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Exposé Marin Marais

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n. En effet dans La leçon de musique le romancier annonce que le jeune homme quitte de son plein gré la chantrerie à l’âge de 16 ans « perdu sa voix puérile depuis longtemps ». Or dans Tous les matins du monde, il présente ce départ comme un choc brutal, presque tragique vécu par le musicien. Voir 1. L’histoire de Marin Marais dans La leçon de musique (1. La source principale : Titon du Tillet) p.130 Folio+.

* Description d’un personnage complexe

Marin Marais est un personnage central. Dans le roman et dans le film, ce personnage, tout comme son maître est marqué par une blessure, une souffrance. Ainsi, à l’instar de Sainte Colombe qui lui est marqué par le deuil et se réfugie donc dans la musique ; Marin Marais lui est victime de sa maturité mis en évidence par sa mue. Aussi cet œuvre littéraire et cinématographique retrace le parcours initiatique du personnage.

Dans l’adaptation de Corneau, il est plus facile de remarqué le dilemme qui se joue dans l’esprit du musicien. En effet, il est partagé entre la musique de cour lui conférant une ascension sociale et la « vraie musique » capable de « réveiller les morts » qu’essaie de lui enseigner Sainte Colombe.

Portrait du personnage

Á partir du chapitre 8 du roman et du chapitre 7 du film, Marin Marais apparaît comme un jeune homme : « un jour un grand enfant de 17 ans, rouge comme la crête d’un vieux coq, vint frapper à leur porte », il est alors le symbole de la vie et de la vivacité qu’il introduit dans le domaine des Sainte Colombe.

Dés sa première entrevue avec Mr de Sainte Colombe, il affiche son ambition : « C’est alors qu’il s’était dit qu’il allait quitter à jamais sa famille, qu’il deviendrait musicien, qu’il se vengerait de la voix qui l’avait abandonné, qu’il deviendrait un violiste renommé ». Au contraire de son maître qui dévoile une certaine sensibilité, notamment en compagnie de sa femme, Marin Marais semble dépourvu de celle-ci. Ainsi la première partie de l’œuvre met essentiellement l’accent sur le perfectionnement de sa technique musicale et du sexe. Décrit comme un libertin qui ne recherche que le confort et le plaisir (à la cour et dans les plaisirs sexuels : Madeleine et Toinette), Marin Maris se révèle être un personnage délicat troublé par son humiliation.

I. Le rapport de Marin Marais à la musique

A. Un instrument de vengeance

Pour Quignard, l’homme subit trois traumatismes dans sa vie : la naissance (le fait d’enlever l’enfant à sa mère : dans ce cocon qui le protège), l’apprentissage de la langue et la mue. Ces évènements l’éloigneraient petit à petit de son état originel et pur.

Son roman Tous les matins du monde évoque à travers le personnage de Marin Marais, le troisième sacrifice. Ici, il est vécu comme une privation, une tragédie. Ainsi, le jeune musicien ne subit pas uniquement une transformation physique, mais surtout une cassure avec le lien de son enfance. La perte de sa voix puérile est une blessure : « la blessure qu’il avait reçue à la gorge lui paraissait aussi irrémédiable que la beauté du fleuve ». Par ailleurs, c’est aussi une déchéance sociale puisqu’il est renvoyé de Saint-Germain l’Auxerrois où il était depuis neuf ans et est renvoyé à ses origines sociales modestes qui le répugnent.

Sa seule consolation est de retrouver sa voix par l’intermédiaire de la viole de gambe qui, grâce à la septième corde de Sainte Colombe lui permettra d’interprété toutes les vibrations de la voix humaine. « Du soupir d’une jeune femme au sanglot d’un homme qui est âgé, du cri de guerre de Henri de Navarre à la douceur d’un souffle d’enfant qui s’applique et dessine, du râle désordonné auquel incite quelquefois le plaisir à la gravité presque muette, avec très peu d’accords, et peu fournis, d’un homme qui est concentré dans sa prière ».

Dans le film, le changement de plan : du plan rapproché [jusqu’au buste] au gros plan [sur le visage] et les expressions corporelles de Marin Marais renforcent le dégoût du personnage envers cette perte de voix et de rang social. De plus, son apparence juvénile, orgueilleuse et fragile traduit une personnalité hésitante traumatisée par son humiliation.

Ainsi, l’apprentissage de la viole est pour Marin Marais, un moyen de « se venger de la voix qui l’avait abandonné ». Á ce moment précis du récit, deux conceptions musicales s’opposent : la musique utilitaire et la musique essentielle, mettant aussi en opposition les personnages de Marin Marais et de Sainte Colombe.

