'est le sens de la suite du texte.

b) Faire dépendre l'obéissance aux lois de la croyance en Dieu. (l.4-8)

Comme ne manque pas de le souligner le texte, il y a là un "risque" et un "danger": nous rendons, en procédant ainsi, l'obéissance aux lois entièrement dépendante d'une croyance. Si cette croyance en vient à s'effondrer, comme c'est le cas aujourd'hui dans le monde occidental, les lois perdent toute assise. Si les hommes ne se pliaient aux grands interdits de la culture comme l'interdit du meurtre que par crainte de devoir affronter la justice divine et les tourments de l'enfer qu'elle promet, que pourraient encore valoir ces interdits dès lors que la croyance en un enfer ou un paradis est détruite? Fonder l'autorité des lois sur une illusion nécessaire, comme c'est le cas dans la gouvernance platonicienne, c'est s'exposer au danger que tôt ou tard l'illusion soit dévoilée et ne puisse plus jouer le rôle qui lui est dévolu. Autrement dit, l'illusion fonctionne tant que l'activité instituante de la société est occultée= le fait, qu'en réalité, les lois culturelles sont toujours les lois qu'une société se donne à elle-même. C'est cette occultation qui est le trait essentiel de ce que Castoriadis appelait les sociétés hétéronomes= société dont les lois ne sont pas considérées comme étant l'œuvre de cette société.

Il y a ici quelque chose d'énigmatique qui mérite d'être remarqué. Par quels mécanismes une société peut en venir à ignorer que ses institutions constituent son œuvre propre? Marx, à sa façon, avait tenté de penser la chose avec le concept d'aliénation.

Aliénation= processus par lequel quelque chose qui est mon œuvre propre m'apparaît finalement comme étranger et me domine.

c)La contamination du caractère sacré des interdits majeurs aux interdits mineurs (l. 9 à 16)

Cet argument a été compris et expliqué de façon beaucoup trop approximative.

Expliquer L'argument suppose de faire plusieurs choses.

D'abord de poser et d'expliquer le sens de la distinction que fait le texte entre deux types d'interdits: les interdits majeurs/mineurs.

Interdit majeur= portée universelle= les grands interdits qui se retrouvent dans toutes les civilisations. Ils sont peu nombreux. L'interdit du meurtre ("tu ne tueras point") que le texte prend comme référence (l.1)/ l'interdit de l'inceste=interdiction de nouer des relations sexuels avec les membres de sa famille.

Les interdits mineurs constituent donc l'écrasante majorité des lois qu'une société se donne. Ils se distinguent foncièrement des précédents par leur relativité= ce qui est interdit dans telle société est autorisé dans telle autre; exemples: manger du porc est autorisé par loi chrétienne/interdit par la loi islamique.Ce qui est interdit dans une même société variera suivant les époques

Ensuite, montrer que seuls les interdits majeurs de la culture sont capables de revêtir la charge de sacré que leur fait porter leur origine divine. Le caractère universel de l'interdit du meurtre peut facilement laissé croire qu'il est l'œuvre d'une puissance supérieure qui s'impose également à tous les hommes. Au contraire, les interdits mineurs de par leur relativité aussi bien dans l'espace que dans le temps laissent apercevoir trop facilement leur origine purement humaine.

Enfin, montrer le problème qui se pose dès lors que par un effet de contamination, le caractère sacré des interdits fondamentaux de la culture va se transmettre aux interdits mineurs qui sont incapables de prendre sur eux ce caractère. Ces différents types d'interdits vont avoir tendance à se dévaloriser mutuellement; le caractère" trop humain" des interdits mineurs va déteindre sur les interdits fondamentaux ce qui risque d'éveiller le soupçon, à leur endroit, de leur origine purement humaine.

Transition: en dépit de tout ce que pourrait faire valoir un point de vue platonicien sur la question, il semble donc bien que nous avons tout intérêt à appeler de nos voeux une société qui soit lucide sur l'origine de ses lois et institutions, c'est-à-dire, une société qui reconnaît qu'elles sont sont oeuvre propre.

2) Que gagnons-nous à admettre l'origine purement humaine des interdits de la culture? C'est l'objet de la seconde partie du texte.

a) Nous enlevons aux lois leur "rigidité" et leur "immutabilité".

Quand nous croyons en l'origine divine des lois, il est tout simplement impensable de chercher à les mettre en question pour les amender ou les transformer. Comme le notait Castoriadis, dans une société religieuse, la question fondamentale au cœur de l'activité politique: "la loi est-elle juste?" est, psychiquement, inconcevable. S'opposer ou même discuter la loi reviendrait à mettre en question/discuter Dieu lui-même. Ainsi, les lois se transmettent par l'héritage d'une tradition qui n'est jamais remise en question et l'ordre social tend à être profondément conservateur.

La loi ici ne saurait être discutée= rigidité de la loi= c'est comme cela car Dieu l'a décrété ainsi.

Elle saurait encore moins être modifiée=immutabilité de la loi= qui oserait modifier ce que Dieu a décrété?

Au contraire, par la reconnaissance de l'origine purement humaine du nomos, nous accédons à la conscience que ce que les hommes ont fait d'autres hommes peuvent le discuter et, éventuellement, l'amender pour l'améliorer.

b)Nous conférons aux lois un caractère "amical" en contrepartie

Développer ici le sens de l'opposition que fait le texte entre:

-reconnaissance de l'origine purement humaine des lois entraîne un "rapport amical aux lois":on cherchera à modifier les lois/croyance en l'origine divine des lois entraîne le sentiment qu'elles nous dominent:réaction qui cherchera à les abolir.

-Reconnaissance de l'origine purement humaine des lois = reconnaissance du fait que les lois sont au service des hommes: si les hommes instituent des lois, c'est donc d'abord pour garantir à chacun des droits= droit de vivre en paix, d'être protégé par la puissance publique contre la violence d'autrui etc.Les lois n'apparaissent plus alors comme des puissances supérieures qui nous dominent. Dans le cadre des croyances en l'origine divine des lois, les lois, définissent d'abord des devoirs. Au contraire, reconnaître l'origine purement humaine des lois, c'est apercevoir que la liberté et les lois ne se contredisent pas, bien au contraire; elles sont l'expression de notre liberté comme Rousseau l'entendait déjà:"l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté"soit, précisément, la définition de l' AUTONOMIE.

(Bon nombre de copies ont fait ressortir la notion d'autonomie; c'est très bien car c'est effectivement l'outil conceptuel important pour expliquer en profondeur ce texte. Malheureusement, l'introduction de cette notion ne donne lieu à aucune travail de conceptualisation qui permettrait d'en approfondir le sens. Voici comment on pouvait la conceptualiser).

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