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Cannibale De Montaigne

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même fait une démonstration de ce qu’ils appellent une dissection, ce qui correspond à ouvrir un corps pour découvrir l’intérieur. Cette expérience fut étonnante et enrichissante, je vais donc te l’expliquer dans les meilleurs détails.

C’était hier, dans cette ville magnifique de Paris. Mon accompagnateur et interprète m’explique notre excursion d’aujourd’hui, c’est la faculté de médecine. Ce lieu d’enseignement permet à des étudiants de comprendre et d’apprendre le corps humain. Nous y allons donc et rentrons dans un bâtiment immense, nous rentrons alors dans une salle de cours. C’est en fait un demi-cercle, avec une petite estrade au milieu du côté droit. Puis, des bancs sont ensuite disposés intelligemment en arc de cercle autour d’un seul homme qui parle, il explique son cours. Les étudiants l’écoutent attentivement. Mon interprète me présente cet homme sous le nom de François Rabelais, un grand médecin réputé dans ce pays. D’après les dires de mon interprète, il se serait déplacé jusqu’ici, depuis Montpellier - à deux jours de cheval -sur ordre du Roi, spécialement pour moi. Je fixe alors cet homme, qui parle avec une voix captivante. Tout d’un coup, une cloche retentit. Les élèves commencent à ranger leurs cours et me regardent d’un drôle d’air avant de sortir. Monte alors Docteur Rabelais, souriant et tendant la main ; la coutume pour dire bonjour ici étant de la serrer. Mon interprète m’explique alors sa proposition, participé à une dissection sur un corps humain. J’accepte avec joie, mais avec une certaine inquiétude quand j’apprends qu’il s’agit d’ouvrir le corps d’un homme mort pour le regarder dans ses plus sombres recoins.

Nous nous dirigeons alors vers une autre salle, bien plus petite que l’amphithéâtre. Il fait très froid ici, on m’explique que c’est pour garder le corps dans de bonnes conditions. Un nouvel homme nous rejoint. Il se présente sous le nom de Paul Thiegar. Il représente la faculté de théologie de la Sorbonne. Il contrôle qu’on ne brise aucun tabou et peut censurer n’importe quelle information reliée à la religion ou défiant celle-ci. Rabelais et cet homme semblent ne pas s’entendre, comme s’ils avaient des intérêts contraires. Je comprends Mr. Rabelais, la vérité ne devrait être cachée pour une simple histoire de religion. On nous fait alors revêtir une blouse blanche et un corps recouvert d’un simple drap fut amené sur une table. Je vis alors le théologien proclamer les yeux fermés une prière. Le drap fut alors enlevé, l’homme était d’une couleur blanche non habituelle, il était mort. On m’assura que je pouvais sortir si ça n’allait pas, mais je préférais rester. Rabelais demanda un scalpel et entreprit une incision en Y sur le torse. La vue du sang et de la peau décollée me fit avoir un haut-le-cœur, mais je voulais rester. Rabelais entreprit ensuite de trouver ce qu’il appelait des organes, ayant apparemment une fonction claire et définie dans le corps humain. Il me montra par la même occasion un cœur, m’expliquant les différentes voies de transport du sang, appelées veines ou artères. J’essayais d’assimiler du mieux possible ces innombrables connaissances du mieux que je pouvais pour pouvoir tout réexpliquer à mon retour, mais c’est tellement dur ! En très peu de temps, ces hommes m’apprennent et me montrent des choses inconnues, où toute chose, tout savoir a son importance. Tout est de qualité ici. Me vient alors une question, que mon interprète se charge de transmettre : « Avez-vous déjà eu l’idée d’écrire un livre sur l’anatomie, pour qu’il soit ainsi à la portée de tous ? » Ma question laissa un silence indescriptible. Le théologien prit enfin la parole : « Actuellement, nous préférons censurer de tels ouvrages, car la Sorbonne ne voit pas l’intérêt d’instruire tout un chacun à l’anatomie, aux parties les plus secrètes des fils de Dieu «. Rabelais ne l’entendait pas de cette oreille-là, il se mit à rétorquer que l’éducation devrait être accessible à tous. En effet, la masse de connaissances augmente de jour en jour, et l’Homme devrait faire de sa priorité le fait de savoir de quoi il est constitué et comment. De plus, l’Homme s’est toujours suffi à lui-même pour évoluer, pourquoi ne pas accepter ce changement révolutionnaire aujourd’hui ? Le théologien répondit alors que cette discussion avait maintes fois été abordée. De plus, ses ouvrages étant déjà assez provocateurs, sa situation ne le mettait pas en état de protester. Enfin, un étranger était ici présent, le minimum revenait à le respecter et à ne pas le mêler à ces problèmes. Vaincu, Rabelais reprit son scalpel et entreprit d’atteindre le cerveau. Mais, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à ces paroles que mon interprète m’avait traduite dans leur entière forme avec exactitude.

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