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Le Style Dans Les Funerailles De Rachid Boudjedra

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85), le Désordre des choses (1991), Fascination (2000)., œuvres qui reprennent souvent les mêmes thèmes obsessionnel, celui de la société algérienne, en pleine crise socio- politique et culturel. Dans Les Funérailles , Rachid Boudjedra met en exergue le fanatisme religieux et la lutte contre les tabous. Son style est celui de la provocation et son approche structurale du roman, défit toutes les lois imposées jusque là émises par des linguistes tels que Benvéniste ou encore Jackobson. Nous allons centrer notre propos sur l’analyse structurale de l’œuvre Les Funérailles. Nous allons, pour effectuer cette analyse, utiliser deux approches : structuraliste et socio critique.

Le structuralisme est un courant de pensée né, de la linguistique qui s’est développé dans les années 1960/ 1970 et qui dans le domaine de la critique littéraire, se caractérise par la recherche du sens au sein de la structure cachée du texte. Ainsi que l’ont conçue Jakcobson et Levi- Strauss, le texte littéraire est considérée comme une mise en œuvre de la langue ; son étude se fait au moyen de divers réseaux (ou structures) servant à l’analyse linguistique : grammaticales, syntaxiques, rhétoriques, phonétiques… Le texte est dès lors, perçu non comme une entité unique et originale, mais comme le point de convergence de tous les réseaux de significations. Cependant, le structuralisme présente certaines limites, car il tend à laisser de côté l’histoire de l’homme et à vider l’action humaine de son individualité.

C’est ainsi que va naître un nouveau concept, la sociocritique. Inventé par Claude Duchet en 1971, il sera suivie de Gerorges Luckas, Henri Mittérand, Lucien Goldman et Pierre Bourdieu qui vont tour à tour proposer une approche sociologique du texte littéraire qui étudie la place occupée dans l’œuvre par les mécanismes socioculturels de production et de consommation ou la place du social dans le texte.

I- LES TECHNIQUES NARRATIVES DE LES FUNERAILLES

Les Funérailles appartiennent au genre romanesque. La narration des faits (p 19), la description des décors (p 143), l’alternance entre passages narratifs et passages dialoguées ( p 181) font partie des indices qui permettent de le confirmer. La première phrase du roman Ce matin, je me suis réveillée tôt (p9), jette les bases du récit. Le récit se définit comme la narration écrite ou orale de faits réels ou imaginaires. L’emploi que l’auteur fait des marques du récit, dans cette première phrase, à savoir l’auto- référent je, du passé composé ainsi que d’un indice de temps présent (ce matin), permettent de confirmer cette impression.

De nombreuses incursions des marques du dialogue, nous permettent par ailleurs de déceler la présence du discours. Ainsi, l’énoncé rapporté qu’est le récit s’oppose donc à l’énonciation directe qu’est le discours.

I-1 : LE DISCOURS

Le discours se définit comme séquence orale ou écrite, produite par un locuteur donné dans une situation de communication précise. Un discours se présente souvent sous trois formes dans le texte : direct, indirect et indirect libre.

I- 1. DISCOURS AU STYLE DIRECT

Lorsque le narrateur veut exprimer son opinion sur un problème ou un personnage, il fait une pause au sein de la narration et entame un discours, soit en affichant sa subjectivité (en disant « je »), soit en conservant le masque de la neutralité. Mais, dans tous les cas, il exprime sa pensée au style direct et sans guillemets.

Il en va tout autrement des personnages. Le discours d’un personnage peut être inséré dans une narration assumée par une autre instance d’énonciation selon trois procédés : l’adoption du style direct, du style indirect et du style indirect libre.

I- 2- LE DISCOURS AU STYLE INDIRECT LIBRE

Particulièrement souple, le style indirect libre est un moyen terme entre le style direct et le style indirect : il donne le propos du personnage sans formule introductive et en respecte scrupuleusement la syntaxe et le lexique (comme dans le style direct) ; en revanche, il transpose le propos de la première à la troisième personne et applique le principe de la concordance des temps (comme dans le style indirect).

Attention à ton surmoi ! dit Salim en me quittant le lendemain. J’aime ta vrai nature. Essentiellement l’honnêteté. Reste modeste Sarah. Reste voyoute, ça te va bien et c’est comme ça que je t’aime. P 108

A partir des éléments sus analysés, on peut dire qu’une pluralité de voix habite le texte. Grâce à Sarah, Salim et les autres personnages secondaires ou évoqués, on assiste à la progression et à la cohabitation de plusieurs narrations, interrompant la linéarité chronologique du récit.

