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Hussein Al-Barghouti - Lumière Bleue

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nce à Seattle ayant fait de lui une autre personne qu’il ne semble pas vivre, un autre « qui parle d’une autre voix et fait d’autres rêves ».[2] Ce désordre aurait été rétablit ayant atteint l’idéal poétique que l’auteur n’aurait cessé de rechercher.

1.2. Synopsis

Lumière bleue, traduit de l’arabe dont le titre original est Al-daw al-Azraq, retrace la période durant laquelle l’auteur, qui est aussi le narrateur, se retire aux Etats-Unis et étudie à l’université américaine de Seattle.

Durant le récit, différents personnages marginaux atteints d’une sorte de folie interviennent, chacun ayant un univers assez énigmatique bien à part. L’un dessinant sans cesse des paons bleus, l’autre redoutant un lapin qui fait dégringoler des gros cailloux sur sa maison, …

Le narrateur tisse des liens forts avec ceux-ci, mais plus particulièrement avec Bari, un clochard ou vagabond soufi d’origine turque aux pensées parfois incompréhensibles. Celui-ci semble être empreint de culture indienne car il semble avoir recours à certaines littératures orientales, par exemple aux Upanishads qui sont d’antiques textes sacrés de l’Inde, mais aussi à des écrits d’un moine bouddhiste tibétain, ou encore de textes traitant des Amérindiens, afin d’établir sa propre philosophie.

Folie ou sagesse ? Hussein cherchera à le comprendre, devenant par la suite son élève à qui il enseignera sa pensée, sa philosophie.

Barghouti apprend donc à entrer dans le jeux de ces personnages aux pensées délirantes, hors réalités, avec lesquels le dialogue est souvent difficile, tente de comprendre, de traduire chacune de leurs pensées qu’il associe à de la philosophie et médite sur celles-ci.

Hussein est un être très préoccupé tant dans le récit que dans la vie réelle, comme précisé dans la biographie. Dans le récit, sa vie lui échappe, il recherche toujours un but, un sens à lui donner. Il ne semble pas ancré à une personnalité, à une existence qui lui est propre mais plutôt à la certitude que sa vie n’est qu’une succession de distorsions par rapport à celle qu’il aurait du vivre et qui donc, ne cesse de lui échapper.

Il a beau être cultivé, sain d’esprit, avoir fait des études supérieurs, ce n’est pas suffisant. Son esprit, « désert vide habité par un être à genoux rongeant son cœur » [3], est préoccupé. Il va jusqu’à frôler la folie et cherche alors à donner une explication à celle-ci, à la rendre rationnelle, à la comprendre. Mais ce n’était pas la meilleure chose à faire et il s’en rend bien compte grâce à Bari.[4]

En réalité, il réfléchit beaucoup mais quelque chose pose problème. Bari qui le prendra sous son aile, l’éclaircit sur la question : l’important n’est pas l’objet de la réflexion, mais plutôt le comment.

Vivant l’instant présent dans sa tête, Hussein ne ressent pas ce qu’il pense, son cœur n’a pas de place dans sa réflexion, il fait preuve d’objectivité intellectuelle. Son « mental prend le dessus sur son âme et ainsi, son cœur se dessèche »5. A force de trop penser, sa propre vision des choses est altérée et n’est plus apparente, évidente. Il est tellement objectif qu’il en devient factice. Il n’y a plus cette authenticité qui fait de chaque être quelqu’un d’unique et de vrai.

Dans ces conditions, l’homme devient quelqu’un qu’il ne vit pas avec sa propre âme, spiritualité et donc devient un être factice, « une réalité que sa propre existence se charge de contredire ».5 Le narrateur sera donc en quête d’une façon de penser idéale, d’une philosophie, d’une identité, qui est je pense, la « lumière bleue ».

1.3. Le titre

Le titre, de prime à bord, n’évoque pas vraiment le contenu de l’histoire au lecteur qui ne l’a pas encore découvert. Ce n’est qu’à la fin du livre que l’on découvre qu’il a été pertinemment choisi. En effet, Hussein, étant à la recherche d’un sens de la vie, est en fin de compte à la recherche, selon moi, d’une vision des choses, d’une « croyance » sur laquelle se reposer, d’une identité, d’une philosophie qui l’aiderait à atteindre son but car il est impossible d’y arriver, de découvrir ce sens sans passer par de nombreuses réflexions, sans être aidé par une quelconque spiritualité.

La Lumière bleue semble être une étrange intuition, une vision des choses, un état d’esprit voire une philosophie permettant d’atteindre un monde suprasensible. Peut-être la paix intérieure ?

