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Le théâtre exprime t-il le réel?

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alcoolisme, au milieu social. Le décor et les attitudes des acteurs devaient être une reproduction fidèle de la réalité : plus de tirades face au public, plus de mots d'auteur, mais une langue puisée aux sources populaires accompagné d’un jeu sobre. Ces principes, qu'André Antoine, considéré comme l’inventeur de la mise en scène moderne en France, essaya de mettre en vigueur grâce à son Théâtre libre eurent pour effet de renouveler le répertoire.

Une autre forme de théâtre proche du réel est le théâtre dit engagé, dans lequel on ne doit pas chercher à idéaliser le réel ou à en donner une image épurée. Le théâtre s’enracine dans la réalité. Afin d’illustrer cette idée, nous pouvons nous rapporter à Beaumarchais, célèbre par sa dénonciation des privilèges archaïques de la noblesse, comme l’un des signes avant-coureurs de la Révolution française, comme dans Nostradamus, pièce écrite en 1781, 8 ans avant la prise de la Bastille, Beaumarchais établit une réflexion sur le système politique qui lui est contemporain. Dans le Mariage de Figaro, met en scène un personnage, Figaro, qui reste un valet, mais qui n’incarne plus le « valet de comédie » du genre commedia del arte, devenant un être à part entière, possédant une vie, avec l’envie de se marier, comme tout le monde. Il acquiert ici une dimension humaine qui rompt avec la tradition classique du valet de comédie: son épaisseur psychologique et son existence mouvementée en font à la fois un personnage complexe, un homme des Lumières et un porte-parole de Beaumarchais. A travers le monologue de Figaro, ce dernier critique l’injustice sociale, qui, selon lui, repose uniquement sur le critère du hasard de la naissance. Les personnages de théâtre se retrouvent aussi dans la vie et le théâtre s’inscrit alors dans quelque chose de vrai, tiré de la vie réelle elle-même, comme l’affirme Victor Hugo.

Dans la Préface de Cromwell, Victor Hugo définit ce qu’est le drame romantique. D’après lui, Le drame doit illustrer l'idée chrétienne de l'homme composé de deux êtres, l'un périssable, charnel, l'autre immortel, éthéré. Il définit l’âge du drame comme le spiritualisme chrétien posant le corps et l'âme et la terre au ciel. L'homme sent alors le combat qui se livre en lui. En ce qui concerne le mélange des genres, Hugo affirme que le drame doit mêler le grotesque au sublime. Le drame romantique refuse le classicisme, car il est invraisemblable, donc peu crédible. On doit donc refuser des unités, car en effet, la règle des trois unités éloigne théâtre et réel. Une vie ou quelque années de peuvent être réduites à 24h, et ne peut en aucun cas avoir lieu dans un seul et même lieu. L’écrivain explique que les unités de temps et de lieu sont contraires à la vraisemblance, et que seule l'unité d'action doit être maintenue. Aussi, le décor doit donner l'impression de la vie. Ainsi, la couleur historique et géographique doit imprégner le fonds du drame.

Les conditions matérielles de représentation, comme le plateau, les décors, décrits de façon précise et réaliste dans Ruy Blas par les très longues didascalies au début de chaque acte, ou encore les accessoires, l’incarnation des personnages par les acteurs, comme par exemple, au cinéma, des acteurs sont devenus des symboles d’un personnage, comme Gérard Depardieu pour Cyrano de Bergerac, créent une illusion, et amène ainsi le spectateur dans une impression de réel.

II/ Non, le théâtre reste un art artificiel qui cultive l’invraisemblable

A vue d’œil, celui-ci peut paraître comme une fausseté de la vie, un montage artificiel. En effet, que ce soit l’espace, le temps, le langage ou encore l’action, rien n’est en lien avec la réalité. La forme du théâtre s’oppose à la réalité : c’est un art artificiel qui cultive l’invraisemblable.

Nous ne pouvons pas affirmer que la reprise de mythes, tels Antigone de Jean Anouilh soit synonyme de réel. Le spectateur est transporté dans une autre époque, et peut avoir certaines difficultés à s’inscrire dans une réalité qui n’est pas la sienne.

La question du temps pose quelques problèmes. En effet, la durée représentée coïncide rarement avec la durée de la représentation. Evoquant le théâtre baroque espagnol, Boileau se moque : « Là, souvent le héros d’un spectacle grossier/ Enfant au premier acte, est barbon au dernier. » Or l’idéal classique demande le respect des trois unités : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. » ; Soit une seule intrigue, se déroulant en 24 heures dans un seul et même lieu. Là, nous avons quelque chose de totalement irréel, car des actions les unes à la suite des autres, pouvant représenter plusieurs jours, semaines, mois ou encore des années ne peuvent êtes réduite à 24 heures.

