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Est-Ce La Nécessité Qui Pousse L'homme À Travailler ?

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ire à la survie : il faut manger. Dans l’Antiquité grecque, le travail n’était pas une activité digne de l’homme car il soumettait ce dernier aux nécessités naturelles et l’identifiait ainsi à l’animal. Le travail n’était pas une activité d’homme libre, il était l’occupation des esclaves.

Le travail s’explique bien par la nécessité de répondre aux besoins vitaux de l’homme, besoins qui le situent au rang de l’animal. Cependant, si le travail ne répondait qu’aux besoins vitaux qui permettent à l’homme de vivre, il suffirait de donner un minimum de ressources financières pour satisfaire les besoins vitaux. Une allocation serait une solution idéale pour les chômeurs. Force est de constater que cette solution n’est pas satisfaisante.

Ayant satisfait ses besoins vitaux, l’homme n’en reste pas là. Il va au-delà en accumulant des richesses, en se construisant une image dans la société. L’activité laborieuse se distingue alors par son caractère démesuré. Si le travail qui répond aux besoins vitaux peut trouver une limite, cette nouvelle dimension du travail est marquée par la démesure. En effet, l’histoire montre comment l’homme peut passer sa vie à travailler pour accumuler des richesses. Cette accumulation n’est jamais satisfaisante, il lui en faut toujours plus. Il peut s’épuiser au travail pour atteindre un rang social prestigieux. Ayant atteint ce rang, il ne se repose pas mais se lance de nouveaux défis. Le besoin ne peut expliquer alors le travail, il ne s’agit plus de cette dimension naturelle, mais du désir fondamentalement insatisfait.

Rousseau explique cette différence chez l’homme à partir de la distinction entre amour de soi et amour propre. « L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits; mais l’amour-propre qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible ». Passant par le regard de l’autre, le besoin se transforme en désir qui ne peut maîtriser son objet : autrui. Il est en quête inlassable de satisfaction. Cette recherche permet de comprendre la folie de l’homme se livrant à un travail toujours plus exigeant.

L’homme ne cherche pas seulement à satisfaire ses besoins par le travail, mais aspire à un statut social, à la richesse, à la gloire. L’homme est marqué par une insatisfaction fondamentale qui disperse le besoin en de multiples désirs toujours renaissants. L’ascèse des moines qui travaillent un minimum pour s’adonner à des activités spirituelles et intellectuelles témoigne à contrario de cet excès. Ce n’est pas la nécessité mais le désir marqué par le superflu qui explique le labeur de l’homme.

Cependant en rester au besoin et au désir pour expliquer le travail ne suffit pas. La démesure du travail annonce un seuil entre l’animal et l’homme, seuil qui prend une dimension ontologique. La nécessité du travail ne s’inscrit pas seulement dans le besoin et le désir mais plus radicalement dans la manière d’être propre à l’homme.

Hegel distingue ces deux manières d’être. L’animal, et avec lui les choses de la nature, sont immédiatement elles-mêmes, elles sont pleinement ce qu’elles sont, elles sont « en soi ». Par contre l’homme ne se satisfait pas d’être là. Encore faut-il qu’il se représente à lui-même, c'est-à-dire qu’il prenne conscience de lui-même. Ce désir de reconnaissance de soi passe par le travail de l’activité théorique et pratique. Dans l’œuvre accomplie, intellectuelle ou manuelle, l’homme se reconnaît lui-même. Elle confère à la fragilité de son être, la stabilité de la chose. Il ne suffit pas de dire que l’on est poète, encore faut-il écrire une œuvre. Par le travail qui transforme le monde, l’homme marque du sceau de son intériorité l’étrangeté du monde, il le transforme à son image afin de se reconnaître. L’homme n’est pas seulement « en soi », il est « pour soi » un projet, il a à advenir à lui-même à travers son travail. Le travail est comme un médiateur entre l’homme et lui-même, au même titre que les autres consciences.

Ainsi le travail ne répond pas seulement à une nécessité vitale, mais aussi à une nécessité existentielle. Marx reprend cette analyse dans une perspective économique et politique. Le travail détermine un mode de vie unique dans la nature : l’homme se définit par le fait qu’il produit ses moyens de subsistance contrairement aux animaux. Son engagement philosophique et politique ne vise pas à supprimer le travail mais les conditions socio-historiques qui font du travail une aliénation. Au terme de la préhistoire constituée par la lutte des classes, l’homme travaillera toujours, mais autrement. Les moyens de production étant partagés, il ne sera pas privé de son outil de production, de sa

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