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Promettre est ce renoncer à sa liberté ?

Dissertation : Promettre est ce renoncer à sa liberté ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Novembre 2015  •  Dissertation  •  1 848 Mots (8 Pages)  •  2 737 Vues

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Promettre, est-ce renoncer à sa liberté ? Corrigé : un exemple à méditer.

§ « Moi président, dans les deux ans plus aucun homme ne dormira dans la rue en France ». Voilà, en substance tout au moins, la promesse d’un ancien candidat à la présidence de la République française. Le candidat n’est-il pas, alors, prisonnier de sa promesse ? Promettre, est-ce renoncer à sa liberté ? En faisant des promesses, on s’engage et on se crée des obligations, et cela semble s’opposer au fait de faire ce qu’on veut, donc d’agir librement. Dans ce cas, il vaudrait mieux éviter les promesses pour ne pas compromettre sa propre liberté. Mais est-il viable de ne pas faire de promesses ? La vie en société et la communication ne nous obligent-elles pas à faire des promesses ? Si promettre nous enlève la liberté, et si vivre sans promettre n’est pas possible, on se retrouve dans une impasse. Ne faut-il pas considérer que faire et de tenir des promesses, c’est au contraire se décider et avoir une volonté constante, et donc exercer pleinement sa liberté ? Nous verrons dans un premier temps que faire des promesses est synonyme d’engagement à honorer et que cela entrave apparemment notre liberté. Pourtant il n’est pas certain qu’il soit possible de vivre en société sans faire de promesse. Peut-être même, comme nous le verrons finalement, exister librement n’est-il envisageable que si l’on est engagé dans des projets et des promesses qui nous ouvrent un avenir.

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§ Dans un premier temps, on peut penser que les promesses sont liberticides.

§ En effet, être libre, c’est communément être libre de faire ce que je veux quand je le veux, c’est agir au gré de ma volonté du moment. Par exemple, je suis libre si je peux aller faire du ski quand je le désire. Au contraire, le prisonnier purgeant sa peine d’incarcération n’est pas libre de sortir prendre un café en ville, il est contraint de rester physiquement en prison, il ne fait donc pas ce qu’il veut, il n’est pas libre. La liberté est donc clairement associée au domaine de l’action : j’ai la possibilité ou pas de faire quelque chose, je suis libre ou je ne le suis pas. Je suis libre si mes actions sont en accord avec ma volonté de l’instant.

§ Par ailleurs, qu’est-ce que promettre ? Partons d’un exemple : je promets à mon voisin de déneiger la route devant chez moi, qui mène à son garage. Il neige pendant la nuit. Je veux préserver des relations de bon voisinage. Il compte sur moi ; je n’ai ni l’intérêt, ni l’envie de le décevoir, je déneige donc la route. Faire une promesse, c’est donc se fixer des impératifs, des obligations, des contraintes physiques ou morales. Déneiger, par exemple, me prends du temps et requiert ma présence. Sauf si, évidemment, je décide de ne pas tenir ma promesse, mais par là même je détruis la confiance de mon interlocuteur, et souvent ce n’est pas mon intérêt : attention, comme on dit, au retour de flamme ou de boomerang ! De plus, c’est immoral, et sans confiance la communication deviendrait impossible. Il n’est pas souhaitable de ne pas tenir ses promesses, j’ai donc des obligations.

§ J’ai déjà dit précédemment qu’être libre c’est agir comme on l’entend au moment présent. Or, les promesses et surtout les impératifs qui en résultent me condamnent à faire ce que peut-être à ce moment présent, je ne désirerais pas faire. Faire des promesses peut nous empêcher d’agir comme on l’entend, elles restreignent donc notre liberté. Il se trouve par exemple que par ce beau matin enneigé d’hiver, j’avais très envie d’aller au ski, mais je ne peux pas le faire, puisque je dois déneiger la route. De même, si je me marie, je promets d’être fidèle, je ne peux plus assouvir mes envies. Des contraintes agissent sur moi et m’empêchent d’assouvir mes désirs. Ainsi je suis enchaîné et prisonnier de ma promesse. En effet, j’ai promis, et maintenant je ne suis plus libre de mes actes. Promettre, c’est donc bien renoncer à sa liberté.

§ Pour préserver sa liberté, il faudrait donc ne jamais faire de promesses.

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§ Mais est-il possible de ne jamais faire de promesses ?

§ En fait, le simple fait de discuter de l’avenir avec un interlocuteur me conduit à faire des promesses même implicites, et en tous cas, à prendre des positions, des engagements sur le futur. En effet, si je discute, mais que, considérant que c’est liberticide, je ne prends aucun engagement, en quoi peut avoir confiance mon interlocuteur, si tout ce que je dis peut être remis en cause le lendemain, où même dès que ma volonté change ? Il ne peut avoir confiance en rien de ce que je dis, comme si toute parole était un mensonge en puissance. Sans confiance, la discussion n’a pas de sens, toute communication devient absurde. Il ne sert donc plus à rien de parler, de communiquer. En somme, refuser toute promesse, c’est s’interdire la possibilité de communiquer.

§ Ainsi, si d’après ce que l’on a vu dans la première partie, ne pas promettre, c’est conserver sa liberté, et si comme on vient de le voir, ne pas promettre, c’est ne pas communiquer, alors pour être totalement libre, il faut éviter toute communication, de façon à éviter rigoureusement tout engagement, même implicite comme cela peut avoir lieu dans l’usage du langage, et préserver son entière indépendance. Par exemple, un naufragé sur une île déserte n’est en interaction avec aucun homme, il ne communique pas et il n’a pas d’impératifs envers d’autres hommes. Il est donc, en dehors des impératifs naturels inhérents à sa survie, qui sont, comme on peut l’imaginer, plus contraignants sur une île déserte que dans un lieu développé, totalement libre d’agir comme il l’entend, au moment présent.

§ Il est donc possible de vivre libre, parce que l’on a pris aucun engagement, parce que l’on ne communique pas mais surtout parce que l’on est seul. Or l’homme ne vit pas seul : par définition, c’est un animal qui vit en société. Qu’en est-il de l’homme vivant en société ? Il utilise forcément le langage, et c’est même ce qui le distingue des animaux. Ainsi, les lois humaines de la vie sociale ne sont pas naturelles et instinctives, elles s’apprennent par le biais du langage, des idées et du dialogue. On peut même dire que l’homme est plus libre en société que seul, car il est moins soumis aux lois naturelles, et si sa liberté est limitée par autrui et les règles sociales, l’homme y a son mot à dire. Or, comme on l’a vu, le langage recèle toujours une forme de promesse, par le simple fait que les mots doivent avoir un sens constant et fiable. Il n’est donc pas vraiment possible de ne faire aucune promesse.

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