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Module 5 As Com

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tant que future soignante.

DEVELOPPEMENT

Comme chaque jour après le déjeuner au rez de chaussée, nous raccompagnons les résidents dans leur chambre. Les valides s’y rendent seuls. D’autres, à mobilité réduite ou invalides, pour le plus souvent en fauteuil roulant, doivent emprunter l’ascenseur par groupe de quatre. L’équipe soignante les y accompagne jusque dans le couloir de leur étage. Deux aides-soignantes sont désignées par étage pour les installer dans leur lit ou leur fauteuil, vérifier leur protection éventuelle, et faire si besoin une toilette uro-génitale.

Aujourd’hui, premier jour de la semaine, le repas vient de se terminer. Je suis avec une aide-soignante, Sophie (j’ai changé son prénom) et nous devons raccompagner les résidents au 2ème étage. Elle m’explique que nous avons à ramener 4 résidents au total, trois sont en G.I.R. 3 et Mme Rose en G.I.R. 5.

C’est sur ma relation avec cette dernière, que ma situation repose. Agée de 81ans, elle est arrivée dans cet établissement il y a six mois, car elle ne pouvait plus accomplir certains actes de la vie quotidienne. Elle mesure 1m60 pour 85 kilos, elle est blonde avec les cheveux courts, elle a le visage rond et lisse avec des traits sévères. Sa bouche est pincée. Auparavant elle habitait seule dans sa maison. Elle est veuve et sans enfant. Elle était chef d’entreprise. Seule dans une chambre peu décorée au bout du couloir du 2e étage, Madame Rose ne discutait pas beaucoup avec les autres résidents, et préférait remonter aussitôt les repas terminés.

Sophie me précise à son sujet qu’elle a une forte personnalité, autoritaire, souvent antipathique, très orientée sur la critique et la remise en question des compétences du personnel soignant. Cela avait valu à Sophie une convocation chez le directeur de l’établissement, et depuis aucune communication n’existait entre elles. Madame Rose tient à être systématiquement la première résidente dans sa chambre après les repas, mais le personnel soignant ne l’entend pas de cette oreille et ne l’y conduit qu’en dernier.

Une fois sortis de l’ascenseur, nous les laissons dans le couloir et commençons à les raccompagner un à un dans leur chambre. Sophie reste avec moi pour raccompagner deux des quatre résidents que je n’aurai pu lever seule. Pendant qu’elle m’explique dans quel ordre nous les ramenons, Madame Rose m’interpelle en me disant qu’elle veut retourner dans sa chambre tout de suite, elle a l’air très décidée avec le regard noir. Ma collègue lève les yeux au ciel et me dit : « Allez on y va ». Je réponds à Madame Rose que nous devons d’abord ramener les personnes qui ont besoin que l’on soit deux pour les recoucher et que ça serait bientôt son tour. Elle réagit en marmonnant : « C’est toujours le même cirque ici ». Nous nous éloignons, Sophie me dit que c’est tous les jours comme ça et qu’il ne faut pas céder sinon elle trouverait toujours quelque chose à demander.

Au bout de 5 bonnes minutes nous revenons chercher le 2e résident, Madame Rose demande de nouveau si cette fois c’est son tour, ma collègue ne lui répond pas. Madame Rose insiste en haussant le ton de sa voix et en remuant sur son fauteuil. Toujours aucune réaction de Sophie. Je m’avance vers Madame Rose en lui disant qu’il n’y en a plus pour longtemps, qu’il faut attendre son tour, en essayant de prendre un ton détaché mais strict. Elle réagit vivement en me regardant droit dans les yeux et criant : « Je suis toujours la première devant l’ascenseur, la première dans le couloir et je suis toujours la dernière à être dans ma chambre, vous trouvez cela logique vous ? C’est n’importe quoi ! ». Je ne sais pas trop quoi lui répondre. Je regarde ma collègue avec un air interrogatif. Elle hausse les épaules, je réponds a Madame Rose : « Nous revenons dans pas longtemps » en évitant de la regarder car je ne sais quel comportement je dois adopter. Je reviens seule cette fois ci. Il ne reste que 2 personnes à ramener en chambre. Madame Rose me regarde avec un air défiant. Je peux sentir son agacement mais elle ne me parle pas. Je fais comme elle, je ne parle pas, et la laisse seule afin de raccompagner la 3e résidente.

