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Histoire Du Son Analyse Sur The Night Of The Hunter (La Nuit Du Chasseur ) De Charles Laughton

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te traditionnel tel qu'il pourrait paraître à une première lecture. Deux enfants, Pearl et John, dépositaires d'une fortune cachée, sont poursuivis par un faux prêcheur malfaisant, Harry Powell, qui en veut à leurs vies et à leur argent. On suit leur angoissante fuite devant cette homme, jusqu'à leur délivrance par une vielle dame bienfaisante, Rachel. Le monde du conte est donc présent grâce aux personnages comme les enfants, l'ogre et la fée salvatrice, mais aussi grâce à l'ambiance visuelle et sonore, comme le ciel étoilé, la présence d'animaux, ainsi que les comptines. Cependant, d'après Gérard Legrand, ce film « brave les « interprétations » ou plutôt les accepte toutes, comme le diamant (noir en l’occurrence) résorbe en lui les feux que d'autres gemmes dispensent [...]. C'est une histoire de croquemitaine, parabole anticapitaliste, prêche moralisateur résolument pervers [...], rêverie œdipienne (et contre-oedipienne)[3] ». Non, La nuit du chasseur n'est pas seulement un conte. Le père des enfants, commet un vol et des meurtres poussé par la crise économique de 1929, pour subvenir aux besoins de sa famille. En effet, cette épisode terrible de l'histoire du capitalisme américain, a poussé, comme on le voit tout au long du film, des enfants hors de leur foyer, guidés par la faim et la misère. On peut noter que cette fable anticapitaliste, alors que le sénateur McCarthy sévissait encore, a échappé à la censure. Ce film noir aux allures paradoxalement féeriques, mélange épouvante, intemporalité et merveilleux.[4] Notre choix s'est porté sur La nuit du chasseur, aux richesses inépuisables et parfois insoupçonnées, car son univers sonore, reflet du bien et du mal, nous distille à la fois l'angoisse et l'innocence du monde enfantin. De plus, c'est un film unique qui ne répond aux lois d'aucun genre, pas plus du point de vue narratif que technique. Nous avons choisi d'étudier une des scènes qui se situe à la fin de l’œuvre, celle où le personnage de la vielle dame interprété par Lillian Gish affronte dans une sorte de duel, le prêcheur assassin, interprété par Robert Mitchum. Cette scène est effectivement remarquable d'un point de vue sonore, car elle réunit à la fois l'ambiance effrayante de la nuit et sa symbolique, et souligne l'affrontement de ces deux caractères, et des natures antagonistes qu'ils incarnent . Pour cela Charles Laughton utilise le travail des voix, des bruitages, du fond sonores et des chants. Nous allons nous interroger plus particulièrement sur la façon dont le réalisateur exploite le son afin de mettre en évidence la relation et l'opposition du bien et mal. Dans un premier temps, nous exposerons le contexte du film, tout en insistant sur le son. Puis, nous étudierons le son du film en général, c'est à dire la musique, les dialogues, et les bruits dans l'ensemble du film. Enfin, nous tenterons d'analyser la séquence choisie, en nous plaçant tout particulièrement du point de vue sonore.

Dans cette première partie, nous allons tout d'abord présenter la fiche technique du film. Seul James Agee est crédité au générique comme scénariste, cependant le réalisateur Charles Laughton, l'auteur original Davis Grubb et les frères Sanders (qui dirigèrent la seconde équipe), ont collaboré à l'écriture du scénario. Le directeur de la photographie Stanley Cortez (qui a participé à la photographie de The Magnificent Ambersons d'Orsen Welles en 1942), a travaillé en particulier le noir et blanc dans un esprit néo-expressioniste souhaité par le réalisateur. Celui-ci, qui « admire particulièrement la lumière et le cadrage Griffithiens » [5] demandera expressément à Stanley Cortez de la restituer dans la dernière partie du film. La musique a été composé et dirigée par Walter Shumann. Cet admirateur de Bernard Hermann (fidèle compositeur d'Alfred Hitchcock)[6], est un compositeur américain qui participa à divers spectacles radiophoniques, et écrivit l'opéra John Brown's Body en 1953. Il est l'auteur du célèbre thème syncopé de la série télévisée Dragnet. La nuit du chasseur est son unique participation à l'écriture de musique de film[7]. Stanford Haughton dirigea le son. Il est surtout connu pour avoir participé au son de nombreuses séries tel Star-Trek et The Lone Wolf, et quelques film comme A Life at Stake (1954), Fangs of the Wild (1954), Escape to Burma (1955), et The First Traveling Saleslady (1956)[8]. Le montage a été réalisé par Robert Golden. Les décors sont à mettre au crédit de Al Spencer. L'interprétation: Harry Powell par Robert Mitchm, Willa Haper par Shelley Winters, Rachel Cooper par Lillian Gish, Birdie par James Gleason, Icey Spoon par Evelyn Varden, Walt Spoon par Don Beddoe, Ben Harper par Peter Graves, John par Billy Chaplin, Pearl par Sally Jane Bruce, Ruby par Gloria Castilo, Clary par Mary Ellen Clemons et Mary par Cheryl Callaway[9].

