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La Recherche De Vérité n'a-t-Elle De Sens Que Dans Le Domaine De La Connaissance Théorique ?

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comme un jugement de valeurs soutenu collectivement, parsème notre quotidien. Nous croyons juger, mais nous le faisons par rapport à nous et aux préjugés que nous avons incorporé. L’opinion est reconnue par exemple par Descartes pour maintenir l’individu dans la société, mais est à bannir des sciences, dans le sens où elle est parfaitement subjective, et ne peut par conséquent convenir à l’explication rationnelle. Pour appuyer ce propos, on peut citer Bachelard, qui affirmait que « l’opinion est un obstacle à la constitution de la science ». Il en est de même des sens, qui nous relient directement au réel. Pour reprendre Platon, par le biais de la métaphore de la caverne, nos sens nous trompent, et sont une entrave à la vérité. Contrairement aux sens, les idées approchent la vérité, selon le philosophe grec, et constituent pour lui le réel. L’affranchissement de notre approche sensible du monde validerait alors une certaine adéquation entre discours et réel. Ainsi, la raison permettrait de dépasser nos opinions et nos sens ; en quoi peut-on dire que cette raison, présente chez tous les hommes, est le sens, l’explication mêmes de quelque recherche de vérité dans le domaine de la connaissance théorique ?

La recherche de vérité a un sens dans le domaine de la connaissance théorique dans la mesure où cette dernière est havre et producteur de vérité rationnelle. Par la perpétuelle remise en question dans le domaine des sciences, illustré par le Cogito ergo sum de Descartes, la connaissance théorique semble progresser au fil du temps, des travaux scientifiques vers une vérité de plus en plus « pure » et inaliénable. La connaissance a priori que définit Kant comme un savoir élaboré sans le recours à l’expérience semble de fait produire des lois universelles et nécessaires, critère essentiel afin de vérifier la vérité d’un énoncé, que l’on éprouve à l’aide d’expérimentations corrélées à la théorie. Comme le dit Husserl, « l’intelligibilité est l’affaire de la théorie rigoureuse » ; on apparente la vérité à l’intelligibilité, c’est-à-dire à ce qui ne peut être connu que par l’entendement, et sous cet angle la recherche de vérité semble avoir un sens dans le domaine de la connaissance théorique.

Certes, sous l’angle des sciences, la recherche de vérité peut avoir un sens dans le domaine de la connaissance théorique. Seulement voilà. La connaissance théorique montre bien vite ses limites ; outre déjà le fait que la recherche de vérité scientifique puisse aussi avoir un sens dans des courants comme l’empirisme ou le pragmatisme, la recherche de vérité ne peut se réduire au caractère purement scientifique – on ne peut définir l’humanité par une formule mathématique. Ainsi, l’expérience ne prévaut-elle pas sur la théorie, plutôt que la théorie sur l’expérience ? Ne pouvant pas définir les hommes par une théorie, les hommes peuvent-ils s’accorder sur certaines vérités ? Ces questions remettent en cause le caractère exclusif du problème.

Porté par Locke puis par Hume, l’empirisme est une posture scientifique affirmant que toutes nos connaissances viennent de l’expérience. Cette définition peut s’appliquer à la science, où l’expérience se pose comme condition de la connaissance. De l’expérience émane la théorie, ce qui est à l’antipode de la connaissance théorique (où l’expérience vérifie la théorie). Cette posture ne permet pas toutefois la production de lois universelles, dans la mesure où le nombre d’expérimentations est fini, et admet subséquemment un risque même minime d’erreur (le cas particulier). Le pragmatisme redéfinit également la vérité dans la science, affirmant par le biais de William James notamment que « ce qui est vrai est ce qui me satisfait ». Si la formule inventée, peu importe sa nécessité absolue, est applicable dans le réel, alors elle est considérée comme vraie.

Par ailleurs, on peut dire que la raison seule est largement insuffisante afin d’expliquer les phénomènes de l’ordre de l’humain. Comme on a pu le mentionner, l’humanité ne peut se définir par une formule mathématique, et par conséquent, la posture empiriste semble la plus adéquate afin de dégager une certaine forme de vérité des fonctionnements de l’Homme. Par exemple, dans son ouvrage Le Suicide, Emile Durkheim, que l’on peut considérer comme le co-fondateur de la sociologie, traite les données qui alimentent son travail de manière empirique, et dégage malgré les cas particuliers, des axes de pensée, et des récurrences des phénomènes rédige ses conclusions – par exemple, il observe que la majorité des femmes qui se suicident ne se suicident pas le jeudi, le samedi et le dimanche, jours de garde des enfants. Le domaine des sciences sociales mène la vie dure aux théories, qui se font et se défont, s’appliquent et se font contredire par les faits ; la vérité n’est alors plus celle des mathématiques, implacable et démontrable, mais résultat de l’observation, de l’expérience, incertaine voire parfois interprétée, mais cohérente.

Kierkegaard, quant à lui, met en exergue dans sa réflexion le fait que la vérité est aussi résultat de sa propre expérience, de sa propre vie, en tant qu’humain. Il affirme effectivement que « nul ne sait la vérité plus qu’il n’en exprime de sa vie », et l’on peut modéliser cette pensée par le concept d’ «empirisme humain » : toute connaissance de la vie vient de sa propre expérience.

On a pu voir que la recherche de vérité pouvait avoir du sens à travers l’expérience et que la connaissance théorique n’était pas capable d’expliquer les phénomènes sociaux, et ne rendait pas compte de la multiplicité des vérités contenues dans les sujets. En outre, la connaissance théorique ne peut guère résoudre les problèmes d’ordre métaphysique que se pose l’Homme. En quoi la raison est-elle encore insuffisante afin d’expliquer les préoccupations de cet « animal métaphysique » décrit par Schopenhauer ?

Comme le dit Pascal dans ses Pensées, la raison ne peut démontrer l’existence de Dieu. La croyance est plutôt déterminée par un « pari » effectué dans notre intériorité que seuls nous-mêmes pouvons sonder. Cette vérité du cœur compense les lacunes de la connaissance théorique afin de justifier la croyance en Dieu ; pour Pascal, raison et croyance sont séparés d’un mur ne laissant place à la porosité, permettant à la science d’être rationnelle et à la croyance d’être raisonnable. Jean-Jacques Rousseau, quant à lui, développe l’idée de « vérité sensible » : l’homme prend conscience qu’il est gouverné – en même temps que les autres hommes et que le monde – par une « volonté puissante et sage » quand il le sent. Le sens est la condition du savoir, ce qui est au passage complètement à l’antipode de la démarche rationnelle, ici inadéquate.

On a pu voir que sous les angles humain et métaphysique, la recherche de vérité excédait largement le domaine de la connaissance théorique. Néanmoins, à la suite de ces explorations des différentes formes de vérité auxquelles l’Homme se conforme et se fond, on peut se poser la question suivante : la recherche de la vérité a-t-elle seulement un sens ?

Selon Nietzche, la seule vérité absolue qui subsiste est celle de Dieu – or « Dieu est mort », affirme-t-il. Subséquemment, on pourrait affirmer que tout, et même la science, est interprétation : on donne un sens au monde en fonction de son propre point de vue, de sa « perspective ». On peut ajouter que l’interprétation, pour le philosophe allemand, est vitale pour les hommes, sans quoi le réel serait un « non-sens » étant donné qu’aucun regard par définition subjectif ne se poserait sur lui pour lui donner un sens, une

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