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Économie Des Inégalités

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r (le capital physique, le capital humain), soit du revenu, soit de l’accès à certaines prestations (qu’elles soient allouées par le marché ou par le secteur public).

L’inégalité doit être distinguée de l’équité. L’équité mesure les différences de position ou de traitement des agents économiques placés face à un mécanisme d’allocation des ressources données (le marché ou l’État) dans une situation analogue. L’équité renvoie par conséquent à deux dimensions essentielles au coeur de la théorie économique :

i) la question du fonctionnement effectif des règles de la concurrence pure et parfaite et la question symétrique des distorsions de concurrence ;

ii) la question des transferts implicites de ressources.

Ainsi l’équité peut-elle être évaluée de façon verticale ou horizontale, mais également dans le temps (équité inter temporelle, équité intergénérationnelle). L’équité est totalement intégrée à l’analyse économique classique. À titre d’exemple, l’équité intergénérationnelle est un argument souvent utilisé contre l’endettement public. C’est au demeurant le ressort de l’effet néo-rocardien théorisé par Robert Barro (1976) : c’est pour rendre équitable la situation que les ménages compensent, sous l’hypothèse d’altruisme intergénérationnel, par un surcroît d’épargne privée, l’augmentation de la dette publique décidée par l’État.

L’équité est une notion procédurale (elle s’intéresse aux différences de traitement) alors que l’égalité est une notion substantielle (elle s’intéresse aux différences de dotation). L’une relève d’une conception commutative de la justice tandis que l’autre est référée à une conception distributive.

AMBIGUÏTÉ DE LA NOTION D’INÉGALITÉ

L’entrée tardive de la question des inégalités dans le champ de la science économique s’explique sans doute en partie par l’investissement politique de la notion. La théorie économique est, dans le cadre du modèle qu’elle retient, essentiellement positive : elle tente de décrire le monde tel qu’il est et non le monde tel qu’il serait souhaitable qu’il soit alors que la question des inégalités est par hypothèse très fortement normative (elle prescrit des actions afin de modifier l’existant).

L’analyse économique des inégalités part donc d’une mesure objective de celles-ci (voir point suivant infra). Or, l’histoire politique et économique révèle que cette mesure ne coïncide pas avec la perception subjective des inégalités par les acteurs sociaux. En effet, les inégalités dans le temps qui sont objectivement très importantes sont beaucoup moins sensibles d’un point de vue social et politique que les inégalités « instantanées » dans l’espace et surtout que les inégalités verticales (entre catégories sociales).

La sociologie a de plus mis en relief les ambiguïtés de la perception des inégalités. Leur perception n’est pas uniquement fonction de leur importance. Ainsi, le paradoxe de Tocqueville (dégagé dans L’Ancien Régime et la Révolution à propos de l’égalité et des libertés civiles), popularisé par Raymond Aron, souligne que la perception des inégalités verticales a tendance à s’aiguiser dans les périodes de prospérité.

Un exemple caractéristique de ses ambiguïtés est la notion de seuil de pauvreté. Très présentes dans le débat politique national et internationale, les données en la matière ne sont pas toujours interprétées avec la prudence nécessaire. Le seuil de pauvreté est une notion statistique conventionnelle définie en général comme la moitié du revenu médian. La définition statistique de la pauvreté est donc par essence relative et variable suivant le degré de richesse de chaque société. Ainsi un pauvre Américain contemporain dispose d’un niveau de vie infiniment plus élevé que celui d’un pauvre des années 1950 ou d’un membre de la classe moyenne d’un pays émergent.

1.2. La mesure des inégalités

Mesurer les inégalités revient à caractériser la distribution d’une série statistique de patrimoine (au sens large de dotation en capital physique ou humain) ou de revenu. La mesure des inégalités fait par conséquent intervenir l’ensemble des indicateurs de dispersion et de concentration d’une série.

Le profil d’une série statistique est défini par sa moyenne (arithmétique ou géométrique), sa médiane (la valeur qui sépare en deux parties égale la série), sa médiale (la valeur la plus fréquente) et son écart-type (la racine carrée du carré des écarts à la moyenne de chaque valeur. La série peut être représentée sous la forme d’un diagramme de Pareto, c’est-à-dire divisée en quantiles (c’est-à-dire des classes d’effectifs égaux, le plus souvent en quatre quartiles - chacun regroupant le quart de la population - cinq quintiles, dix déciles et cent centiles).

