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Yourcenar Le Lait De La Mort

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c un rôle essentiel, puisque sa voix relie deux mondes dissemblables et disjoints :

- l’Occident découvre l’Orient

- le lecteur du XX° siècle lit une légende archaïque

- un esprit rationnel entre dans le merveilleux

2) La mémoire et l’oubli

a) L’autorité du conteur

- Le conteur - personnage donné comme réel, et digne de foi - permet d’accréditer la légende :

Cette histoire merveilleuse a-t-elle eu lieu, réellement ?

- Comme un archéologue, il a cherché des traces, qui attesteraient la vérité des faits :

«J’avais besoin [...] d’inspecter s’il ne s’y trouve pas, comme on l’affirme, une traînée

blanche» (p. 46)

→ Jules Boutrin est animé d’une ferveur communicative.

Se détourne du présent, dont il se désintéresse

L’ingénieur s’attache à un récit ancestral, auquel il consacre tout son temps.

→ Entrer dans le passé suppose qu’on s’en instruise

Il y faut de la sympathie, de la curiosité, de la patience.

L’érudit passionné a écouté le récit des «vieilles femmes serbes»

⇒ Sa voix sert de relais entre un passé déjà presque effacé et un futur incertain :

- la tour a disparu

- les vieilles femmes vont bientôt mourir

⇒ Il est peut-être le dernier à porter cette légende sur les rives de la mémoire2.

b) Le conteur est donc le double ou le modèle d’un auteur

Il considère l’écriture comme un acte de fidélité.

Il faut écouter le passé et le faire retentir en soi, pour qu’il revive.

Écrire c’est se souvenir, laisser venir sur ses lèvres les paroles des trépassés.

Ce passé précieux, fragile, et qui va disparaître, l’écrivain doit le protéger, non pour

l’éternité, mais pour quelques siècles encore.

⇒ Malgré la perte, l’érosion, ou l’usure, l’écriture - par un pieux travail de recherche et

d’érudition - préserve de l’oubli.

c) Le conte est ainsi mis en perspective, commenté, interprété

Le récit n’est pas seulement donné pour lui-même

Il sert une réflexion sur le temps, la force des légendes et de la mémoire, seul recours

contre le néant.

⇒ La voix de l’ingénieur domine donc nettement le récit, il est tour à tour personnage,

conteur et personnage.

La légende

1) Le caractère mythique de ce récit

a) Un traditionnel «ils étaient trois frères»

Il signale d’abord qu’on entre dans un autre monde, immémorial et légendaire

b) Les personnages en outre ne reçoivent aucun nom propre

On ne sait rien de leur vie, de leur passé.

c) La triade et le chiffre d’or

L’histoire présente trois frères et leurs trois épouses

Comme dans tous les contes populaires, c’est le benjamin qui a le coeur pur,

c'est lui (ou elle) qui rencontre et surmonte les

épreuves, qui accomplit la quête.

2) La violence des tragédies antiques

a) La mort est véritable, et non symbolique

Le héros ne mime pas, ne feint pas la mort, par un long sommeil ou un évanouissement.

- Le récit a la violence des tragédies antiques

des textes religieux les plus archaïques

- Il se rattache aux plus anciens mythes de fondation, aux sacrifices imposés par les

rituels de construction.

Mais les paysans serbes, albanais ou bulgares (...) savent qu’un édifice s’effondre si

l’on n’a pas pris soin d’enfermer dans son soubassement un homme ou une femme,

dont le squelette soutiendra jusqu’au jour du Jugement Dernier cette pesante chair de

pierre.

→ La croyance populaire, qui vient du fond des âges, n’est ici ni jugée, ni mise à

distance, ni contestée : «les paysans savent...».

→ L’alliance monstrueuse des deux mots chair de pierre, qui semble légitimer le

sacrifice, souligne en réalité ce qu’il a d’effroyable.

⇒ La matière dure, froide, inerte, prend la place de la chair, chaude, tendre,

palpitante.

⇒ La pierre y dévore l’être humain.

b) Le caractère rituel et archaïque du récit

Est sans cesse rappelé par la musique de la phrase, par la cadence du récit

3) Choix du rythme ternaire comme principe d’écriture.

a) Le discours du frère aîné s’ouvre sur le rappel d’un lien sacré

Le trèfle à trois feuilles est indivisible.

L’union est scellée par le chant incantatoire :

«Frères par le sang, le lait et la baptême»

b) La violence des pillards turcs

Est trois fois rappelée :

«Ils violeront (...) ils brûleront (...) ils crucifieront».

c) L’invitation au sacrifice de l’aîné à ses frères

«Petits frères [...] mes petits frères [...] mes frères» (p.49)

et, en écho, les épouses écartent la menace de mort :

«Soeur, dit-elle, chère soeur» (p.51) «Soeur, chère soeur, dit la femme» (p.52)

La troisième fois la forme rituelle varie légèrement, car la plus jeune va être immolée.

«Femme de notre frère» (p.54)

d) L’adieu à la vie suit la même cadence ternaire

«Hélas ! mes petits pieds, dit-elle...Adieu, mes chers genoux....

Adieu, mes chères petites mains...» (p.54)

⇒ Ce rythme incantatoire protège le récit du réalisme

⇒ Malgré la présence de la mort nommée, palpable, le chant l’emporte sur l’atrocité

⇒ Le chant de la phrase module les derniers regrets, en une poignante litanie

...

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