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La Société Idéale

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Pour ce faire, la cité est un moyen de vivre en autarcie selon Aristote dans Le Politique et de mener une vie paisible et heureuse. Cela rejoint alors la théorie de Thomas More, qui voit l'utopie comme un île idéale où règne le bonheur. L'utopie est un idéal qui amène le bonheur, et c'est pour cette raison que certains veulent amener l'utopie dans le domaine de la politique. Il faut tout de même préciser qu'Aristote ignorait le concept d'utopie fondé par More, mais il n'était pas étranger à celle-ci.

Platon également, dans Le Politique, décrit les liens qui existent entre politique et éthique. Dans La République, il insiste sur l'importance pour les hommes d'être écoutés et de s'exprimer. Lorsque les hommes n'ont pas pu s'exprimer suffisamment, ils ont recours à un retour vers l'utopie, pour fonder une cité plus juste où chacun aurait son droit de parole. La cité est donc un lieu qui permet aux hommes de trouver le bonheur, et en cela, elle est un non-lieu géographie, un idéal, et se rattache ainsi à la notion d'utopie. Elle n'existe pas, elle reste à fonder et à construire. La notion de société idéale, bonne et juste en tous points est donc bien présente chez les Grecs de l'Antiquité, et reste un des éléments fondateurs de la cité. Les préceptes moraux guident l'action politique dans le but que chaque citoyen trouve le bonheur et l'épanouissement.

II- Le danger de l'utopie pour la politique

La politique a un double visage. En effet, elle concerne la question universelle du pouvoir, mais il semblerait que cette même question soit liée au mal lui-même, en tant que perversion de l'action politique. Consentir à l'utopie n'est pas anodin, car cela nous fait quitter la réalité historique qui contient le mal (guerres...) et dessiner une figure rationnelle de la politique ou l'imagination disparaît. Le bonheur ne nécessite pas l'imagination, il se suffit à lui-même. L'utopie supprime donc l'action politique au profit de la fin rationnelle du politique, car la politique consiste à gouverner les hommes tels qu'ils sont, et non tels qu'ils seraient dans un monde idéal. La politique est liée au conflit; or dans une société idéale, le conflit n'a pas sa place. L'utopie exclut donc la politique de son fonctionnement. Elle constitue un danger car elle est extrême. Kelsen lutte contre les idées extrêmes, et notamment contre le fascisme et le marxisme, qui sont considérées comme des « utopies dangereuses » car elles mettent la démocratie en péril. En effet, il ne peut concevoir la cité autrement qu'un État de droit, et cela suppose des lois, et des normes, conception qui s'éloigne de l'utopie d'une société où chacun serait libre. Cependant, il ne refuse pas la notion d'idéal qui oriente les actions du politique sur du long terme.

Selon Karl Poppers, l'utopie de la société idéale est dangereuse car elle renferme les sociétés sur elles-mêmes. La fermeture engendre le mal, et l'on peut donc concevoir celle-ci comme prémisse d'une société totalitaire. Platon, dans La République, introduit la notion de Kallipolis, cité belle et bonne en tous points. Il y autorise le mensonge des philosophes tant qu'il préserve l'harmonie de la cité, mais exclut l'art qui serait « corrupteur » car il renforce l'influence du sensible, en éloignant l'intelligible. Selon lui, il faudrait faire table rase de l'histoire et du mal historique, car l'utopie est symbole d'un renouveau et d'un nouveau départ qui oublie et annule le mal. Cette conception de l'utopie se rapproche de celles des régimes totalitaires.

III- L'incompatibilité entre politique et utopie dans la pratique

En théorie, le modèle de société idéale guide l'action politique. Mais en pratique, il est beaucoup plus dur de faire coïncider utopie et politique. En effet, dans Le Prince, Machiavel dit que la force a plus de poids que le droit au sens moral du terme. Il éloigne l'utopie de la politique car c'est une vision trop « idéalisante » des hommes et des moyens de les gouverner, qui n'a absolument rien à voir avec la réalité des faits. Pour le bien de la cité, le gouvernant doit exclure l'utopie car elle est symbole d'ignorance de la réalité humaine. Elle est une illusion et risque de l'aveugler au point d'ignorer ce qui ne va pas et de ce fait de mal gouverner les hommes. Pour lui, la politique doit donc refuser l'utopie sous peine de disparaître. Elles ne sont donc pas compatibles car elles ne peuvent en aucun cas coexister.

Julien Freund reprendra ce point de vue, estimant que l'utopie conduit à l'aveuglement, car elle amène à se tourner uniquement vers le futur en ce qui concerne la politique. A force d'oublier les expériences du passé et d'étouffer le présent, elle conduit à la perte du sens politique et de ses limites. L'utopie a un aspect apolitique qu'il est difficile de nier, précisément car dans L'Utopie de Thomas More, la société idéale se forme sur une île imaginaire, qui n'a pas d'existence géographique propre, et qui est donc une illusion, un rêve. L'irruption de l'histoire et de ses conflits dans l'utopie ne pourrait pas se concevoir dans cette société idéalement parfaite. Et pourtant, la dimension conflictuelle de l'histoire est un élément essentiel et constituant la politique. Ainsi, politique

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