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Littérature Et Société

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araître autrement en public. Souvent il parlait de chasse, et quelquefois quelque mot à quelqu'un. Point de toilette à portée de lui, on lui tenait seulement un miroir.

Dès qu'il était habillé, il allait prier Dieu à la ruelle de son lit, où tout ce qu'il y avait de clergé se mettait à genoux, les cardinaux sans carreaux; tous les laïques demeuraient debout, et le capitaine des gardes venait au balustre pendant la prière, d'où le roi passait dans son cabinet.

Il y trouvait ou y était suivi de tout ce qui avait cette entrée, qui était fort étendue par les charges qui l'avaient toutes. Il y donnait l'ordre à chacun pour la journée; ainsi on savait, à un demi-quart d'heure près, tout ce que le roi devait faire. Tout ce monde sortait ensuite. Il ne demeurait que les bâtards, MM. de Montchevreuil et d'O, comme ayant été leurs gouverneurs, Mansart, et après lui d'Antin, qui tous entraient, non par la chambre mais par les derrières, et les valets intérieurs. C'était là leur bon temps aux uns et aux autres, et celui de raisonner sur les plans des jardins et des bâtiments, et cela durait plus ou moins, selon que le roi avait affaire.

Toute la cour attendait cependant dans la galerie, le capitaine des gardes seul dans la chambre, assis à la porte du cabinet, qu'on avertissait quand le roi voulait aller à la messe, et qui alors entrait dans le cabinet.

Autre extrait peut-être mieux :

L´abbé Dubois était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d´esprit, qui était en plein ce qu´un mauvais français appelle un sacre, mais qui ne se peut guère exprimer autrement. Tous les vices combattaient en lui à qui en demeurerait le maître. Ils y faisaient un bruit et un combat continuel entre eux. L´avarice, la débauche, l´ambition étaient ses dieux; la perfidie, la flatterie, les servages, ses moyens; l´impiété parfaite, son repos; et l´opinion que la probité et l´honnêteté sont des chimères dont on se pare, et qui n´ont de réalité dans personne, son principe, en conséquence duquel tous moyens lui étaient bons. Il excellait en basses intrigues, il en vivait, il ne pouvait s´en passer, mais toujours avec un but où toutes ses démarches tendaient, avec une patience qui n´avait de terme que le succès, ou la démonstration réitérée de n´y pouvoir arriver, à moins que, cheminant ainsi dans la profondeur et les ténèbres, il ne vit jour à mieux en ouvrant un autre boyau. Il passait ainsi sa vie dans les sapes. Le mensonge le plus hardi lui était tourné en nature avec un air simple, droit, sincère, souvent honteux. Il aurait parlé avec grâce et facilité, si, dans le dessein de pénétrer les autres en parlant, la crainte de s´avancer plus qu´il ne voulait ne l´avait accoutumé à un bégayement factice qui le déparait, et qui, redoublé quand il fut arrivé à se mêler de choses importantes, devint insupportable, et quelquefois inintelligible. Sans ses contours et le peu de naturel qui perçait malgré ses soins, sa conversation aurait été aimable. Il avait de l´esprit, assez de lettres, d´histoire et de lecture, beaucoup de monde, force envie de plaire et de s´insinuer, mais tout cela gâté par une fumée de fausseté qui sortait malgré lui de tous ses pores et jusque de sa gaieté, qui attristait par là. Méchant d´ailleurs avec réflexion et par nature, et, par raisonnement, traître et ingrat, maître expert aux compositions des plus grandes noirceurs, effronté à faire peur étant pris sur le fait; désirant tout, enviant tout, et voulant toutes les dépouilles. On connut après, dès qu´il osa ne se plus contraindre, à quel point il était intéressé, débauché, inconséquent, ignorant en toute affaire, passionné toujours, emporté, blasphémateur et fou, et jusqu´à quel point il méprisa publiquement son maître et l´État, le monde sans exception et les affaires, pour les sacrifier à soi tous et toutes, à son crédit, à sa puissance, à son autorité absolue, à sa grandeur, à son avarice, à ses frayeurs, à ses vengeances. Tel fut le sage à qui Monsieur confia les moeurs de son fils unique à former, par le conseil de deux hommes qui ne les avaient pas meilleures, et qui en avaient bien fait leurs preuves.

Introduction :

Louis de Rouvroy, plus connu sous le nom de duc de Saint-Simon, est né à Paris le 16 janvier 1675 et meurt le 2 mars 1755. Il est un membre de la noblesse, membre du conseil de Régence, il est au sommet de l’Etat. Il est le fils de Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon et de sa seconde femme, Charlotte de L'Aubespine.

Il consacra une grande partie de sa vie à l’élaboration de ses Mémoires, œuvre considérable de plusieurs milliers de pages. Il commence à y travailler en 1694 et y travaille encore dans les dernières années de son existence. Des extraits en sont publiés dès 1781, mais la première édition sérieuse ne verra le jour qu’en 1829. Saint-Simon y présente en effet un tableau redoutable de la royauté et de la cour durant les années 1691-1723. Les illusions perdues, le regret du système féodal le rendent impitoyable envers la monarchie absolue de Louis XIV. Dans ses récits, ses descriptions, ses portraits, il n’a de cesse de dénoncer les erreurs du roi, de souligner les mesquineries, de déplorer l’abaissement de la noblesse, de protester contre la montée de la bourgeoisie.

J’ai ainsi choisi de faire l’analyse d’un extrait de ces Mémoires car celui-ci vise à décrire de manière très pointilleuse le cérémonial que devait observer le roi Louis XIV tout au long de la journée. Saint-Simon

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