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Commentaire Poème Le Charpentier De Jacques Réda

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xerce immobile au fond de sa cuisine".

Jacques Réda décrit l'artisan comme un travailleur manuel, solitaire et actif : c'est un charpentier qui "répare la toiture" d'une maison avec pour outils "des clous, des brosses et des mortiers", des tuiles et ses mains. L'artisan construit des choses matérielles et essentielles comme une maison, "une toiture". On peut se demander pourquoi ce choix du charpentier ? Joseph, le père de Jésus, est charpentier d'après la Bible donc peut-être que le poète l'a choisi car il le considère comme "l'artisan supérieur", le symbole d'un père, l'archétype de l'artisan.

Le charpentier "s'active" : ses outils font du "bruit" ("bruit de clous, de brosse et de mortiers") contrairement aux outils du poète que sont sa "cigarette, un crayon, la moitié d'une feuille", qui l'aide à retranscrire son travail intellectuel en opposition au travail manuel de l'artisan. "Un étrange métier qu'on exerce immobile au fond de sa cuisine" décrit l'opposé du labeur du charpentier. Le poète est à l'intérieur et au fond, alors que l'artisan est à l'extérieur et au sommet.

Pour renforcer cette opposition, le poète utilise une construction en chiasme qui renvoie dos à dos les situations, les activités et les outils, accentuant leurs différences.

Cela nous donne une image passive du poète, celle d'un être perdu et contemplatif, qui attend l'inspiration. La transition entre le quatrain décrivant l'artisan et celui décrivant le travail du poète, avec les termes "petite usine" peut sembler ironique et auto-dérisoire.

Après avoir opposé le poète et l'artisan dans les deux premiers quatrains, Jacques Réda écrit : "à chacun son domaine", vers qui fait la transition thématique entre les quatrains et les tercets, le vers 9 est le vers charnière du poème. Il clôt l'opposition entre les deux protagonistes, et le vers 10 signe la paix en les rapprochant : "du sien, mon travail n'est pas aussi distant".

Cette transition de l'opposition à la ressemblance entre le charpentier et le poète se fait par l'adverbe "pourtant" qui évoque une antithèse entre les quatrains et les tercets. Étant dans le vers charnière, le vers 9, cela confirme le changement thématique.

En effet, le charpentier, "répare une toiture tuile à tuile" et le poète crée "mot à mot", "une de ces maisons légères d'écriture". Au final, tous les deux bâtissent quelque chose, deux abris certes différents : une maison concrète, avec des murs, un toit, pour y habiter, d'un côté, et "une de ces maisons légères d'écriture", complètement abstraite, pour héberger les pensées, les idées, les sentiments, d'un autre côté. Les tuiles du charpentier sont les mots du poète.

De surcroit, le poète s'accapare un vocabulaire appartenant au champ lexical de la construction et à l'artisanat ("je me bâtis… ; maisons… ; mes outils…") pour décrire sa propre tâche, ce qui prouve qu'il se confond maintenant avec le charpentier.

Avec le parallélisme, figure de style qui apparaît lorsqu'au moins deux objets ou deux êtres se voient rapprochés par des éléments de syntaxe et de rythme en commun, le poète approfondit la ressemblance "tuile à tuile… ; mot à mot… ".

Il emploie la métaphore "une de ces maisons légère d'écriture" qui signifie que pour lui, son refuge, sa maison, son lieu d'accueil, sont ses poèmes, qu'il se sent bien quand il écrit, pareil à quelqu'un qui est chez lui bien au chaud sous son toit.

Ce havre que représente l'écriture est métaphoriquement léger. L'écriture n'est pas concrète, et semblerait toujours prête à s'envoler, comme une inspiration volage qui peut disparaître d'un moment à l'autre.

En construisant son poème sous la forme d'un sonnet, Jacques Réda cherche peut être à imiter "les Anciens", qui eux ont excellé dans leur domaine, en ne voulant pas forcément mieux faire mais en ajoutant une touche nouvelle.

Tous les grands poètes ont évolué de cette façon, en rajoutant leur touche personnelle sur une structure classique.

Par exemple, La fontaine transpose en vers les fables en prose d'Esope ; et c'est de l'art de La fontaine que va s'inspirer Réda en s'appropriant une des caractéristiques fondamentales de l'épistolier : l'emmêlement libre de la prose et du vers. La libre circulation des vers dans la prose fait le chant de la langue.

Dans ce poème, Réda associe les mots de façon à ce qu'ils s'enchaînent naturellement, avec une syntaxe simple, un présent de narration, qui nous racontent une histoire, celle du poète et du charpentier .

Les enjambements entre les deux quatrains et entre les deux tercets (vers 4/5, vers 11/12) accentuent cet effet de prose en vers et de liberté du poète.

Il se permet aussi de contourner la forme doyenne de la poésie, le sonnet, en rajoutant un quinzième vers. Ce vers est lié au poème par sa syntaxe : "dont je sors volontiers… v.14", la question du lecteur pourrait être "où?" et sans le dernier vers, le poème finirait sur une interrogation.

Premièrement, le verbe "respirer" y apparait et généralement, une personne va s'isoler pour reprendre son souffle, sa respiration, pour "respirer".

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