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Les Suds Face à La Mondialisation

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udier les « tiers mondes » et donc les principes du développement car cette appellation est devenue aujourd’hui obsolète. Cette expression forgée par Alfred Sauvy en 1952 en référence au « tiers-état » de la Révolution française renvoyait à un contexte idéologique spécifique. Cette expression fut par la suite discutée mais désigne de manière traditionnelle « la revendication des tierces nations qui veulent s'inscrire dans l’Histoire » selon l’expression du sociologue Georges Balandier. Aujourd’hui, les termes ont changé. Nous sommes confrontés actuellement à ce que Fernand Braudel appelait une « économie monde » pour désigner l’unité d’une économie mondiale inégalitaire. Cette idée fut par la suite complétée par Immanuel Wallerstein (sociologue américain spécialisé dans les affaires post-coloniales africaines) dans la notion de « système monde ». Il affirme ainsi que le sous-développement des pays du Sud est dû à leur dépendance dans la structure de l’ordre économique international. Les conditions externes priment donc sur les conditions internes selon cet auteur. A l’aune de la mondialisation, cette analyse semble pertinente.

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Il s’agit donc surtout de mettre en relation deux aspects complémentaires. Les « Suds » par rapport aux Nord… car les « Suds » dans la mondialisation et donc faire une place particulière aux interfaces. Ceci ne nous empêchera pas d’avoir des exemples ciblés sur certains territoires ou certains Etats. Le choix peut être guidé par rapport aux publications récentes les plus accessibles. Tel est le cas des numéros spécialisés de la Documentation française sur le Brésil, le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne, l’Inde ou encore la Chine. La floraison des publications montre ce réel souci d’appréhender le monde différemment et d’entrevoir des interactions spatiales plus complexes en liaison avec le processus de globalisation. Cette mise en relation d’un espace et d’un processus ne peut se comprendre qu’autour du binôme : intégration/ exclusion. Toutes les problématiques traitant des Sud dans la mondialisation peuvent s’organiser autour de cette double clé de lecture. Elle suppose la détermination d’une centralité et de périphéries, une réflexion sur les contrastes de développement et donc de délimitation des aires concernées. La nouveauté consiste dans le fait que le terme de « Nord » ait disparu. Ceci tend à nous laisser penser que les « Suds » prennent une part croissante dans le processus de mondialisation et que cette part ne dépend plus exclusivement des pays du Nord. L’émergence de nouvelles puissances, la fluctuation des lignes de fractures expliquent en particulier cette évolution sémantique. I. Un paradigme spatial en recomposition… 1) Un monde confronté au développement. L’objectif est de reposer en terme simple certaines notions implicites de l’intitulé de la question. Les « Suds » constituent dans une première approche une aire de développement spécifique ou de non développement ou de mal développement bien évidemment. La question du développement est donc centrale à l’échelle de l’aire concernée et des Etats concernés. Un rappel sémantique n’est pas inutile. Quand on parle de développement, on entend l’ensemble des modifications économiques, techniques, sociales et culturelles. C’est une définition qui est avant tout l’apanage des économistes. Dans leur esprit, l’évolution doit bien sur être positive et aboutir à une amélioration complète du bien-être. Il y a donc dès le départ un parti pris idéologique. Cette notion a été utilisée la première fois par le président américain Harry Truman en 1949 lorsque celui-ci annonça un programme d’aide technique aux pays qu’il qualifia alors de « sous-développés ». Le sous-développement ne se comprend dans son propos que par rapport au développement. Il y a donc une forme de géocentrisme dans cette appellation. Nous y reviendrons. Le développement peut aussi être défini à partir des travaux de l’économiste américain W.W. Rostow qui écrivit en 1960 Les Etapes de la croissance. Pour cet auteur, l’évolution économique passe obligatoirement par cinq étapes successives. On passe du stade de la société traditionnelle, caractérisée par une économie agricole, à la transition vers le décollage qui débouche sur le décollage accompagné d’un processus d’industrialisation. Puis l’économie, après une étape de transition, parvient à la société de consommation où tous les besoins des populations sont couverts. Dans ce schéma, l’étape principale est celle de l’industrialisation ou décollage (take off ). Si les pays développés sont parvenus à l’ultime étape, les pays dits du Tiers-monde en sont, au mieux, au stade du décollage. Dans cette optique, les « Suds » proposent un cheminement spécifique de peuples « oubliés » du processus de développement. Selon Pierre George, « le sous-développement est une situation dans laquelle les processus économiques et sociaux, se heurtant à des blocages fondamentaux, ne parviennent pas à porter la croissance à un rythme autorisant les accumulations nécessaires et à provoquer une transformation des structures telle que s’opère une mutation qualitative dans les conditions d’existence de la population » Dictionnaire de la Géographie, PUF, 1970.

