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Le Monstre

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Par   •  19 Avril 2020  •  Dissertation  •  3 273 Mots (14 Pages)  •  2 771 Vues

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Intro

        C'est un fait universel, le monstre dans les sociétés est caractérisé comme repoussant et terrifiant, et nul homme ne peut rester stoique face à un corps gravement diforme. C'est un individu dont la morphologie est anormale, soit par excès ou défaut d'un organe, soit par position anormale des membres. Le monstre du latin monstrum, "attirer l'attention sur" peut ètre ainsi lié à une maladie. Ce monstre diforme est populaire à travers les traits de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Mais un individu peut également ètre caractérisé de monstre sur un plan moral: Personne qui suscite la crainte par sa cruauté, sa perversion. Quelles sont les catégories non habituelles que le monstre transgesse?La frontière entre le normal et l’anormal n’a cessé de se déplacer au cours des siècles. Certains pourraient se révéler plus humains que certains hommes, Serait-ce également en finir avec la monstruosité ?

Le monstre ne sucite que l'horreur et le dégout, toutefois derrière cette vision et cette peur, le monstre est un instrument permettant à l'homme de se civiliser, de vivre en cité, ètre un zoon politikon.

Doit-on pour autant admettre la possibilité de distinguer différents degrés au sein de la monstruosité ? Comment l'inversion du sujet permet de montrer que le monstrueux peut ètre plus humains, que l'homme?

Nous verrons donc la monstruosité physique est rejetée dans les sociétés et pose une problématique dans son intériorité. Totuefois avec le temps, cette monstruosité a-t-elle évolué avec des caractéristiques plus spirituelles? En effet, Le monstre moral, comme approche psychogénétique est controlé par l'éducation dont le controle n'est que partiel. Pour finir, Le monstre comme instrument de peur, fait perdurer la société dans le temps et par une inversion du sujet peut devenir moral tandis que l'homme se perverti.

I)Le monstruosité physique rejetée dans les sociétés, pose une problématique dans son intériorité (2m40)

        Le monstre est d'abord selon la doxa, de façon biologique un défaut au niveau de la conformité. Tout d'abord nous verrons la monstruosité directement visible, c’est-à-dire celle du corps. Canguilhem écrit dans La connaissance de la vie, que la difformité physique révèle ce qui se cache sous la couche superficielle de notre peau : « La mort c’est la menace permanente et inconditionnelle de décomposition de l’organisme, c’est la limitation par l’extérieur, la négation du vivant par le non-vivant. Mais la monstruosité c’est la menace accidentelle et conditionnelle d’inachèvement ou de distorsion dans la formation de la forme, c’est la limitation par l’intérieur, la négation du vivant par le non-viable. » Le monstre exhibe ce que nous cherchons habituellement à dissimuler et à réprimer.

        Le monstre ne peut pas ètre classé puisqu'il ne répond pas aux critères physiques du reste de la société. Au XIXesiècle, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et son fils Isidore théorisent la tératologie qui est la science des monstres, l'étude des causes et du développement des malformations congénitales.

        Le philosophe Wolff est une bonne introduction au questionnement sur les différences entre une forme vivante et le monstre considéré dans la société comme manqué. La Science des monstres [Wolff 1948] : «  Je proposerais avec encore plus de force qu’il n’y a pas en soi et a priori de différence ontologique entre une forme vivante et une forme manquée. Du reste peut-on parler de formes vivantes manquées ? Quel manque peut-on bien déceler chez un vivant, tant qu’on n’a pas fixé la nature de ses obligations de vivant ? », Ainsi il n'y aurait pas de différences au niveau de l'ètre, malgré le fait que durant des siècles, le monstre venait s'opposer à la vision d'un monde lisse, contenu, épuré. Pour comprendre l’émotion que sucite la perception de la monstruosité, il faut aborder le corps propre et vécu de l’intérieur, c’est-à-dire la « chair », véritable incarnation de la subjectivité humaine.

