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Les Dieux Du Silence

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a création du monde. C'est le silence qui doit précéder toute création.

Aleph, c'est le Un créateur, le Un dans son unicité et dans sa pluralité.

C'est le Je, dans le sens Ego, qui se multiplie à l'infini pour identifier toute l'humanité.

Aleph nous montre ainsi que le silence peut être à la fois la matière et l'outil divin pour la création. C'est le Verbe divin en quelque sorte.

Sans doute par respect et par crainte de ce silence, la plupart des autorités religieuses ont fait apparaître dans leur théogonie des déesses et des dieux du silence, toujours associés à des principes profonds de vie.

Chez les germains, VIDHAR (celui qui règne au loin) représentait le Dieu du silence et de la revanche.

Second dieu après THOR, il était fils d'ODIN et de la géante GRID (la violence).

VIDHAR demeurait très attaché à sa liberté, menant une vie calme et solitaire dans sa forêt d'Asgard, au milieu de fleurs et d'arbres immenses.

Lors du Ragnarök, ce qui correspond à la fin du monde qui fera s'abattre le célèbre frêne YGGDRASILL, VIDHAR vengera la mort de son père Odin en écartelant la mâchoire de Fenrir et en lui arrachant les entrailles.

On voit ainsi que pour les germains, le dieu du silence montrait l'obligation de vengeance, une obligation silencieuse, inaltérable, implacable, une raison de vivre et de mourir.

Le silence était tout aussi omniprésent dans la religion égyptienne.

Dans leur présentation de l'origine du monde, nous retrouvons nombreux de nos symboles.

Au commencement, il n'y avait que NOUN, l'océan primordial, qui créa la vie grâce à ses eaux. Il fit surgir la colline originelle, BENBEN, sur laquelle apparut ATOUM, le dieu Soleil, identifié à RÂ.

Atoum avec l'Unide, son ombre, créa CHOU, le souffle lumineux et TEFNOUT, l'air et l'humidité. La liaison de Chou et de Tefnout fit naître deux enfants GEB, la terre, et NOUT, le ciel.

Geb pondit ensuite un grand œuf d'où sortit l'oiseau BENOU (le Phénix).

Dès la première aube, l'oiseau s'envola au-dessus des eaux, battant silencieusement l'air de ses grandes ailes, traînant ses longues pattes derrière lui. L'oiseau atteignit une pyramide de rochers, qui émergeait à peine des flots.

Ouvrant son bec, il poussa un cri sauvage. Le son se répercuta à travers l'océan infini, brisant le silence éternel.

Alors que, pour la première fois, la lumière de l'aube pointait parmi les ténèbres, le monde fut soudain empli de la connaissance de ce qui devait et ne devait pas être.

Dans la théogonie égyptienne, dont notre connaissance augmente encore de jour en jour, on retrouve, MERETSEGER, déesse-cobra avec une tête de femme, dont le nom signifiait «celle qui aime le silence». C'était la protectrice des morts; elle favorisait même la renaissance des défunts.

Un petit sanctuaire lui était dédié près de la vallée des reines. Elle personnifiait aussi la cime en forme de pyramide qui surplombe la vallée des rois. Fille de MAÂT et déesse du silence, elle ne révélait ses secrets qu'aux justes voix.

De tempérament doux, voire rassurant, MERETSEGER comptait parmi les divinités préférées du peuple égyptien.

Ainsi cette déesse était associée à l'obligation de respecter les morts.

Rappelons que la plupart des égyptiens étaient enterrés avec tous leurs biens, ce qui pouvait créer quelques convoitises

Parlons maintenant d'ISIS, née de Nout, donc du silence de l'immensité du ciel étoilée.

Elle était représentée coiffée d'un siège, ressemblant à un escabeau à 3 marches, montrant ainsi sa filiation avec la déesse mère, déesse du fond des âges, vénérée dans le delta du Nil.

(Certains d’entre nous connaissent mon attachement à cette déesse-mère appelée souvent Cybèle.)

Nout (le ciel) et Geb (la terre) étaient amoureux l'un de l'autre; à la fois frère et sœur et à la fois amants. Nout étant tombée enceinte, Atoum lui interdit de donner naissance à ses enfants pendant aucun des 360 jours de l'année solaire. Voyant ses larmes, THOTH, le dieu de la Sagesse, la prit en pitié. Il alla voir la Lune, et engagea avec elle une partie de dés. Pour chaque partie gagnée, Thoth obtenait un peu de la lumière de la lune. C'est ainsi qu'il finit par amasser assez de lumière pour ajouter à l'année 5 jours supplémentaires, appelés les jours épagomènes. C'est pendant ces 5 jours que Nout donna naissance à ses enfants: OSIRIS; HORUS l'ancien, SET; ISIS et enfin NEPHTYS.