Le son a parfois été enregistré sur le plateau de tournage, puisqu'on entend quelques bruits net, et les voix correspondent aux distances sonores. Cependant, il y a un contraste avec les bruits enregistrés en post-production. En effet, les bruits de la nuit, comme les grillons, sont enregistrés après le tournage, et rajoutés au montage. Les chants sont également ajoutés en post-produtcion, car parfois, les mouvements de bouche ne correspondent pas aux paroles de la chanson, et les voix sont d'une clarté étonnante, par rapport au reste du film. De plus, on sait que lorsque Pearl chante sa comptine sur le fleuve, ce n'est pas sa vraie voix, elle est doublée par une femme plus âgée, imitant la clarté et l’innocence d'une voix enfantine.

La nuit du chasseur a été distribuée en 1955 par United Artists, et produit par Paul Gregory. La personnalité de Charles Laughton était à la fois un atout et un point d'interrogation. Grand acteur de théâtre et de cinéma, il a notamment joué dans Mutiny on the Bounty de Franck Lloyd en 1935 et The Paradine Case d'Alfred Hitchcock en 1947. Alors qu'il jouait dans The Man on the Eiffel Tower de Burgess Meredith en 1949, il réalisa une partie du film sans être crédité, cependant il n'avait encore jamais réalisé de film avant La Nuit du Chasseur[10]. C'est la raison, qui ajoutée à son caractère propre (indépendant et nerveux), qui fit hésiter la plupart des producteurs à accepter le projet. Cependant, La nuit du chasseur a été monté plus facilement grâce aux noms de Robert Mitchum qui avait un solide passé d'acteur (westerns, films noirs..etc...) ainsi que Stanley Cortez qui avait déjà collaboré avec de grands réalisateurs. En effet, le budget alloué au film fut de 695.000 dollars. Pour François Truffaut, ce « film réalisé au mépris des normes commerciales élémentaires, sera l'unique expérience de Charles Laughton, et c'est bien dommage »[11]. Malheureusement, ce film a été à sa sortie, un échec commercial total. Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon signalent « que les plus beaux [plans] furent d'ailleurs copieusement sifflés à la sortie par les spectateurs du Marbeuf[12] »[13]. Charles Laughton projetait de réaliser un script intitulé The Naked and the Dead . Le producteur et le directeur de la photographie devaient être les mêmes, et Spencer Tracy, Montgomery Clift et Burt Lancaster devaient y jouer. Mais l'échec financier de La Nuit du Chasseur marqua irrémédiablement l'abandon de ce projet, et ce fut Raoul Walsh qui s'empara du projet en 1958[14].

A cette époque, dans le pays où le film a été tourné, c'est à dire aux Etats-Unis, le son était déjà très élaboré. Effectivement, le son, est synchronisé depuis le milieu des années 1920' grâce à de nombreuses et diverses inventions, comme le vitaphone, le tri-ergon... L'enregistrement sonore se fait grâce à des micros, placés prêts des comédiens. L'ambiance sonore, ou même le doublage des acteurs, sont soit en prise directe, soit post-synchronisés. En effet, au montage, on peut rajouter des bandes sonores qui n'ont pas étés enregistré en même temps que l'image. Le son, selon le désir du réalisateur, du monteur et de l'opérateur son, peut être plus ou moins fort au rendu du montage. Charles Laughton, dans La nuit du chasseur, joue beaucoup sur le mélange des sons directs et des sons post-synchronisés, afin de rendre l'ambiance sonore plus terrifiante ou apaisante.

Dans cette deuxième partie, nous allons traiter du son en général dans La Nuit Du Chasseur. La musique, composée et dirigée par Walter Shumann a, comme toute musique de film, des fonctions dramatiques et esthétiques multiples. Elle permet de créer une ambiance qui correspond à la narration du film, soit en la soulignant, soit en la contredisant. Des thèmes immédiatement reconnaissables par le spectateur, peuvent incarner des personnages ou des situations[15]. Plus particulièrement, dans la réalisation de Charles Laughton, où deux mondes s'opposent, celui de l'enfance et de la perversion, la musique n'est pas une simple musique de fond, mais un élément essentiel de l’œuvre. Walter Shumann ainsi que le réalisateur, avaient demandé à l'auteur du livre Davis Grubb des indications quant à la musique qu'il imaginait sur son histoire. Nous en avons la preuve, grâce à une lettre, aujourd'hui conservée par le Museum of Modern Art de New York, que Davis Grubb avait envoyé à Charles Laughton en réponse à ses

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