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Croyance Et Savoir

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rivés, parallèles et inégales : • savant, sagesse (sapientia, issu de sapere) et le vieux sapience ! • science, scientifique, jadis : scient (au sens de “savant”) et le tour figé à bon escient. * Voyons à présent les relations sémantiques et symboliques qu’entretiennent les termes et surtout, à travers eux, les concepts de savoir et de croyance. Nous empruntons beaucoup ici à la remarquable synthèse opérée par J-C. Guillebaud dans son récent ouvrage Le Goût de l’avenir, Éditions du Seuil, 2003, Ch. 8 : Entre savoir et croyance.

2 L’histoire du XX° s. a fini par nous faire tenir le concept de croyance luimême en suspicion. Le “grand naufrage de 1989” a marqué la défaite du “croyant” face au prudent sceptique, l’échec du militant face au circonspect. La noblesse du scepticisme contemporain est de récuser la clôture mentale et l’enfermement satisfait, de s’interdire toute certitude non fondée, et de ne plus accepter qu’une croyance collective vienne nous dispenser de penser. À la croyance, nous avons donc concédé un statut subalterne et un ultime refuge : celui de la vie privée, et à la condition expresse qu’elle n’engendre pas de prosélytisme. La distance prise à l’égard de la conviction est devenue un principe fondateur de la démocratie moderne. Dans cette optique, la seule croyance nécessaire est la croyance en la loi, l’adhésion volontaire à ce “bien” immanent que représente la règle juridique démocratiquement élaborée. Mais le scepticisme démocratique conduit souvent au relativisme : or, ce dernier entraîne à relativiser le relativisme lui-même, qui n’est qu’une croyance comme les autres… La circularité du relativisme radical mène vers un déni de l’universel. Le relativisme culturel est redoutable, car il détruit l’idée même de culture. On ne peut parler avec détachement du nihilisme – stade extrême du relativisme comme si rien ne s’était passé au XX° s. Le nihilisme est une des sources et des causes des mouvements fondamentalistes et terroristes d’aujourd’hui – qui ne sont nullement les héritiers d’une foi vivante. Le scepticisme-nihilisme contemporain n’a rien à opposer à ce retour du mal et des manichéismes les plus primitifs qu’il fait renaître en Occident. Attention au schématisme de l’opposition entre “l’univers des affects, de l’émotion” et “l’espace de la pure connaissance – scientifique ou pas”. La frontière entre croyance et savoir est loin d’être aussi tranchée. Le fonctionnement “pur” de l’intellect conduit aussi bien à la rigueur déductive et démonstrative quasi “mathématique” qu’au sophisme, qui est son contraire et permet de développer, en toute rectitude mentale,… des absurdités et des paralogismes, c.-à-d. de “parfaites” contrevérités ou des contradictions insurmontables (apories : cf. la flèche de Zénon d’Élée ou le paradoxe du Crétois). Si je crois qu’une chose est vraie, alors de manière concrète, je sais que c’est vrai et je ne vivrai pas cette certitude comme aléatoire. C’est la “mauvaise foi” de Sartre : il nous arrive de croire à notre insu, alors même que nous sommes persuadés de savoir. Ces travestissements prennent parfois un caractère idéologique : pseudosciences de l’économie et de la monnaie, terrorisme des concepts et du quantitatif statistique. Dans les marchés financiers, règne l’influence de croyances, d’émotivités fantasques ou même de superstitions. Le discours libéral est bien plus religieux qu’il ne le pense.

3 La science elle-même est pénétrée de croyances, d’engouements futiles ou d’obstinations tyranniques, cf. la thèse de la “génération spontanée”, détruite par Pasteur seulement en 1862 ou encore celle de Lavoisier au XVIII° s. : ”Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme” (loi de la conservation de la masse, qui n’est plus valable en physique nucléaire), etc. Konrad Lorenz disait en 1975 : La plupart du temps, ce qui a commencé par être une théorie scientifique devient bien souvent, au bout d’une ou deux générations, une idéologie ou un dogme. Les théories scientifiques sont toujours plus ou moins engluées dans les croyances de leur temps. Il faut se tenir à distance de deux égarements symétriques : fanatisme et scientisme. La question des rapports entre savoir et croyance est au cœur de l’histoire occidentale. Contrairement à ceux qui parlent du Moyen Âge comme d’une époque obscurantiste, la pratique intellectuelle

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