Memento et l'identité

Memento (« souviens-toi » en français), est un film américain des années 2000, réalisé par Christopher Nolan. Une des particularités du film réside dans sa chronologie puisqu’une partie est en noir et blanc et apparaît de façon linéaire tandis que l'autre est en couleur et suit une chronologie inverse. De plus, l’histoire suit la vie de Léonard (ou Lenny), un homme qui cherche avec désespoir venger à la mort de sa femme. Cependant, Nolan a non seulement peint un portrait d'une amnésique cherchant à se venger, mais a également réussi à transmettre ce sentiment de trouble de la mémoire au spectateur, de sorte qu'il soit complètement immergé dans l'esprit du protagoniste. L’enjeu est donc d’analyser l’identité de Léonard à travers cette production en s’appuyant sur trois idées : la thèse de John Locke reposant sur le fait que les souvenirs fondent l’identité personnelle, puis le principe de David Hume où c’est la continuité du corps qui fait l’identité et enfin sur l’identité attribuée à une personne.

Tout d’abord, Léonard est un homme qui, après avoir subi un traumatisme crânien suite à une agression, souffre d'amnésie antérograde et est donc incapable de stocker de nouveaux souvenirs. Ainsi, son handicap, le conduit à une crise d'identité.

Selon la thèse de Locke, un individu a impérativement besoin de sa mémoire pour savoir qui il est. Dans ce cas, Lenny est sûr de savoir son identité puisque ses souvenirs de la personne qui il est actuellement sont fondés sur ce dont il se souvient avant que son accident lui provoque la maladie. De ce fait, d’après Léonard, son identité n’a pas changé. C’est donc une des raisons pour lesquelles il décide de faire de Teddy sa prochaine victime, car le héros découvre non seulement qu'il lui a menti, mais qu’il a essayé de corrompre ses souvenirs les plus précieux (un « lieu » où il peut se réfugier, car c’est où l’origine de son identité se trouve). De plus, avec le peu de mémoire qu’il conserve, Lenny essaie même de se persuader qu'il est toujours la même personne en se répétant ou en répétant aux autres ce qu'il sait de soi-même. Ainsi, il connaît son prénom, d’où il vient, mais comme dit Teddy (policier corrompu) : il sait qui il était, mais pas qui il est à présent. Il reste extérieur à ses souvenirs « cesse de répéter ta leçon ». En outre, lorsque le protagoniste est encore conscient de ce qui s'est passé, il est capable de manipuler la réalité en fonction de ce qui est convenu, c'est-à-dire que dans la période de temps avant d'oublier, il peut changer les faits en sachant qu’il ne se souviendra pas de cette modification. Pour cela, il va détruire tout ce qui peut le détourner de cette quête. Cela est visible au moment dans lequel Léonard choisit volontairement celui qui était son partenaire comme l’assassin afin de continuer avec l'idée de venger sa femme. Ici, Lenny décide de ne pas vouloir la vérité, mais de la créer. Il peut être conclu qu’il a besoin du mensonge pour avancer.

Cependant, il pourrait être encore dit que Léonard est le même homme, mais pas la même personne. Suivant la thèse de Locke, être une personne est être capable de suivre ses souvenirs à la trace, c’est-à-dire être capable de se les approprier en première personne, de se sentir encore aujourd’hui l'auteur des faits qui sont l'objet du souvenir. Cependant, Léonard n’a pas cette capacité, car il ne peut pas se souvenir de ce qu’il a fait juste quelques minutes auparavant.

En revanche, d’après Hume, l'identité est corporelle et le corps est juste qu’un récipient d’un flux continu et perpétuel de souvenirs. En effet, Lenny se reconnaît lui-même lorsqu’il se regarde dans le miroir indépendamment de son incapacité de créer de nouvelles mémoires. Mais l'identité n'est qu'une union créée dans l'esprit du personnage, mais non-réelle en soi. D’autre part, Lenny redécouvre ses tatouages sous les yeux du spectateur, même si les informations sont conservées, cela n’en fait pas des souvenirs car ceux-ci

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