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Politiques Publiques Comparées

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la démarche comparative c’est d’identifier le critère pour comparer. Cécile Vigour. Plus que la nature des objets comparés, ce sont les critères que l’on va retenir. Quel sens ça a de comparer tel ou tel objet ? Pour en revenir aux pommes et aux poires, si le critère qu’on choisit c’est la forme, on va insister sur les différences plus que sur les points communs. En revanche, si c’est celui du mode de reproduction des fruits ou de la plante : les pommes et les poires peuvent être regroupées dans un même groupe de catégories. Il y a un RAPPROCHEMENT donc.

A partir de là, la comparaison peut donner lieu à des stratégies distinctes, deux principales.

Soit observer davantage de cas très différents sous beaucoup de rapport mais se rejoindre sur un critère particulier. La question serait : pourquoi y a-t-il une convergence sur ce critère en dépit des autres différences observables par ailleurs ?

Soit choisir des cas semblant très proches mais divergeant sur le critère qu’on a retenu. La question devient : pourquoi cette différence en dépit de la proximité apparente des cas étudiés ? Par exemple, pourquoi y a-t-il un état social faible aux USA alors qu’ils ont connu un développement similaire que les autres pays occidentaux ?

Comparer nécessite toujours de construire un questionnement qui va justifier la démarche méthodologique, la comparaison. Le chercheur définit l’angle de comparaison qui détermine la pertinence classificatoire de la recherche. La sélection des cas est cruciale, elle doit soutenir le critère identifié. Il ne faut pas choisir les cas au hasard, ni par facilité ou convenance. Mais il ne faut surtout pas choisir les cas en fonction de leurs ressemblances de façade, « le travers nominaliste », dans la comparaison.

Au-delà de l’approche formalisée de la comparaison, le réflexe de comparaison devrait être inhérent à toutes réflexions relevant des sciences sociales et même s’il n’y a pas forcément de terrains comparatifs, le fait d’avoir ce réflexe est souvent très utile pour construire la problématique sur son objet de recherche. Essayer de mettre en rapport son objet de recherche avec des objets assez éloignés peut être fructueux. Exemple : Fabien Dessage, thèse sur la communauté urbaine de Lille ; une approche pas comparative dans la forme, mais en même temps il a raisonné de manière comparée, il a pensé à d’autres objets. Il a comparé l’institution de la communauté urbaine avec le processus d’intégration européenne.

Avoir ce réflexe de comparaison permet de s’ouvrir.

1. Comparer, pourquoi faire ?

La démarche d’Aristote conclue sur le fait qu’il n’y a pas d’institution idéale ; il y a une constitution bonne pour chaque lieu. Il faut prendre en compte la situation concrète d’une cité. Aristote part d’une étude concrète, empirique, des différentes formes de gouvernements en Grèce antique et il s’efforce de classer les formes de gouvernance, les constitutions et d’établir des critères permettant de les distinguer. Il déploie une méthode classificatoire raisonnée et de là il établit un schéma de classification fondé sur deux critères :

Celui du nombre des gouvernants ET celui des objectifs des gouvernants. De là, il forge six catégories ; trois de ces catégories relèvent d’une forme juste, trois autres les formes corrompues des trois premières. Quand le nombre de gouvernants s’élève à un : monarchie = juste, corrompue = tyrannie. Gouvernants sont plusieurs : forme juste = aristocratie, corrompue = oligarchie. Quand y’a plein de gouvernants : forme juste = république, corrompue = démocratie. Si les gouvernants ont pour objectif le bonheur général : monarchie, aristocratie, république. Sinon : les trois autres.

On a finalement les prémisses de ce qui relèverait d’une démarche scientifique. Et on a un classement de ces données en les intégrant dans un schéma explicatif, qui dépasse le stade de la description empirique. Bon, cette démarche est assez normative. Le procédé constitue néanmoins un germe de la méthode classificatoire. Les six catégories ont eu la vie longue. Beaucoup de théoriciens ont repris ces catégories (Machiavel, Rousseau).

Parmi les autres précurseurs de l’approche comparée du politique : Montesquieu évidemment, mais aussi et surtout Tocqueville.