Le rapport entre les quantiles extrêmes fournit l’indicateur de concentration de la série le plus simple et l’un des plus utilisés. Selon l’importance de la population statistique de la série, sont utilisés le rapport inter décile (valeur moyenne du neuvième décile/ valeur moyenne du premier) ou inter centile (valeur moyenne du quatre-vingt-dixième décile / valeur moyenne du dixième).

Le coefficient de concentration est également un indicateur de concentration utile. Il s’obtient par le rapport entre l’écart type et la moyenne.

L’analyse de l’inégalité de la distribution d’une série statistique fait intervenir une représentation graphique particulière, la courbe de Lorenz, notée C (x,y). Cette courbe est construite par la représentation, en abscisses, des quantiles de la population x et en ordonnée de la valeur cumulée du patrimoine ou des revenus y (la première valeur représente ce que possède ou gagne le dixième de la population, la deuxième ce que possèdent ou gagnent les deux dixièmes ainsi de suite). Lorsque la distribution est parfaitement égalitaire, la courbe de Lorenz prend la forme d’une droite linéaire. L’inégalité de la distribution croît donc avec le degré de convexité de la courbe.

L’inégalité d’une distribution peut donc être mesurée par l’importance de la surface S. Celle-ci est comprise entre 0 (distribution parfaitement égalitaire) et 0,5 (la moitié de la surface du repère, l’individu du neuvième décile possède tout le revenu ou tout le patrimoine de la distribution). Cette surface correspond à l’indice de Theil qui mesure l’écart entre la distribution constatée et la distribution égalitaire (surface S sur le schéma qui précède). En posant, G(x) = 2 S, on peut exprimer cette surface sous la forme d’un indice. Cet indice est appelé indice de Gini. Il correspond à la formule suivante, avec x la variable de patrimoine ou de revenu et i le quantile : G (x) = 2/x . 1/n² Σ (ix – Σ xk).

L’indice d’équité partition de Hoover mesure la quantité de ressource qu’il faudrait transférer d’un individu à l’autre pour aboutir à une répartition parfaitement égalitaire. Il s’écrit, en notant f la proportion de la ressource totale détenue par un individu, et fm la proportion moyenne de la ressource totale détenu par un individu : Indice de Hoover = 1/2 . Σ (f i – f m).

Ainsi, un indice Hoover de 0,378 indique qu’il faudrait en moyenne redistribuer près de 38 % de la masse des revenus pour atteindre une distribution parfaitement égalitaire.

2. ÉVOLUTION DES INÉGALITÉS

2.1. Les inégalités de revenu

Les inégalités de revenu ont très fortement diminué dans le temps, sous l’effet des modifications des structures économiques (développement du salariat) et du développement des transferts et de la réglementation du travail (observé dans tous les pays de la OCDE).

Ainsi, en France, l’écart interdécile des revenus (D9/ D1), qui était encore de 4,2 en 1967 (soit la valeur la plus élevée de l’OCDE), est passé à 3,4 en 1970 à 2,9 en 1983 avant de remonter à 3,4 en 1995. Mesuré en niveau de vie par unité de consommation, les chiffres sont voisins. Ainsi, en 2001, les individus du premier décile disposaient de 550 € par mois et ceux du neuvième décile d’environ 1 950 €, soit un rapport de 1 à 3,4.

La dynamique égalitaire des années 1950 à 1980 a été théorisée dès 1955 par Simon Kuznets dans un article célèbre « Economic growth and economic equality », American Economic Review [1955]) qui a popularisé la courbe en U des inégalités.

L’évolution des inégalités tend selon Kuznets à prendre la forme d’un U inversé au fur et à mesure du développement économique. Pendant la phase de take off (dans la terminologie de Rostow), c’est-à-dire de constitution d’une économie de marché et d’un secteur industriel, les inégalités tendent à se creuser avant de très fortement se réduire en phase de maturité. Selon Kuznets, ce mouvement s’explique par les transferts intersectoriels de main d’oeuvre et le différentiel de productivité (donc de niveau de salaire) : le développement entraîne un transfert de main d’oeuvre du secteur agricole traditionnel vers un secteur moderne caractérisé par un niveau de productivité supérieur. Or l’inégalité entre les deux secteurs de l’économie est plus forte

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