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Peut-On Rire De Tout. Corrigé Cned

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nt tellement diverses qu’il

devient diffi cile de déterminer exactement avec qui il est possible de rire.

Mais les deux artistes du corpus, eux, vont plus loin. Ils n’hésitent pas à choisir des

sujets provocants : la famine qui ravage l’Irlande du XVIIIe siècle, soumise à la terrible pression anglaise

et le scandale encore tout récent (2011) du Médiator, médicament paradoxalement tueur pour

ses utilisateurs. D’ailleurs, Babache n’hésite pas à parler de médiatueur, créant le néologisme pour la

situation. Preuves que le rire s’exerce sur tous les sujets, même les plus délicats, les plus scabreux.

Tout tient grâce à la force de l’humoriste.

Comment peut-on justifi er que le rire s’immisce partout ?

Siankowski et Emery se rejoignent pour évoquer la législation très tolérante et la

rareté des recours en justice, même si certains cas ont fait grand bruit. Pourvu que l’on évite l’injure et

la diffamation, le rire peut s’exercer sur de multiples sujets. On peut même affi rmer qu’il relève de la

liberté d’expression de chacun. Il semble bien que la meilleure protection pour ceux qui veulent faire

rire soit justement le rire lui-même. Le rire protège : s’il emporte l’adhésion de tous d’après Siankowski,

il se justifi e pleinement.

De plus, de nombreux humoristes actuels pratiquent une forme d’autocensure, le

moyen le plus sûr pour éviter toutes les complications. Pourtant, comme le souligne Emery, même les

anciens subissaient des pressions sur certains sujets trop sensibles. Mais aujourd’hui, la médiatisation

de toutes les affaires rend les humoristes vraisemblablement plus frileux. Les plus audacieux comptent

sur leurs qualités artistiques pour surmonter ces situations.

Enfin, le rire peut envahir tous les sujets à condition d’être travaillé. C’est ce que fait

Swift dans son pamphlet qui utilise judicieusement l’ironie. Sous les apparences d’un discours sérieux,

logique et réfl échi, il utilise les procédés de style comme la métaphore fi lée de la dévoration, la comparaison

des enfants à du bétail, un ton de fausse modestie qui met en valeur la cruauté du propos.

De la même façon, le dessinateur Babache met en scène le crime du Médiator, avec la parodie de

l’affi che de fi lm gore, le jeu des couleurs et la présence du sang. Il joue sur le mot médiator, à la fois

instrument de musique et médicament, et propose une métaphore de l’objet transformé en lame de

rasoir. Autant de procédés qui visent à dénoncer certes, mais à emporter l’adhésion du public.

Quelles sont dès lors les limites que rencontre le rire ?

Il semble bien que le rire court le risque de relever du mauvais goût. Les deux artistes

du corpus choisissent des situations extrêmes : l’occupation anglaise pour l’un et le scandale

des laboratoires Servier pour l’autre. A priori ces situations ne font pas rire. Pire, en rire pourrait relever

du mauvais goût : d’autant que les images utilisées sont violentes et provocatrices. L’un compare les

enfants à du bétail et suggère le dépeçage et la dévoration, franchissant allègrement le tabou de l’anthropophagie.

L’autre joue avec la mort de 500 victimes. Les deux parviennent pourtant à dénoncer,

à dépasser les individus concernés en mettant en avant la noblesse de la cause défendue. Il s’agit

d’humour noir et les auteurs prennent le risque de choquer.

C’est que le rire doit impérativement tenir compte des circonstances : de l’époque,

du public, de la pertinence du sujet. Autrement dit, le rire s’inscrit dans une situation précise qui lui

donne tout son sens. À partir du moment où il respecte ces données, comme l’affi rme Siankowski, le

rire renoue avec sa nature profondément universelle et il rassemble, fédère autour de valeurs communes.

C’est là que joue l’intention de l’humoriste : c’est à lui de faire de choix pour rassembler et non

stigmatiser.

Enfi n, une des limites du rire, selon Emery, c’est qu’il soit trop contrôlé. Du même coup,

il perd toute originalité, s’inscrit dans une conformité attendue et ennuyeuse. La provocation s’atténue.

Du coup, le rire s’immisce dans des sujets sans envergure : on fi nit par rire de tout, ce qui tue le rire.

Pire, cela en supprime toute intelligence. Le politiquement correct aboutit ainsi à un rire aseptisé, sans

intérêt.

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