        Le philosophe Canguilhem en 1985, explique que ce monstre, qui est un ètre singulier, correspondant au bizarre et à l'étrange, est caractérisé comme un échec. D'un point de vue biologique le monstre est un obstacle, un problème, et cela vient du fait que la reproduction à longtemps été pensée comme une forme identique, conformément au fixisme aristotélicien (dont la conséquence est qu’il n’y a pas d’histoire des formes). Le monstre n'était donc pas conforme, il ne pouvait ètre qu'accidentel, et la solution trouvée à cette inadéquation est souvent la mort. En effet, dans la société une peur s'opère autour du monstre et la mort est un recours qui peut ètre utilisé, la mort est plus supportable que la déformation, elle met plus de distance entre soi et la monstruosité selon Ancet. Le monstre qui survit est menace interne au développement du vivant : nous aurions pu naître monstrueux ou donner naissance à un monstre [Canguilhem 1952, 171, ]par exemple en Allemagne Nazi, dans laquelle 300 000 handicapés sont tués dans l'opération T4, car ils ne répondent pas à la conformité signe de la race arryenne parfaite. Pour finir dans Frankenstein en 1818 de Mary SHeley, relate la création par un jeune savant suisse, Victor Frankenstein, d'un être vivant assemblé avec des parties de chairs mortes. Horrifié par l'aspect hideux de l'être auquel il a donné la vie, Frankenstein abandonne son "monstre", la preuve de cet ètre différent rejeté. L'incapacité à se réadapter transforme donc l'individu en monstre et le rend pathologique dans une société qui l'interprète comme l'instigateur du chao, qu'il faut marginaliser ou éradiquer puisqu'il transgresse les limites du corps. Le dernier exemple est le film Elephant man de D.Lynch sorti en 1980, ce film tourné en noir et blanc est une adaptation romancée des mémoires de Frederick Treves, le médecin qui prit en charge Joseph Merrick, surnommé « Elephant Man » (« l'homme-éléphant ») du fait de ses nombreuses difformités.

Pour finir, Emmanuel Lévinas a montré que le visage est une médiation vers autrui. Le visage permet de reconnaitre l'autre et de l'identifier, mais quand ce visage est gravement déformé selon Lévinas, la perception ne peut plus aller au-delà de la surface et de l’apparence. L'humanité est ainsi masquée, puisque le monstre n'est pas reconnu par autrui. L'effort de l'homme doit donc ètre d'accepter le fait que le monstre malgré ses caractéristiques physiques, lui ressemble.

 

Mais finalement, le monstre ne l'est pas que du point de vue biologique. En effet, selon Aristote, chaque individu possède des caractérisitiques qui sont contingentes dans son essence. Ces caraxtéristiques étant contingentes, chaques individus peut percevoir différement et un monstre, pourrait ne pas en ètre un aux yeux d'autres hommes, puisque ce monstre n'existe qu'à travers notre imaginaire. Le monstre peut il également posséder une autre dimension?

II) Le monstre moral, comme approche psychogénétique est controlé par l'éducation dont le controle n'est que partiel  (2m50)

        Parallèlement à ce premier cadre d’énonciation du monstre, dans le champ biologique, la monstruosité «morale» est également d'une importance fondamentale dans nos sociétés démocratiques. Dans ces sociétés le meurtre ou la haine des monstres physiques est banni et ces derniers sont défnis comme individus handicapés. Mais la monstruosité est toujours présente, sous l'aspect moral. L’apparence la plus banale, peut donc cacher un monstre capable de réaliser toutes les pires horreurs, comme un génocide à l'image d'Hitler ou de Staline. Pour Freud, ces individus aux comportements déviants, doivent ètre analysés avec une approche psychogénétique. Il s’agit de la résurgence de forces et de modes de pensée qui appartiennent à notre passé individuel, l'enfance. La conception freudienne des perversions illustre cette idée. Les Trois essais sur la théorie sexuelle définissent la perversion comme une fixation exclusive à un mode de satisfaction infantile, que le sujet ne parvient pas à dépasser. Cet avatar de la sexualité de l’enfant est le résultat d’une évolution perturbée des pulsions. Ceci s’applique en particulier au sadisme. Cette perversion aurait ses racines dans la cruauté de l’enfant. La composante agressive de la pulsion sexuelle se développerait parfois d’une manière excessive et deviendrait autonome, jusqu’à dominer complètement la libido de l’adulte.  L'enfance est donc un passage fondamental et l'éducation va transmettre,  les normes et valeurs transmises selon un idéal fuyant le monstre. L'enfant n'est pas dans la norme et par l'éducation il le devient. Les normes posent les limites, le monstrueux est lui inclassable et dans la religion catholique par exemple, DIeu créé le monstre qui est le contraire du divin, le monstre est excessif dans son comportement et n'a pas de retenue. L'education permet ainsi d'éviter l'anormalité, un aspect physique, ou un mode de pensée éloigné, qui sont caractérisiques du monstre s'attaquant souvent à une culture. L'homme est en hétéronomie puisque l'éducation est accompagné de lois dans les sociétés. Ce monde en hétéronomie, rélève une peur de l'autonomie, comme si le monstre pouvait resurgir de l'homme. Le «monstre» peut alors ètre le résultat d’une «mauvaise éducation» de l'enfant, ou alors selon Michel Foucault, 1997 : l'enfant nait sans forme, il est maléable et nait par conséquent en tant que monstre. L’éducation se conçoit comme ce qui doit informer de l’informe. Dans ses Réflexions sur l’éducation, Kant part ainsi de l’affirmation selon laquelle «l’homme est l’unique créature qui doive être éduquée».

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