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, car elle ne trouve rien à répondre. Est-elle persuadée ? Non, sans doute, mais troublée. Qu'allait-elle faire aussi en engageant un nouvel entretien ! elle a préparé elle-même cette première défaite. -Péripétie : Claudio laisse éclater sa jalousie, traite grossièrement Marianne, dont la fierté se dresse ; par bravade, du moins le croit-elle, elle décide de prendre un amant ; mais en réalité elle commence à aimer Octave.

Deuxième démarche et deuxième défaite de Marianne.

Marianne, cette fois, appelle Octave, le provoque, lui livre son écharpe en gage. Octave est presque embarrassé : c'est plus qu'il n'en demandait ! Mais son amitié va faire en sorte que l'abandon de Marianne profite à Coelio.

LE DÉNOUEMENT

Une péripétie tragique entraîne la mort de Coelio ; des scènes de mouvement se succèdent et préludent au dernier entretien d'Octave avec Marianne. Octave désemparé pleure son ami ; Marianne déconcertée s'offre à Octave et se voit repoussée ; elle subit une double et définitive défaite, qui l'atteint à la fois dans son orgueil et dans son amour.

Ainsi, sous l'apparente fantaisie, la structure de la pièce est rigoureuse. C'est le secret du génie dramatique ; on ne s'aperçoit pas de l'artifice ; on est pris tout entier par le spectacle.

CONDUITE DE LA PIECE

Suivons maintenant, scène par scène, le texte des Caprices de Marianne, considéré désormais en lui-même, indépendamment des circonstances de sa genèse et même, en général, de l'expérience intérieure qui a contribué à la nourrir, en nous attachant pour l'essentiel aux aspects de sa conception dramaturgique : logique des caractères, éléments de l'intrigue, progrès de l'action.

ACTE I

SCENE 1

Marianne, Ciuta.

Nous faisons d'emblée connaissance avec Marianne. Que juger d'elle, d'après son attitude ?

Il est tout naturel qu'elle éconduise Ciuta. Ainsi procèderait toute honnête femme-. Si Coelio l'abordait lui-même, dans la rue, elle aurait encore lieu de se froisser. Qu'il ait recouru à une entremetteuse professionnelle atteste, de sa part, une rare maladresse. Marianne est mariée et son mari est un personnage sérieusement assis dans la ville ; que penserions-nous d'elle, si elle acceptait un hommage public de cette sorte !

Les termes de la réponse, pourtant, sont révélateurs de son caractère. Marianne ne se contente pas de riposter sèchement ; tout de suite elle menace. Fort attachée aux convenances, elle trouve de bon ton d'invoquer la protection que, légalement, son mari lui doit. Elmire, dans Tartuffe, professait qu'une honnête femme doit, en général, éviter de troubler le « repos » de son mari et se défendre seule. Marianne semble disposée à adopter une autre attitude. Sa réaction prouve, plus encore que son honnêteté, sa pruderie.

Coelio, Ciuta.

Ciuta et Coelio jugent tous deux Marianne. « Cruelle », dit Coelio : c'est le langage traditionnel de la galanterie. « Dévote et orgueilleuse », dit Ciuta. Dévote, nous avons pu nous en apercevoir, car elle sortait « un livre de messe à la main ». Orgueilleuse, elle l'est aussi, mais Ciuta anticipe ; nous ne pouvons conclure de son refus à son orgueil. Ou du moins, un orgueil semblable, qui consiste à ne pas accepter les avances du premier venu (même avec la caution bourgeoise de Ciuta !), n'a vraiment rien d'exceptionnel.

Claudio, Tibia.

Entrée de grotesques. Tibia joue un peu le rôle classique du confident ; il contredit son maître pour faire rebondir la conversation : Claudio manifeste-t-il des soupçons ? il le rassure (« oh ! que non ! »), quitte à l'alarmer lorsque Claudio sera rassuré. Son maître lui reconnaît « beaucoup d'esprit », ,mais c'est pour faire rire, car Tibia est fort peu sprirituel. Claudio lui, se montre à la fois sottement soupçonneux (il n'a aucune preuve que Marianne le trahisse et répète pourtant que son déshonneur est public)et méchant (sur une simple alerte, il médite un dessein d'agression et parle d'une « épouvantable trame »). En outre, il est dépourvu de toute délicatesse : il s'indigne que sa femme puisse se conduire mal, « après les cadeaux » qu'il lui a faits. Dans ces conditions, la « douleur »dont il se plaint nous amuse, parce que c'est la douleur d'un personnage déplaisant. - Observons qu'au point de vue dramatique le dénouement est annoncé de très loin : Cœlio sera victime, en effets d'une « épouvantable trame ». cette scène crée une vague attente de quelque chose.

