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Le Réel

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n grec) servile de la réalité (La République, livre X). Pour montrer son habileté, l'artiste se plaît à imiter les aspects les plus sensibles de la réalité, c'est par ce moyen qu'il suscite l'admiration du public . Or pour Platon, les apparences du monde sensible représentent déjà une réalité amoindrie. L’œuvre d'art devient donc « la copie d'une copie ». Prenons l'exemple du lit ; Platon distingue ainsi trois lits : le lit idéal (l'Idée du lit), celui de l'artisan (qui est une copie du lit idéal) et celui de l'artiste (qui est une copie du lit de l'artisan). L’œuvre d'art représente en ce sens, un degré encore plus éloigné de la contemplation de la réalité. Quant à l'artiste, il est celui qui encourage les hommes à prendre plaisir aux apparences et à se détourner de la réalité. Tous les philosophes, par chance, ne se montrent pas aussi exigeants que Platon,même s'ils ne se privent pas de contester la valeur de la simple imitation.

C'est notamment ce que fait Hegel en considérant que cette imitation ne peut gère être qu'une « caricature de la vie » car elle est incapable d'en restituer tous les aspects.

Dans l'Esthétique, Hegel remarque que l'idée d'un art simple tel que « l'imitation de la nature » ne peut aboutir qu'à une impasse car même en réalisant la « copie » la plus parfaite de la réalité, l'artiste ne reste qu'un suiveur, pas un créateur. Ainsi, pour éprouver une vraie satisfaction, l'artiste doit créer quelque chose qui vient de lui même, de son propre esprit. L’œuvre d'art doit donner à voir la réalité après son passage par l'esprit, et donc d'ajouter une autre différence entre l’œuvre et le réel. Ainsi, le peintre de portraits se montre capable de saisir « l'expression » du visage, reflétant à elle seule la personnalité du modèle (qui n'était peut-être pas le même en vrai). Une telle opération suffit à modifier la conscience première du réel. De plus nous verrons que l'art peut rendre le réel « pittoresque ».

Toute image figurative résulte d'une sélection dans la réalité : elle cadre son motif et le donne à voir autrement au point que notre perception du réel peut ensuite être modifiée, modelée par ce que nous connaissons de l'art.

Qu'est-ce par exemple qu'un paysage « pittoresque » sinon qu'un paysage qui mériterait d'être peint ou qui semble présenter des qualités semblables à celles que l'on trouve dans un tableau de paysage ? Ce qui suppose que la peinture a informé le regard.

Mais les arts visuels ne sont pas les seuls à modifier notre rapport au réel : la danse nous apporte une perception différente du corps en mouvement, la musique nous invite à entendre différemment les bruits de la nature etc. Globalement, on peut affirmer que tout art dont les éléments entretiennent avec le réel une relation au moins analogique commence par modifier la perception que nous en avons.

Or, l'art ne nous détourne pas toujours du réel. En effet, nous verrons dans cette partie que l'art est complice de la nature, il est à son service et magnifie le réel.

Comme nous allons le démontrer, nous verrons que l'art, à travers sa représentation, ne nous détourne pas forcement du réel.

En effet, la représentation introduit une valeur inédite. Parce que la représentation n'est pas une simple copie, mais qu'elle résulte d'une élaboration, le réel qu'elle reproduit est transformé. Cela dit, il ne nous détourne pas forcement de la réalité,au contraire, car classiquement, il en résulte une beauté qui n'était pas perçu dans le réel à l'origine mais que l'on a pu interpréter, soit comme idéalisation de ce dernier, soit comme exhibant son arrière plan secret. La formule de Kant selon laquelle l'art « n'est pas la représentation d'un belle chose, il est la belle représentation d'une chose » souligne le fait que l'art, de mon point de vue,est au service de la nature car il en résulte que la conscience que nous avions du réel est elle même transfigurée : elle s'enrichit d'une version plus « intéressante » mais qui pourra être comprise alternativement comme exaltante ou déprimante selon que l'on admettra que l'art fuit la réalité, ou, qu'au contraire il en révèle des aspects inconnus.

Par exemple, la musique, la peinture, le cinéma ont permis d'attribuer des symboles à la nature que nous contemplons de nos jours grâce à l'art ; comme le couché ou le levé du soleil, le brouillard, la mer...Mais encore, il magnifie la nature dans le sens où nous prêtons attention à des objets, des lieux auxquels nous n'aurions jamais eu l'idée de contempler. Prenons par exemple les œuvres de Van Gogh Les souliers et La chaise, mais encore A la lumière de Georges de la Tour. Cela dit, l'art ne nous détourne pas de la réalité uniquement parce qu'il magnifie le réel ; c'est aussi un objet réel,

Comme nous allons le voir très bientôt, l'art peut être complice de la nature, de la réalité...

En effet, l'art peut être complice de la nature de part sa forme réel. De ce fait, on peut penser que l'artiste ne nous détourne pas de la réalité. Car l’œuvre d'art jette dans la nature son produit et ce dernier devient, comme n'importe quel produit, un objet. Un objet qui n'est pas seulement spirituel mais aussi un objet réel selon Hegel. On peut ajouter un autre argument dans cette partie ; la théorie de Bergson sur le paradoxe de l'artiste « distrait ». Dans ce sens, on voit l'artiste comme une personne à la fois détachée de la réalité et pourtant plus proche que n'importe qui des choses mêmes. Car en effet, l'artiste, selon Bergson à la capacité de saisir des aspects que nous ne percevons pas. Dans La Pensée et le Mouvement, l'auteur montre que l'artiste voit « les choses pour elles-mêmes » et non « pour lui » : il est capable d'une vraie « contemplation » des choses. Ainsi le spectateur peut admirer la nature autrement. On peut donc penser que l'art éduque notre jugement.

L'art éduque notre jugement dans le sens où il rend visible l'invisible tout en présentant le réel et en ouvrant l'esprit de chacun.

Comme nous l'avons plus ou moins vu auparavant, l'art rend visible l'invisible

Prenons l'exemple de l'art moderne ; les transformations imposées par l'art moderne au réel visible sont toutefois telles qu'il finit par en abandonner (au moins dans certains courants) la représentation. Le Fauvisme n'en conserve que des formes grossières, agressivement colorées ; le cubisme le traduit en structurations géométriques ; le surréalisme en propose des combinaisons et des métamorphoses telles que l'on manque de mots pour en nommer les résultats. Il n'en reste pas moins que ces démarches continuent à traiter du réel : soit qu'elles en proposent des versions totalement inédites, soit qu'elles suggèrent que la réalité est autrement constituée que nous le pensons spontanément. La formule de Paul Klee « l'art ne rend pas le visible, il rend visible » se vérifie tant pour l'art classique (qui importe en effet dans le visible la beauté idéale aussi bien que tout l'invisible des croyances religieuses) que l'art moderne, qui rend bien visible des pans inconnus ou non perçus du réel. De plus à ça, l'art peut se contenter de présenter la réalité.

Cette argument se vérifie toujours à propos des œuvres contemporaines qui peuvent d'abord dérouter le public

En effet, celles-ci consistent fréquemment, non plus à présenter quoi que ce soit, mais à présenter un fragment du réel comme le fait Marcel Duchamps avec ses ready-made ; ces objets n'ont plus d'usage et leur forme passe au premier plan même si l'on sait que ça ne résulte pas d'un travail de sculpture. Lorsque Jacques Villeglé arrache des affiches lacérées et les expose comme des tableaux, il change notre relation à ces débris, mais aussi notre regard sur les murs et les affiches de la ville. Que John Cage consacre une musique de deux minutes trente-trois secondes

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