Quand je reviens, j’essaie d’avoir un ton compréhensif et je lui dis : « Allez Madame Rose, c’est votre tour ». J’essaie de lui expliquer pourquoi les autres résidents passent avant elle. Elle me répond d’un ton très agressif : « Oui oui, ne vous fatiguez pas et dépêchez-vous de m’amener dans ma chambre, vous devriez changer de métier ». Surprise de ces propos, j’en reste bouche bée. Je ne lui réponds pas me rappelant la conversation avec Sophie. Je rentre dans la chambre de Madame Rose et je l’aide à se lever pour l’installer au toilette, je sens qu’elle rumine et que son animosité grandit. Elle se tient droite, me regarde fixement et avec un ton méprisant me dit : « Partez ! Vous en avez assez fait». Je commence à m’éloigner en lui rappelant qu’elle peut sonner si elle a besoin que je ne suis pas loin. Je sors de la chambre, ça sera la première et la dernière fois que je m’occupe de cette résidente, mon stage touchant bientôt à sa fin.

ANALYSE DE LA SITUATION

Ce dernier rapport avec Madame Rose fait émerger en moi des sentiments de découragement, d’impuissance et de frustration. Je n’ai en rien remédié au problème de la résidente. Bon nombre de questions me viennent en tête : La priorité de Mme rose est-elle légitime ? Est-elle compatible avec les priorités de l’équipe soignante ? Les confidences de ma collègue à l’égard de Madame Rose n’ont-elles pas influencés mon comportement ?

De toutes ces questions, la plus problématique d’entre elles demeure : Pourquoi la priorité de Madame Rose n’est-elle pas entendue ? Et comment me positionner en tant que future soignante ?

Il est probable que les antécédents de Madame Rose avec l’équipe soignante faisaient barrage à une bonne communication. Ainsi, chacun restaient sur ces positions. On peut même supposer qu’une relative rivalité soit née.

De mon côté, j’ai voulu essayer de prendre en charge Mme Rose. J’emploie l’expression « vouloir essayer » entre guillemets car je dois dire que je ne suis pas du tout satisfaite de cette situation et la résidente non plus vraisemblablement. Je n’avais encore pas étudié la communication. Néanmoins j’ai ressenti son message non verbal même s’il était confirmé par ses propos, elle n’avait pas besoin de parler. Son attitude était synonyme d’une quasi opposition. D’après P. Drucker, spécialiste du management et de la communication dans le monde de l’entreprise, « La chose la plus importante en communication c’est d’entendre ce qui n’est pas dit » (1). Dans mon cas, c’est bien cela qui m’a le plus interpellé, le non verbal négatif : son regard, son agitation, son expression de dépit. Une fois seule avec Mme Rose, j’essaie d’entrer en communication avec elle en adoptant un ton compréhensif. Cela ne fonctionne pas. Pire encore, ses propos me blessent.

Je suis tiraillée entre l’avis de ma collègue et l’envie de Mme Rose. Si au départ je n’ai pas cherché à comprendre cette résidente, par la suite, devant l’amertume de Mme Rose je me suis sentie très seule, remplie de remords (j’aurai pu, j’aurai du). Je n’avais en rien accompli ma fonction d’aide-soignante. J’ai ressenti chez Mme Rose « une insatisfaction provoquée par le sentiment de n’avoir pas pu réaliser son désir plus communément appelé frustration » (2).

Quelle aide-soignante je veux devenir ? Mon idéal professionnel, et je ferai tout pour atteindre cette objectif, est de m’occuper des patients comme j’aimerais que l’on s’occupe d’un membre de ma famille. Je souhaite garder une part d’humanité. Pour cela il me faudra être vigilante sur avoir soin (aller au devant des demandes), faire des soins (notion d’effectuer des soins) et prendre soin (reconnaitre ses propres limites, savoir en parler avec l’équipe et placer la personne soignée au centre du soin pour qu’il soit le plus individualisé possible).

Je ne savais pas comment réagir face à ma collègue, cette situation m’a embarrassé et surtout elle m’a touché dans mes valeurs. Je m’imagine extérieure à cette scène et je ressens un sentiment prononcé de culpabilité. J’aurai pu réagir par le toucher, une main sur son épaule, me mettre à sa hauteur pour lui parler. Et si j’avais fait le contraire, si j’avais ramené

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