Typiquement, dans De la démocratie en Amérique, il se livre à la comparaison, et donc la rigueur empirique reste discutable, mais il s’appuie sur un mode de raisonnement systématiquement comparatiste. Il insiste sur les contrastes, sur la caractéristique troublée de la révolution en France et la pacification régnant outre atlantique. L’intérêt du travail de Tocqueville est d’observer deux démocraties aux fonctionnements singuliers. Il met en avant les caractéristiques respectives des sociétés pour expliquer ces différences, plus que par la forme des régimes eux-mêmes. Plus sociologique qu’institutionnel en fait… Il affirme cette démarche comparée d’ailleurs. Dans le type d’explication, sa démarche est une forme de sociologie puisqu’elle vise l’élucidation des conditions d’émergence d’un sens démocratique. Il s’intéresse à la culture politique en l’insérant dans la société concrète dans laquelle elle se manifeste. Il cherche à comprendre les spécificités de la démocratie américaine à travers deux éléments : l’esprit de liberté et l’esprit de religion. Enfin, deux éléments qui la distingue. Absence d’une classe aristocratique aux états unis, égalité entre les colons et poids de la société civile dans l’organisation de la démocratie américaine ; ce qui l’amène à son analyse sur les corps intermédiaires qui donnent du poids à l’individu, face à l’état. Autre ouvrage : L’ancien régime et la révolution, dans lequel il compare aussi de manière diachronique puisqu’il compare les formes de l’Etat français dans le temps. La comparaison a pour objet d‘essayer d’expliquer un processus de changement et ce qu’il recouvre. Si la forme et les fondements du régime se transforment, la centralisation perdure. Cette mise en évidence de la continuité de ce qui résiste y compris aux révolutions se retrouve plus tard dans les approches néo institutionnalistes. Voilà pour les précurseurs intellectuels : Aristote et Tocqueville.

Voyons les origines du comparatisme dans l’approche expérimentale maintenant.

John Stuart Mill formalise d’abord des différentes possibilités de comparaison, en se donnant un objectif nomologique (relatif à la nomologie, l’étude des lois) : en s’inspirant des sciences expérimentales il définit quelques méthodes, dont les plus connues : concordance (un même phénomène a lieu dans des endroits différents) et différence (comparer des cas à priori semblables mais un phénomène se produit dans l’un et pas dans l’autre). Cela renvoie aux exemples de tout à l’heure. Il affiche sa préférence pour la différence, tout en soulignant les difficultés pour isoler les phénomènes et les causes en sciences sociales. En sciences sociales, ce n’est pas évident de reproduire une situation de toute chose égale par ailleurs et d’isoler les phénomènes. Parmi les méthodes de Stuart Mill, il y a la variation concomitante, mais cette méthode est rapportée à Durkheim qui s’appuie sur le raisonnement de Mill et qui va chercher à établir la scientificité des sciences sociales notamment à partir de la comparaison et à partir de la méthode des variations concomitantes qui est supposée permettre l’administration de la preuve (d’après Durkheim). La méthode comparative peut tenir lieu d’expérimentation indirecte, pour Durkheim, qui peut et doit servir à mettre au jour des régularités, si possible causales. Durkheim assume les difficultés expérimentales des sciences sociales en prenant acte de la complexité de l’imbrication des causes et donc il dit que de toute façon il est impossible de dresser un inventaire exhaustif des causes. On ne peut jamais envisager d’éliminer toutes les formes de causalités, et donc il privilégie la méthode des variations concomitantes, car la on peut rapidement montrer qu’il existe une relation complémentaire.

Dans le suicide, Durkheim compare la variation des suicides en fonction de plusieurs variables. Une fois qu’il a établit des corrélations, il établit plusieurs types de suicide. Il est conscient des difficultés liées à cette méthode. Au-delà de ces limites, la comparaison peut tester chez lui les effets de la présence d’une variable et que dans ce sens, l’apport c’est d’inscrire la sociologie dans une ambition explicative élevée qui se veut analogue aux autres sciences expérimentales. Max Weber va avoir de ce point de vue là une approche très différente puisqu’il va essayer de développer une méthode d’analyse qui n’aligne pas la sociologie sur les sciences expérimentales mais qui cherche à élaborer un chemin pour un mode de raisonnement qui soit propre aux sciences sociales et non décalqué des sciences expérimentales.

L’approche de formalisation de Weber essaie de mettre au jour des processus. Weber pense que la sociologie, comme l’histoire et l’économie sont des sciences de la culture, trop éloignées des sciences de la nature pour qu’elle puisse s’inspirer de leurs méthodes. Ces sciences sont compréhensives, comme on l’a vu avec papa, et ce sont des sciences historiques, c’est-à-dire qu’elles sont

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