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Rebelles Au Nom De La Justice - Antigone Et Médée

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en empoisonnant la future épouse de Jason et son père, Créon, les deux sources de son malheur, ensuite, en assassinant ses propres enfants, fils de Jason, pour se venger de celui-ci et lui faire goûter la coupe de malheur qu’elle a bue.

Quant à Antigone, voyant un de ses frères privé de sépulture, rite très important aux yeux des grecs et considéré comme absolument nécessaire pour le défunt, par le roi de Corinthe, Créon, elle se révolte contre cette injustice et se rebelle en défiant l’ordre royal. Ainsi, sans crainte des conséquences de son insoumission à l’autorité d’un puissant homme, cette femme donne une sépulture à son frère en suivant son code d’honneur : « [Je] serai fière de mourir en agissant de telle sorte. C’est ainsi que j’irai reposer près de [mon frère], chère à qui m’est cher, saintement criminelle. »[2] De même elle est perçue : criminelle aux yeux du roi, car révoltée contre ses lois, sainte à ses yeux et, selon elle, aux yeux des Dieux parce qu’elle obéit à leurs lois qu’elle trouve plus justes. Comme Médée, elle se rebelle et se démarque des femmes de son temps.

Même si chacune de ces femmes se révolte à sa manière et pour une raison différente, toutes les deux se ressemblent dans leur façon de punir les hommes injustes : c’est à travers leur famille qu’elles les frappent de malheur. En effet, Médée se venge de l’injustice que Jason, Créon et sa fille lui ont faite en tuant un ou des membres de leur famille. Tout d’abords, elle empoisonne la future épouse et celle-ci meurt d’une mort atroce devant les yeux du roi de Corinthe, son père, qui rend l’âme lui aussi du même poison, en se lamentant sur le sort de sa fille. Ensuite, après l’avoir privé de son prochain mariage tant espéré, Médée punit son mari, Jason, en assassinant leurs deux enfants. Cet infanticide abominable, aussi douloureux pour l’héroïne, est « le coup fatal »[3] qui broie le cœur de Jason, qui enfin connaît le feu qui a consumé le cœur de sa femme. De même, le roi de Corinthe, Créon est puni dans Antigone de Sophocle, frappé en plein cœur par le suicide de son fils, Hémon, causé par l’injustice de sa conduite avec Antigone, la fiancée de son enfant. De manière indirecte, Antigone est la meurtrière d’Hémon, car si elle ne s’était pas révoltée contre Créon, si elle ne s’était pas enlevée la vie lorsque le roi l’a enfermée dans une cellule sous-terraine, devant les yeux de son fiancé, celui-ci n’aurait pas retourné contre lui sa rage envers son père en s’assassinant. Ce n’est qu’à ce moment-là que Créon comprend vraiment l’injustice de ses actions et que son cœur se brise :

« Hélas! oui, j’ai compris enfin, malheureux! C’est un dieu, je le vois, qui, de tout son poids, son énorme poids, vient de s’abattre sur ma tête! C’est un dieu qui m’a secoué, jeté dans des voies sauvages, renversant, hélas! piétinant, écrasant ce qui fut ma joie!

Ah! douleurs, douloureux lots des mortels! »[4]

De plus, le suicide de sa femme, suite à l’entente de la nouvelle de la mort de son fils, accable davantage le roi qui se trouve finalement victime de ses mauvais actes. C’est ainsi que Euripide, une dizaine d’années après Sophocle, présente la punition d’hommes injustes par leurs victimes féminines, victimes victorieuses à la fin des tragédies.

Considérées comme inférieures dans la société de la Grèce antique, Médée et Antigone sont deux femmes qui se rebellent contre l’autorité pour rétablir la justice enfreinte par des hommes dont le statut social est supérieur, tels que Jason et Créon, en punissant ces derniers. Par un renversement des situations, la fin de la tragédie d’Euripide, comme celle de Sophocle, donne le rôle des victimes aux hommes en l’enlevant aux femmes et, ainsi, élève les deux héroïnes à une position de supériorité. Bien que les actions de Médée, surtout, et d’Antigone soulèvent beaucoup de débats et de désaccords, la valorisation des deux personnages est certainement due à leur forte personnalité hors du commun. À bien observer leur courage à se défaire de leur statut d’infériorité et de dépendance aux hommes, comment ne pas croire que le féminisme n’est pas un mouvement jeune, mais bien une volonté présente depuis longtemps au cœur des femmes et dont la source jaillit de l’Antiquité.

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