B. Un levier social

Marin Marais est perçu comme un ambitieux ayant pour seul guide la musique. Sa réussite sociale et artistique est assurée à Versailles. Ce récit est quasiment centré sur un même lieu : le domaine de Sainte Colombe, il n’y a que quelques allusions dans le roman et seulement quelques séquences dans le film essentiellement au prologue et à l’épilogue où l’on peut remarquer le prestige de Marin Marais. Nommé « musicqueur » du roi à 20 ans et ordinaire de la Chambre du roi à 23 ans, la vie du personnage exposé selon le point de vue de son maître est relié à une critique, une image négative de Marin Marais. Pour Sainte Colombe, le jeune homme est principalement attiré par les lumières de la Cour qui sont pour lui superficielles et une insulte à la musique.

Aussi dans le livre et dans le film pouvons-nous remarquer une transition qui marque l’émancipation du jeune musicien et le rejet de son maître. En effet, il est de plus en plus fasciné par les fastes de la Cour perruques bouclées, poudre, habit somptueux, dentelles et rubans en profusion.

Cette évolution du personnage où le spectateur peut constater que plus il vieillit plus ses habits sont luxueux témoignant alors de son ascension.

Sa rencontre avec la famille Sainte Colombe est comme une prémonition à sa réussite sociale et artistique ce que prouve le contraste des couleurs en opposition. En somme, le rouge de Marin Marais, le fait qu’il soit en permanence baigné de lumière, la présence de la nature qui l’entoure son des indices à sa future réussite. D’ailleurs, la critique que lui fait Sainte Colombe lors de leur deuxième rencontre est un autre signe de cette ascension :

« Votre jeu ne manque pas de sentiments. Votre archet bondit, votre main gauche saute comme un écureuil, elle file comme une anguille sur les cordes, vos ornements sont ingénieux et parfois charmants, mais je n'ai pas entendu de musique. Vous pourrez aider les gens qui dansent, vous pourrez accompagner les acteurs qui chantent sur scène. Ce que vous écrirez plaira, n'épouvantera jamais. Vous gagnerez votre vie et votre vie sera entourée de musique, mais vous ne serez pas musicien. » (Chap. 10)

De plus, l’on peut ajouter qu’une sorte de caricature à son élévation sociale est mis en évidence dans le film et dans le roman. Á la fin de sa vie, couvert d’honneur, de poudre et de rubans, célèbre et admiré, il apparaît aux spectateurs gras et impotent. Parlant de lui à la troisième personne, il se décrit comme étant un « imposteur ». D’autant plus que lors de sa visite à Madeleine, celle-ci accentue son évolution dans la société par cette phrase : « Vous êtes plein de rubans magnifiques, Monsieur, et gras » et « Elle trouvait que ses hauts-de-chausses en satin bleu étaient trop serrés : quand il bougeait, ils moulaient ses fesses, marquaient les plis du ventre et le renflement du sexe. »

Aussi le contraste entre le rouge et le noir, l’ascension sociale, le désir de vengeance par la musique représentant respectivement Marin Marais et Sainte Colombe mettent bien en évidence l’opposition des valeurs du maître et de son élève.

II. L’opposition de Marin Marais aux valeurs jansénistes

Rappel des valeurs Jansénistes

C’est un courant religieux et doctrinal dont le précepteur se nomme Jansénius : évêque d’Ypres (mort en 1638). Le Jansénisme est apparu aux XVIIe et XVIIIe siècles dans beaucoup de régions en France, de Belgique, de Hollande, d’Italie et d’Allemagne. L’on connaît de nombreux partisans célèbres ayant adopté le jansénisme dont Blaise Pascal le philosophe français. Cette doctrine est une conversion intérieure qui passe par l’isolement et le refus de la vanité sociale et mondaine. Invite dans Folio + à consulter p.111 sur jansénisme.

Quelques principes propres au jansénisme :

* rigueur morale extrême

* valeur exclusive accordée à l’écriture, aux Pères de l’Église

* mystique du cœur

* austérité et simplicité

* doctrine de la grâce (le pardon)

Il faut savoir que la doctrine janséniste à propos de la grâce a été vigoureusement critiqué et condamnée en 1653, elle comportait en effet une croyance selon laquelle Jésus était mort pour seulement quelques élus et qu’une masse nombreuse était destinée à la damnation. Par ailleurs, le jansénisme en France

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