DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Mondialisation de l'industrie de la tomate

Fiche : Mondialisation de l'industrie de la tomate. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Décembre 2017  •  Fiche  •  3 198 Mots (13 Pages)  •  1 489 Vues

Page 1 sur 13

L'Empire de l'or rouge - Enquête mondiale sur la tomate d'industrie

En lisant ce résumé, vous découvrirez les enjeux économiques complexes que cache le commerce d'un produit de consommation banal : la tomate.

Vous découvrirez aussi :

- que la tomate industrielle ne ressemble en rien à celle que l'on trouve sur les étals de nos marchés ;

- quelles sont les super compagnies qui se partagent le marché mondial de la tomate ;

- que trois pays se partagent la tête du marché du concentré de tomates : la Chine, les États-Unis et l'Italie ;

- que la Chine est devenue l'un des leaders de la production de tomates industrielles ;

- que les enjeux financiers qui se cachent derrière le marché de la tomate induisent parfois malversations et travail illégal.

Le journaliste Jean-Baptiste Malet a enquêté pendant deux ans et demi sur les circuits de production et de commercialisation de ce fruit si familier. Il a rencontré et interrogé tous les acteurs du marché mondial de la tomate industrielle. Chine, Italie, Ghana et États-Unis : Jean-Baptiste Malet s'est déplacé sur les grands sites de production pour rendre compte des secrets de la tomate d’industrie.

La tomate est un fruit originaire d'Amérique du Sud aujourd'hui universellement consommé

La tomate a d'abord été cultivée par les Aztèques. Il faut attendre le XIXe siècle pour qu'elle fasse son apparition dans l'alimentation occidentale. Cependant, c'est au XXe siècle que son utilisation dans la cuisine européenne se démocratise.

Au XXe siècle, l'invention de la conserve contribue grandement au développement de la consommation de produits alimentaires issus de la tomate. La première usine de conserves du monde est née à Massy, en 1802. Les bocaux, qui sont notamment utilisés pour conserver les sardines, sont d'abord fabriqués en verre, puis en fer blanc. À la fin du XIXe siècle, la France est le premier exportateur de sardines. En 1856, la première conserve industrielle naît à Turin.

L'immigration italienne aux États-Unis va permettre de développer la conserve de tomate. Au début du XXe siècle, les Italiens représentent presque 20% de la population new-yorkaise. Ils diffusent aux États-Unis leur culture et leurs habitudes alimentaires.

Si la tomate est originaire d'Amérique du Sud, elle est aujourd'hui cultivée dans près de 170 pays. Elle entre dans la composition de nombreux produits de notre quotidien : sauces, préparations pour pizzas, ketchups, etc. Ces produits consommés dans tous les pays, du plus pauvre au plus riche, font de la tomate un fruit universel. Sa production mondiale a été multipliée par six au cours des 50 dernières années, pour atteindre 164 millions de tonnes.

La tomate industrielle représente environ un quart de cette production mondiale. La tomate d'industrie est cultivée dans des champs de plusieurs hectares, en Chine, en Californie, etc. En Chine, des brigades composées d'hommes, de femmes et d'enfants récoltent les fruits au hachoir, avant de les collecter dans des sacs qui rejoignent l'usine, parfois distante de plusieurs centaines de kilomètres.

La tomate industrielle est essentiellement transformée en concentré, un produit facilement conditionnable et exporté dans le monde entier

La tomate d'industrie est très différente de celle que l'on achète dans nos supermarchés. Elle est allongée et beaucoup plus dure. Sa peau plus épaisse et sa chair plus dense lui permettent de mieux supporter les manipulations et le transport.

De plus, les recherches génétiques visent à produire une tomate toujours moins riche en eau. Le travail d'évaporation pour produire le concentré sera ainsi simplifié et moins coûteux. En effet, la tomate est essentiellement destinée à être transformée en une pâte épaisse, plus ou moins concentrée. C'est ce concentré, facile à conditionner et à transporter, qui est exporté dans le monde entier. L'odeur entêtante de tomates chauffées qui règne dans les usines de transformation est caractéristique. Elle est la même dans toutes les entreprises du monde.

Les ouvriers commencent par opérer un tri et écartent les tomates abîmées. Cette première sélection peut également être réalisée par des machines optiques hautement sophistiquées qui repèrent sur un tapis roulant les fruits non conformes. Les tomates sont ensuite lavées, pelées, épépinées et écrasées. Vient ensuite le processus d’évaporation : à chaleur très douce, la chair des fruits est transformée en concentré.

