DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Baudelaire

Mémoire : Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 7

fs comme un héros

Et discutant avec mon âme déjà lasse,

Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.

Tout à coup, un vieillard dont les guenilles jaunes

Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux,

Et dont l'aspect aurait fait pleuvoir les aumônes,

Sans la méchanceté qui luisait dans ses yeux,

M'apparut. On eût dit sa prunelle trempée

Dans le fiel; son regard aiguisait les frimas,

Et sa barbe à longs poils, roide comme une épée, Se projetait, pareille à celle de Judas.

« Les Sept vieillards » page 1/3

« Les Sept vieillards » page 1/3

Il n'était pas voûté, mais cassé, son échine

Faisant avec sa jambe un parfait angle droit,

Si bien que son bâton, parachevant sa mine,

Lui donnait la tournure et le pas maladroit

D'un quadrupède infirme ou d'un juif à trois pattes.

Dans la neige et la boue il allait s'empêtrant,

Comme s'il écrasait des morts sous ses savates,

Hostile à l'univers plutôt qu'indifférent.

Son pareil le suivait: barbe, œil, dos, bâton, loques,

Nul trait ne distinguait, du même enfer venu,

Ce jumeau centenaire, et ces spectres baroques

Marchaient du même pas vers un but inconnu.

À quel complot infâme étais-je donc en butte,

Ou quel méchant hasard ainsi m'humiliait?

Car je comptai sept fois, de minute en minute, Ce sinistre vieillard qui se multipliait!

Il n'était pas voûté, mais cassé, son échine

Faisant avec sa jambe un parfait angle droit,

Si bien que son bâton, parachevant sa mine,

Lui donnait la tournure et le pas maladroit

D'un quadrupède infirme ou d'un juif à trois pattes.

Dans la neige et la boue il allait s'empêtrant,

Comme s'il écrasait des morts sous ses savates,

Hostile à l'univers plutôt qu'indifférent.

Son pareil le suivait: barbe, œil, dos, bâton, loques,

Nul trait ne distinguait, du même enfer venu,

Ce jumeau centenaire, et ces spectres baroques

Marchaient du même pas vers un but inconnu.

À quel complot infâme étais-je donc en butte,

Ou quel méchant hasard ainsi m'humiliait?

Car je comptai sept fois, de minute en minute, Ce sinistre vieillard qui se multipliait!

« Les Sept vieillards » page 2/3

« Les Sept vieillards » page 2/3

Que celui-là qui rit de mon inquiétude

Et qui n'est pas saisi d'un frisson fraternel

Songe bien que malgré tant de décrépitude

Ces sept monstres hideux avaient l'air éternel!

Aurais-je, sans mourir, contemplé le huitième,

Sosie inexorable, ironique et fatal

Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même?

— Mais je tournai le dos au cortège infernal.

Exaspéré comme un ivrogne qui voit double,

Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté,

Malade et morfondu, l'esprit fiévreux et trouble,

Blessé par le mystère et par l'absurdité!

Vainement ma raison voulait prendre la barre;

La tempête en jouant déroutait ses efforts,

Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre

Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords!

Que celui-là qui rit de mon inquiétude

Et qui n'est pas saisi d'un frisson fraternel

Songe bien que malgré tant de décrépitude

Ces sept monstres hideux avaient l'air éternel!

Aurais-je, sans mourir, contemplé le huitième,

Sosie inexorable, ironique et fatal

Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même?

— Mais je tournai le dos au cortège infernal.

Exaspéré comme un ivrogne qui voit double,

Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté,

Malade et morfondu, l'esprit fiévreux et trouble,

Blessé par le mystère et par l'absurdité!

Vainement ma raison voulait prendre la barre;

La tempête en jouant déroutait ses efforts,

Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre

Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords!

« Les Sept vieillards » page 3/3

« Les Sept vieillards » page 3/3

Les Sept vieillards

Commenté

Les Sept vieillards

Commenté

Le Soleil

Le Soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures

Les persiennes, abri des sécrètes luxures,

Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés

Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,

Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,

Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,

Trébuchant sur les mots comme sur les pavés

Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,

Eveille dans les champs les vers comme les roses;

II fait s'évaporer les soucis vers le ciel,

Et remplit les cerveaux et les ruches le miel.

C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles

Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,

Et commande aux moissons de croître et de mûrir

Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir!

Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,

II ennoblit le sort des choses les plus viles,

Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,

Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures

Les persiennes, abri des sécrètes luxures,

Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés

Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,

Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,

Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,

Trébuchant sur les mots comme sur les pavés

Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,

Eveille dans les champs les vers comme les roses;

II fait s'évaporer

...

Télécharger au format  txt (9.2 Kb)   pdf (87.4 Kb)   docx (8.9 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com