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Cela implique principalement une production, des possibilités de consommation et de revenus insuffisantes, une sous-nutrition ou une malnutrition, un blocage de croissance, la dégradation des termes de l’échange, une incapacité à assumer le service de la dette. La dette va souvent de pair avec le développement. Les investissements nécessaires ne sont pas toujours supportés de manière autonome. Le problème réside lorsque le remboursement de la dette devient impossible et que l’endettement devient structurel. Dans cette optique, certains Etats accumulent les handicaps et constituent ce que l’on appelle des PMA. Ces pays les moins avancés peuvent se définir ainsi selon Bailly, Ferras, Pumain (Encyclopédie de géographie, Economica, 1992).     La taille de la population. Le revenu par habitant. Des indicateurs de diversification économique. Des indicateurs prenant en compte la qualité de vie.

A travers cette première approche du développement, on peut voir que les débats ont été légion et bien souvent idéologiquement orientés. Cette orientation idéologique s’explique par :  Les bouleversements politiques issus de la colonisation. Le sous-développement, le tiers-monde, les tiers-mondes, les PMA, les pays émergents donc d’une manière globale les « Suds » n’ont de réalité que dans les processus d’émancipation des peuples colonisés. Ceci suppose également une émancipation du néocolonialisme selon certains auteurs.  Le double modèle des blocs américains et soviétiques. Ces deux modèles proposent des économies politiques radicalement différentes. Le non-alignement d’un certain nombre d’Etats (Bandung 1955) ne doit pas faire oublier la forte dépendance générale des nouveaux Etats émancipés aux deux blocs. Les aides proposées par les deux blocs ont provoqué des dépendances nouvelles et imposées des modèles de développement spécifiques. A partir des années 1950, la transformation des situations socio-économiques difficiles est publiquement admise et proclamée. Dans le même temps, l’évolution souhaitée n’est admise que dans une optique initiée par les pays du Nord. Cette volonté de participer au développement participe donc à la mise sous dépendance des pays du Sud. D’où le géocentrisme mentionné auparavant. Les pays dominateurs imposent une ligne de conduite, une orientation, par la mise au point de programmes qui correspondent à leur propre conception du développement. Ils engagent ainsi les pays sous-développés à adhérer à leur dynamique du développement sans tenir compte nécessairement des valeurs et besoins propres des pays aidés. Les remèdes au sous-développement sont donc imposés par l’extérieur. Ils donnent la préférence au capitalisme d’état, consentent à la dégradation des traditions, des racines culturelles, des modes de vie au profit de la modernisation à tout prix. Ceci est à l’origine de crispations nouvelles dans les pays du « Sud » et un discours parfois antimondialiste ou altermondialiste comme semble le montrer le développement de nouvelles formes de nationalisme ou les nouvelles formes solidarités internationales issues des pays du Sud. Dans cette optique d’une croissance à tout prix et donc d’un développement nécessaire, l’appellation de pays sous-développés laisse désormais la place au terme de pays en voie de développement. Les pays du Sud se caractérisaient ainsi selon un processus en cours ou à venir et non par une réalité socio-économique actualisée. D’où parfois des décalages entre les discours issus des grandes instances internationales et la réalité sur le terrain. Les spécialistes avaient cependant bien observé que le développement, selon les échelles, le maillage étudié, était inégal, contrasté : entre micro-régions et régions, villes d'un même État, entre États et grands ensembles régionaux à l'échelle mondiale. Cependant ces mêmes spécialistes n’envisageaient la notion de développement qu’en simples termes de croissance économique et quantitative (PNB/PIB, flux de capitaux et d'échanges, capacités

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