La dernière étape de la chaîne est le conditionnement : le concentré est versé dans des barils stériles qui peuvent voyager dans le monde entier. Depuis les années 1950, on utilise des moyens de conditionnement réservés jusqu'alors à l'industrie pharmaceutique. Ainsi, le concentré n'est plus conservé dans de grandes cuves mais dans des barils aseptiques qui facilitent son transport et son commerce.

Depuis le XIXe siècle, la production s'est bien sûr considérablement modernisée. Toutes les machines-outils conçues spécifiquement pour entrer dans le processus de transformation font elles aussi l'objet d'un marché. La technologie de la tomate s'est développée parallèlement à sa consommation et constitue l'une des filières du marché international de la tomate industrielle.

Le marché de la tomate industrielle brasse des enjeux financiers colossaux aux mains de géants de l'agroalimentaire, comme Heinz, aux États-Unis

Les usines de première transformation de la tomate, non rentables, ferment en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique de l'Ouest. Le rachat des petites usines dans le monde entier est un usage très répandu. La pratique la plus courante est la deuxième transformation à partir de concentré importé de Chine. Aux États-Unis, la société Heinz est l'un de ces géants de la transformation de la tomate.

C'est son ketchup qui a fait de Heinz un empire. La “Heinz Company” naît en 1876 à Pittsburgh. Fondée par Henry John Heinz, il ne s’agit au départ que d’une simple conserverie de légumes. Néanmoins, H. J. Heinz se révèle précurseur, tant dans l'automatisation des tâches et la taylorisation que dans la gestion de son personnel.

En 1897, les conserves sont serties automatiquement. Dès lors, le développement de l'entreprise est fulgurant. En 1905, l'usine produit un million de bouteilles de ketchup. Cette production passe à douze millions en 1907.

Heinz baisse le prix de revient de ses produits (soit la somme des coûts nécessaires à leur production) en fabriquant lui-même ses bouteilles de verre. Il développe une organisation paternaliste du travail, à l'avant-garde pour son époque. Il rationalise les gestes de la chaîne de fabrication. Parallèlement, Heinz propose à ses employés une vie organisée autour de l'entreprise (salles de sport, bibliothèques, etc.) et des salaires élevés. Il limite ainsi les mouvements sociaux, fréquents dans les autres entreprises.

En 2015, Heinz fusionne avec Kraft Foods et donne naissance à la “Kraft Heinz Company”, cinquième plus grande compagnie du secteur agroalimentaire. Heinz est le plus gros acheteur de concentré de tomates au monde. Sa filiale Heinzseeds est la plus grande productrice de semences de tomates d'industrie, à l’échelle mondiale.

Chalkis est l'un des géants chinois de la tomate

La Chine est le premier producteur mondial de riz, de blé et de pommes de terre. Concernant la production de tomates industrielles, elle se situe au second rang. Elle s'est d’ailleurs spécialisée dans des produits très concentrés : double ou triple concentré de tomates. Ces derniers, plus légers, sont transportés à plus bas coût.

Chalkis, géant de l'industrie de la tomate chinoise, a appartenu à 70% au “Bingtuan” jusqu'en 2010. Le Corps de production et de construction du Xinjiang est appelé plus familièrement le Corps, “Bingtuan” en chinois. Il s'agit d'une organisation militaire qui gère près de trois millions de travailleurs, répartis en brigades de fermiers. Ces fermiers travaillent pour différentes sociétés de production, dont Chalkis, premier producteur de tomates industrielles chinois. Le Bingtuan est installé dans une région colonisée en 1949, très sensible politiquement. La présence militaire y est particulièrement marquée et la circulation des biens et personnes très contrôlée.

Créé en 1954, le “Bingtuan” a pour mission de développer le territoire et d’installer toutes les infrastructures absentes jusqu'alors. Ses activités sont multiples et vont de l'extraction de minerais à la culture des tomates ou des pommes de terre.

Chalkis a été le fer de lance du développement de la culture de la tomate au Xinjiang, une région très pauvre de la Chine. Premier exportateur de concentré de tomates dans les années 1980, cette société a racheté, en 2004, l'usine provençale “Le Cabanon”. Cette coopérative produisait jusqu'alors environ un quart de la consommation française

...

Télécharger au format  txt (21 Kb)   pdf (67.2 Kb)   docx (19.8 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com