Coelio, seul.

A un dialogue comique succède un monologue lyrique ; Musset mélange les tons. ou plutôt les entrelace, les superpose. -- Coelio est un amoureux transi. Sa silhouette sombre est bien romantique. Sa nostalgie-, sa poésie, ressemblent à celles de René. Il n'est pas René, cependant. L'objet de son désir n'est pas vague. D'ailleurs, il n'éprouve aucune complaisance à se sentir tel qu'il est. Il souffre et voudrait se libérer de sa souffrance ; mais il ne trouve pas en lui-même la force de tenter sa chance : aussi a-t-il follement confié ses intérêts à Ciuta. Maintenant il va les confier à un ami, recours à peine moins étrange.

Coelio Octave.

Préliminaires (répliques 1 à 9).

Octave a l'initiative de l'entretien. En un mot, il résume le caractère de Coelio ; ce mot est « mélancolie » (Coelio est bien un enfant du siècle). L'adjectif « gracieuse », qui l'accompagne, est semi-ironique ; la mélancolie peut passer pour une élégance ; mais pas chez Cœlio, qui souffre profondément. - Coelio ne relève pas la légère impertinence du propos : d'ailleurs il suit son rêve et s'adapte mal à toute conversation. - Les deux caractères se heurtent affectueusement dans des répliques brillantes ; Octave a « un pied de rouge » sur les joues, c'est littéralement exact , car il s'est fardé pour le carnaval ; Cœlio a « un pied de blanc », entendons par là qu'il a un teint blafard qui sied à sa détresse. Même jeu dans les répliques suivantes ; Coelio formule de nouveaux reproches : « Quelle vie que la tienne ! », et il devine l'ivresse d'Octave ; mais tout ivre qu'il soit, Octave, non moins perspicace, discerne la passion de Cœlio : « Ou tu es amoureux ou je le suis moi-même » (pas de danger à ce propos ; de même, Cœlio ne saurait être gris...). Le dialogue se poursuit toujours scintillant, avec un apparent désordre qui reproduit le caractère primesautier d'une conversation ; en réalité, il est conduit avec une parfaite rigueur par le dramaturge.

Digression (répliques 10 à 18).

Cœlio voudrait aller à l'essentiel - : « J'ai un service à te demander ». Mais le déroulement de la scène ne peut pas être aussi abrupt, aussi nu. Le lyrisme de Musset va jaillir. Dans ce jaillissement, les caractères de ses deux personnages vont mieux apparaître. Octave est un jeune fou dont il n'est pas facile de fixer l'attention ; il a perdu l'habitude des propos sérieux ; il prolonge tout naturellement d'emblée le persiflage, sans s'aviser que Coelio souffre. Quant à Coelio, conformément à la logique de son propre rôle, il continue à prêcher : « Tu te tueras, Octave », s'attirant une nouvelle réplique cinglante et facile (« Jamais de ma propre main... »), pur jeu de langage ; mais tout est bon à Octave pour rire. Ainsi chacun infléchit-il la conversation selon son tempérament.

Le dialogue s'élargit cependant : Octave, puis Coelio vont se définir dans deux tirades, l'une fantaisiste, l'autre douloureuse. Octave évoque sa vie dangereuse et solitaire parmi l'agitation du monde ; il a conscience des menaces qui pèsent sur lui, mais il ne s'attarde pas à y songer : que lui importent les conseils de la morale ? Cette lucidité, d'ailleurs, révèle un arrière-fond de tristesse et d'inquiétude ; nous verrons que son libertinage est un masque. - Deux répliques brillantes « Que tu es heureux d'être fou ! - Que tu es fou de ne pas être heureux ! » isolent la réponse de Coelio, d'un ton tout différent ; il décrit sa passion, qui s'oppose à la dissipation d'Octave. Car Octave est un libertin résolu, quoique assez clairvoyant pour se dédoubler et se juger (comme le fera le poète de La Nuit d'août) ; Coelio est un amoureux mélancolique, d'ailleurs assez obstiné pour attendre, loin de son « cabinet d'étude », la grande aventure qui pourrait donner un sens à sa vie.

Discussion (répliques 19 à 45).

Cet étourdi d'Octave finit tout de même par être alerté. Le nom de Marianne l'a frappé. Il le répète. Il s'avise que la bien-aimée de Coelio est sa propre cousine. « Claudio est fait exprès », ajoute-t-il ; propos

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