La Mal Du Xxème Siècle

quence, plutôt que d’attendre la preuve du contraire. Prendre nos responsabilités, c’est tirer les conséquences de ce que l’on sait. Par exemple sur le réchauffement climatique… Par exemple sur les conséquences écologiques ingérables d’un développement de la Chine, de l’Inde et du Brésil. « Développement durable », une contradiction entre les termes, pense-t-il : arrêtons de nous goberger de cette expression, et de chercher à tout prix à le favoriser, car nous courons à notre perte.

Le grand paradoxe de la prévision des catastrophes, c’est que le seul moyen de prouver qu’on avait raison est de les laisser se produire… Et si on arrive à les empêcher, il se trouvera toujours des détracteurs pour clamer qu’il n’y avait de toute manière aucun danger. L’autre immense difficulté est liée à l’orgueil de l’homme et ses rêves de maîtrise, visibles dans les conclusions habituelles au débat qui entoure le principe de précaution : pour trouver des solutions, il faut toujours plus de recherche, qui devra être encadrée par l’éthique. Mais ne devrait-on pas purement et simplement tirer une ligne blanche à ne pas dépasser ?

Sa thèse est que nous devons faire entrer en ligne de compte ce que nous savons de l’avenir, et il cite le chant X de l’Enfer, dans la Divine Comédie de Dante.

« Ainsi, tu peux comprendre que pour nous mourra toute connaissance, de ce moment où sera fermée la porte de l'avenir »

« Nous avons besoin de l’avenir, ajoute-t-il, car c’est lui qui donne sens à tout ce que nous faisons. »

En somme il recommande une autre perception du temps, où l’avenir reviendrait boucler vers le présent.

Evidemment, c’est une étrange recommandation, en apparence. Mais en même temps, j’y vois le conseil d’une prise de distance, d’accepter les diagnostics des experts comme si effectivement le mur contre lequel ils nous voient nous écraser était bien là, derrière le virage. L’idée serait même d’aller s’asseoir sur le mur et de manœuvrer afin de changer la trajectoire afin de l’éviter. Accepter comme des points d’appui réels les probabilités de l’avenir, plutôt que de continuer notre éperdue fuite en avant…