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Victor Hugo

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au centre de tout comme un écho sonore”) ;

- questions politiques (il ajoute à sa «lyre une corde d’airain« pour fustiger toutes les formes d’oppression : “Poème XL”) ;

- problèmes religieux ou philosophiques (s’émouvant des «mille objets de la création qui souffrent», il célèbre la charité dans “Pour les pauvres”).

I

J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,

Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs

Ensevelis dans les feuillages ;

Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;

Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu

À des archipels de nuages.

Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants,

Amoncelés là-haut sous le souffle des vents,

Groupent leurs formes inconnues ;

Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair.

Comme si tout à coup quelque géant de l'air

Tirait son glaive dans les nues.

Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ;

Tantôt fait, à l'égal des larges dômes d'or,

Luire le toit d'une chaumière ;

Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ;

Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons,

Comme de grands lacs de lumière.

Puis voilà qu'on croit voir, dans le ciel balayé,

Pendre un grand crocodile au dos large et rayé,

Aux trois rangs de dents acérées ;

Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir ;

Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir

Comme des écailles dorées.

Puis se dresse un palais. Puis l'air tremble, et tout fuit.

L'édifice effrayant des nuages détruit

S'écroule en ruines pressées ;

Il jonche au loin le ciel, et ses cônes vermeils

Pendent, la pointe en bas, sur nos têtes, pareils

À des montagnes renversées.

Ces nuages de plomb, d'or, de cuivre, de fer,

Où l'ouragan, la trombe, et la foudre, et l'enfer

Dorment avec de sourds murmures,

C'est Dieu qui les suspend en foule aux cieux profonds,

Comme un guerrier qui pend aux poutres des plafonds

Ses retentissantes armures.

Tout s'en va ! Le soleil, d'en haut précipité,

Comme un globe d'airain qui, rouge, est rejeté

Dans les fournaises remuées,

En tombant sur leurs flots que son choc désunit

Fait en flocons de feu jaillir jusqu'au zénith

L'ardente écume des nuées.

Oh ! contemplez le ciel ! et dès qu'a fui le jour,

En tout temps, en tout lieu, d'un ineffable amour,

Regardez à travers ses voiles ;

Un mystère est au fond de leur grave beauté,

L'hiver, quand ils sont noirs comme un linceul, l'été,

Quand la nuit les brode d'étoiles.

Novembre 1828.

Il

Le jour s'enfuit des cieux : sous leur transparent voile

De moments en moments se hasarde une étoile ;

La nuit, pas à pas, monte au trône obscur des soirs ;

Un coin du ciel est brun, l'autre lutte avec l'ombre ;

Et déjà, succédant au couchant rouge et sombre,

Le crépuscule gris meurt sur les coteaux noirs.

Et là-bas, allumant ses vitres étoilées,

Avec sa cathédrale aux flèches dentelées,

Les tours de son palais, les tours de sa prison,

Avec ses hauts clochers, sa bastille obscurcie,

Posée au bord du ciel comme une longue scie,

La ville aux mille toits découpe l'horizon.

Oh ! qui m'emportera sur quelque tour sublime

D'où la cité sous moi s'ouvre comme un abîme !

Que j'entende, écoutant la ville où nous rampons,

Mourir sa vaste voix, qui semble un cri de veuve,

Et qui, le jour, gémit plus haut que le grand fleuve,

Le grand fleuve irrité, luttant contre vingt ponts !

Que je voie, à mes yeux en fuyant apparues,

Les étoiles des chars se croiser dans les rues,

Et serpenter le peuple en l'étroit carrefour,

Et tarir la fumée au bout des cheminées,

Et, glissant sur le front des maisons blasonnées,

Cent clartés naître, luire et passer tour à tour !

Que la vieille cité, devant moi, sur sa couche

S'étende, qu'un soupir s'échappe de sa bouche,

Comme si de fatigue on l'entendait gémir !

Que, veillant seul, debout sur son front que je foule,

Avec mille bruits sourds d'océan et de foule,

Je regarde à mes pieds la géante dormir !

23 juillet 1828.

III

Plus loin ! allons plus loin ! - Aux feux du couchant sombre,

J'aime à voir dans les champs croître et marcher mon ombre.

Et puis, la ville est là ! je l'entends, je la vois

Pour que j'écoute en paix ce que dit ma pensée,

Ce Paris, à la voix cassée,

Bourdonne encor trop près de moi.

Je veux fuir assez loin pour qu'un buisson me cache

Ce brouillard, que son front porte comme un panache,

Ce nuage éternel sur ses tours arrêté ;

Pour que du moucheron, qui bruit et qui passe,

L'humble et grêle murmure efface

La grande voix de la cité !

26 août 1828.

IV

Oh ! sur des ailes dans les nues

Laissez-moi fuir ! laissez-moi fuir !

Loin des régions inconnues

C'est assez rêver et languir !

Laissez-moi fuir vers d'autres mondes.

C'est assez, dans les nuits profondes,

Suivre un phare, chercher un mot.

C'est assez de songe et de doute.

Cette voix que d'en bas j'écoute,

Peut-être on l'entend mieux là-haut.

Allons ! des ailes ou des voiles !

Allons ! un vaisseau tout armé !

Je veux voir les autres étoiles

Et la croix du sud enflammé.

Peut-être

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