La tragédie classique met en scène des personnages nobles et héroïques qui tentent de faire face à la fatalité d’un destin qui les conduit le plus souvent à la mort ou au malheur. Or, la vie quotidienne n’est pas constituée de héros ou de personnages nobles, et leur futur ne peut, dans la réalité, en aucun cas dépendre seulement de la fatalité de leur destin ! C’est de l’ordre quasi imaginaire.

Le langage dramatique manifeste également la spécificité de l’art dramatique, et qui éloigne encore celui-ci de la réalité. Au théâtre, le discours effectif de l’auteur n’apparaît que dans l’éventuelle préface et à travers les didascalies. Il en est de même pour le langage des personnages, lequel doit se tenir entre l’écrit et le dit. Qu’ils gardent de l’oral la spontanéité sans la médiocrité, et de l’écrit la beauté sans la rigidité, voilà là toute la difficulté. Le dramaturge doit donc trouver un compromis stylistique. De plus, pendant longtemps et encore de nos jours, les pièces de théâtre étaient écrites en vers, et qui éloigne ainsi davantage théâtre et réel.

L’action expose et tente de résoudre un conflit, s’éloigne elle aussi de la réalité. Au XVIIe siècle, Molière dote ses comédies, (l’Ecole des Femmes, le Malade Imaginaire…) de situations improbables, qui finissent toujours par s’améliorer, comme par magie. Dans la tradition classique, le théâtre est encore moins proche du réel, puisque l’action est mise en scène selon des règles strictes. Tout d’abord, l’exposition qui, comme l’indique son nom, expose le sujet de la pièce : elle doit être claire, rapide, complète, vivante et vraisemblable, cinq qualités difficilement rassemblées. Ensuite, le nœud définit l’intrigue, en général l’obstacle qui s’oppose aux désirs des héros, et suscitant la crise. Puis vient la ou les péripéties, c'est-à-dire ou les retournements de l’action. Dès lors, le dénouement est prêt, apportant une issue heureuse ou malheureuse aux espérances des personnages. La vie quotidienne, par exemple, n’est pas planifiée de manière aussi précise et stricte. Les faits de la vie ne sont pas divisés en parties écrites, répétées, et organisées. Nous pouvons remarquer que le Nouveau Théâtre a remis en cause radicalement ces traditions, et la pièce de Beckett, En attendant Godot , se prolonge, par un véritable tour de force, sans action aucune, dans l’espérance toujours déçue d’un évènement à venir.

Certains auteurs s’éloignent de plus en plus du réel en faisant recours à l’imaginaire. On observe l’apparition de spectres dans de nombreuses pièces de Shakespeare ou encore dans Don Juan, de Molière. Dans l’Illusion Comique, de Corneille, le dramaturge fait mettre en scène Alcandre, le personnage principal de cette pièce, qui est un magicien. Nous n’avons donc ici aucun élément tiré du réel.

III/ Exprimer le réel n’est pas le représenter : le théâtre exprime le réel.

Bien que le théâtre n’ait rien de véritablement réel, certains aspects, comme les thèmes universels, la mise en scène renouvelée, le symbolisme et les thématiques « cachées », permettent de nous faire dire que le théâtre exprime tout de même le réel, sans oublier qu’exprimer le réel n’équivaut pas à le représenter.

Le théâtre s’inspire de la réalité quotidienne. Il reprend des thèmes familiers ou courants. Nous analyserons ce point à travers l’exemple de Molière.

Molière a su représenter la société en l’interprétant à sa manière. Il est d’ailleurs à l’origine même de la comédie de caractères, visant à dénoncer les travers de la société. Elle met en scène des personnages ayant un défaut particulier et les dénonce, créant ainsi des personnages caricaturaux. Dans ce genre de comédie, un personnage est doté d'une manie, d'un caractère, d'une obsession qui l'oppose aux autres personnages, comme dans L’Avare, où Harpagon devient l’archétype de l’avarice, qui aime son or bien plus que n'importe quoi d'autres et ne tient pas à en profiter ni à le partager ; mais Molière parlent en fait du vice de l’avarice. Ici, Molière est en lien direct avec le monde réel, puisque ses pièces de théâtre trouvent leur fondement dans celui-ci, à travers ce que le dramaturge voit et vit. On peut conclure de l’exemple de l’Avare que le caractère de Molière est une caricature qui accentue les traits, que nous ne percevrions pas autrement, mais

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