ISIS fut la sœur et l'épouse du dieu des morts, Osiris, tué par son frère Set, mais qu'elle a ressuscité, lui donnant ensuite un fils, HORUS.

Ainsi ISIS était associée chez les égyptiens à l'obligation qu'avaient les femmes de consacrer leur vie à la sauvegarde de leur famille: souffrir en silence et rester dans l'ombre.

A Rome, le monde des dieux du silence se présentait de manière beaucoup plus complexe et n'est pas non plus sans rappeler certains de nos symboles.

Trois divinités se partageaient ce domaine du silence:

ANGERONA, représentée avec un bâillon ou un doigt sur les lèvres, LARA, représentée la langue coupée et AIUS LOCUTIUS, dieu de la parole dépourvu d'organe phonatoire.

ANGERONA guérissait la douleur et la tristesse, et présidait aux passages difficiles, surtout celui du solstice d'hiver quand le soleil doit se frayer un passage étroit au milieu des ténèbres qui semblent devoir dominer.

Elle était la protectrice de Rome et la gardienne du nom sacré de la cité, qui ne devait pas être prononcé au risque d’être dévoilé à l'ennemi. La statue d'ANGERONA était placée dans le temple de VOLUPIA, déesse qui portait un des noms secrets de Rome, déesse qui assurait avec le plaisir correspondant, la satisfaction d'un besoin auquel on tient.

Le silence était signe de la concentration de la pensée et de la volonté, signe de l'effort du soleil qu'ANGERONA aidait pour vaincre les ténèbres par la force mystique et le dévouement, signe de la force mentale nécessaire pour garder un secret.

LARA, déesse des enfers, du silence et de la médisance, portait aussi d'autres noms, comme Muta et Tacita dont sont dérivés les mots « mutisme » ou « taciturne ».

Son nom originel était, selon Ovide, Lala, qui signifiait bavarde. C'était une naïade de l'Almo, ruisseau qui se jette dans le Tibre, au-dessous de Rome.

Jupiter convoitait la jeune et jolie Juturne, qui de son coté voulait conserver sa virginité. Pour lui échapper elle s'enfuit et se jeta dans le Tibre.

Jupiter demanda à toutes les naïades d'empêcher la nymphe de se cacher dans leurs rivières. Toutes acceptèrent, sauf LARA qui secourut Juturne en allant tout raconter à Junon, la femme de Jupiter.

Irrité, le maître dieu lui fit couper la langue, et ordonna à Mercure de la conduire aux Enfers. En chemin, Mercure la viola. Deux enfants naquirent de cette union forcée, qui du nom de leur mère, furent appelés Lares. On retrouvait des représentations de ces dieux du foyer dans toutes les maisons romaines afin d'honorer les ancêtres défunts.

LARA, appelée la déesse silencieuse, avait son temple à coté de celui de Volupia.

On offrait à LARA des sacrifices pour empêcher les médisances, joignant sa fête à celle des Morts. Avec sa langue coupée elle symbolisait la mort par son éternel silence.

Evoquons enfin un culte étrange concernant un dieu de la parole. En 390 avant JC, les gaulois de Brennus marchèrent sur Rome (tous les rugbymen connaissent Brennus pour son bouclier). On entendit alors une voix mystérieuse qui mettait en garde les Romains de l'invasion de la cité par des hordes barbares. Personne ne s'en soucia et les Gaulois occupèrent la ville, la pillèrent et l'incendièrent (c'est l'épisode des oies du Capitole); mais plus tard, une fois les Gaulois partis, on éleva un sanctuaire à ce dieu inconnu baptisé AIUS LOCUTIUS, dont la voix avait prévenu les Romains du danger qui les menaçait, là où la voix avait été entendue, à l'angle nord du Mont Palatin.

Ainsi au temple du dieu de la parole AIUS LOCUTIUS placé à la porte nord s'opposaient à Rome les temples dédiés aux déesses du silence, ANGERONA et LARA, placé à la porte sud.

Ce ternaire divin était destiné à protéger Rome par la Parole, le secret et le silence.

Ces trois divinités s'inscrivaient dans des systèmes d'oppositions complexes :

- parole des hommes / silence des femmes - parole sans corps / corps sans parole -

silence volontaire / mutilation irréversible.

L'adoration de ces dieux permettait aux romains de maitriser le silence pour mieux

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