I- 2 : LE DIALOGUE

Lors d’un dialogue, les propos sont reportés au style direct. Le style direct est généralement caractérisé par l’emploi de guillemets et de tirets, par l’usage de la première et de la deuxième personne, par la conservation du temps et du mode verbaux employés par le personnage (souvent le présent de l’indicatif), par le respect de la syntaxe et du lexique qui lui sont prêtés ; le discours direct peut en outre appeler l’emploi d’une incise (« dit-il », « pensa-t-il », etc.) qui explicite l’identité de l’énonciateur. Le dialogue crée un effet « mimétique », la réalité d’une conversation réelle étant davantage mimée que reconstituée.

Le monologue est un cas particulier du dialogue et constitue le discours principal du texte entier. Le personnage étant narrateur, exprime ses idées, ses sentiments au style direct et souvent sans guillemets. C’est le cas de l’héroïne et des personnages de Les Funérailles, qui servent de passerelles entre l’auteur et la société cible : l’Algérie. En effet, il dénonce les tares de cette société minée par le terrorisme et la criminalité. L’absence de guillemets marque dans ce texte, l’absence de frontière entre l’horreur et la réalité. Tout comme leur usage, qui loin d’atténuer cette terreur, montre qu’il est impossible d’y échapper parce qu’elle est en chacun de nous. L’absence de guillemets à la p 68, nous met face à la cruauté humaine sans prendre de gants:

Je dis combien avez-vous d’enfants monsieur ?je dis combien d’enfants avez- vous égorgés ?

Leur présence, notamment au niveau des notes de Sarah (p 21) , essaie d’établir cette distance avec la triste réalité des meurtres, même si cela est quasiment impossible.

I-3 : L’EXPRESSION DU TEMPS

Le récit s’étend sur cinq années, de juin 1995 à Décembre 2000. L’auteur a choisit d’utiliser les dates comme titre des parties de son texte. Ainsi, pendant cinq années durant, l’auteur fait vivre le cauchemar à son héroïne, situation qui n’est qu’une allégorie de celle dans laquelle se débat l’Algérie, alors en pleine guerre civile. Le récit est une narration rétrospective. La narratrice fait de constants retour en arrière, des analepses, et semblent vouloir exorciser les démons du passé. Ces démons qui se réveillent avec son entrée dans la brigade anti terroriste, à cause de son combat contre la criminalité. Ces démons, en la personne de son père et de son premier amant. A la page 22, sans aucune transition, Sarah passe de ses interrogations sur les motivations des tueurs de Sarah, au souvenir de son père qui l’a abandonné alors qu’elle était encore toute petite. Trois ans après le début de l’enquête, c’est cette fois ci le souvenir de sa défloration désastreuse qui rejailli, ce provoqué par des échecs constants, à mettre la main sur le criminel. Pourtant, ce ne sont pas que de mauvais souvenirs qui viennent hanter l’héroïne. Ceux, positifs, qu’elle conserve, sont tous liés à sa mère, l’image de la douceur, de la simplicité et de l’harmonie : Maman était une excellente narratrice. Elle savait mimer Charlot, en se faisant une moustache avec le marc de café. P 40

Malgré tout, avec la montée du terrorisme et le départ des pères de Sarah et Salim, le temps a suspendu son cours, c’est devenu un temps mort, inutile, (…) échappant à n’importe quel paramètre, à n’importe quelle régulation. p 110, ainsi que le pense Salim, au travers d’une des lettres qu’il envoie à Sarah.

I-4 : LE STYLE EPISTOLAIRE

L’une des caractéristiques de ce roman, c’est qu’elle mêle plusieurs genres, parmi lesquels, le genre épistolaire. C’est un genre de roman dont la forme est celle d’une correspondance, et dont les personnages sont, par conséquent, les épistoliers. Notre texte en compte quatre, de longueur inégale, et sont toutes du second personnage principal, Salim. C’est l’amoureux de Sarah, et il semble incapable de s’exprimer autrement que de manière écrite.

Je n’ai pas l’habitude de parler et c’est pourquoi je t’envoie cette lettre pour te dire, par écrit, tout ce que je ne peux pas exprimer par la parole.

L’intérêt narratif et romanesque de la forme de l’échange épistolaire réside en ce qu’elle rend crédible la fiction de la sincérité et de l’authenticité, et en ce qu’elle permet de construire des intrigues subtiles. Sarah passe la parole à Salim, qui lui expose son existence et par là, montre la pluralité des destinés, destinés qui semblent être les mêmes.

L’une des caractéristiques

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