Ainsi, selon Hussein, le meilleur moyen d’acquérir cette lumière serait de revêtir des masques tels que celui de la normalité afin de dissimuler aux autres ce qu’il y a en lui. Ce masque doit être très solide de sorte que les gens ne puissent pas le traverser, voir en lui, qu’ils restent à distance de son fort intérieur car ils seraient capables de détruire un homme. Ce qu’il semble avoir vécu. C’est pourquoi cette recherche de lui-même fut très importante afin de rétablir l’ordre dans son esprit. Ensuite, il devrait limiter ses relations et ne s’ouvrir uniquement qu’à des êtres « d’exceptions ». Le masque parfait serait celui qui « offre à

l’extérieur une apparence à travers laquelle nul ne peut voir, sauf celui qui voyage avec la Lumière bleue ».[5]

Cette philosophie ne dépend donc que de l’être lui-même et ne peut être atteinte que par un travail personnel, sur soi, instaurant une carapace ne laissant pénétrer aucune autre personne car celle-ci pourrait endommager, altérer l’esprit et y créer la confusion, déranger la paix intérieure que l’être se serait établi.

Décomposons à présent le titre en deux parties : la lumière et enfin, le bleu.

La lumière pourrait être le symbole de la libération de l’esprit, l’apaisement d’un conflit spirituel, de la pureté, de la paix ou encore de la science infuse. Elle pourrait aussi avoir une origine plus spirituelle car lorsque l’on s’attarde sur l’origine étymologique du mot « dieu », on découvre que celui-ci prend sa racine de « dei » qui comporte l’idée de briller.

Il y a trois thèmes qui en dérivent, tous tournant autour du ciel, de la lumière, du jour ou encore de la divinité. La lumière peut donc être comparée à un être suprême, à un dieu ou peut-être à un état d’esprit reflétant la perfection nécessaire pour atteindre le ciel.[6]

Mais qu’en est-il du bleu ?

Hussein a cet intérêt, cette attirance pour cette couleur depuis son enfance. Qu’a-t-elle de spécial ? Quelle en est la raison ?

Le bleu est le lien entre ciel et mer, les paysages qu’évoquent toujours notre auteur lors de la narration de ses souvenirs d’enfances. Dans le récit, on apprend que pour les bouddhistes tibétains, c’est la couleur de l’énergie créatrice émanant de notre nature originelle.[7]

Peut-être serait-ce alors une couleur divine ? La couleur reflétant la suprématie ?

Pour Hussein, le bleu représente la couleur de l’étrangeté et de l’exil, du mystère et du ciel d’enfance. Ceci rappelle bien la situation de l’auteur exilé à Seattle et empreint d’une nostalgie marquée aux paysages de son enfance.

Selon la chromothérapie, méthode d’harmonisation et d’aide à la guérison naturelle des maladies par les couleurs provenant de la lumière, le bleu aurait un effet de paix et de tranquillité. Cette couleur « ouvre » le mental. [8] Elle convient donc bien à la nervosité chronique dont serait atteint Barghouti, comme précisé dans le récit. Elle permettrait de calmer ses nerfs, de reposer son esprit, de l’ouvrir. Le choix de cette teinte donnée à la lumière semble alors pertinente.

Cependant, on découvre, toujours dans le récit, que le bleu a aussi une connotation démoniaque, étant la couleur de l’âme instigatrice du mal, et donc d’une part de celle de Hussein, l’incitant même au crime car il craint de se dédoubler, que l’une de ses personnalités n’en commette un tandis que l’autre n’en saurait rien.

Je n’ai trouvé aucune source fiable afin de confirmer cette seconde nature. Cependant, j’ai découvert un livre de Jörg Kastner (écrivain allemand),nommé La couleur bleue et dont le bleu est le sujet principal. Dans ce récit, un teinturier, spécialiste du bleu, assassine sa famille. Le lendemain, c’est au tour d’un gardien de prison de commettre un massacre. Lors de chaque meurtre, un mystérieux tableau bleu apparaît.

« Couleur rare et sacrée, serait-elle l’incarnation du mal et du crime ? »[9]

Barghouti n’est donc pas le seul a proposer cette connotation négative à la couleur bleue.

Aussi, on voit apparaître une deuxième couleur qui, à l’instar du bleu, n’a pas beaucoup d’importance dans le récit : le jaune.

Etant celle du sentiment de culpabilité et de la peur, elle représente aussi une part de son âme. Il n’en parle que brièvement, durant une demi-page.

Barghouti devait sans doute faire allusion au jaune lunaire, couleur de l’or terni car celle-ci symboliserait l’inconstance, la jalousie, les passions dépravées, l’adultère, la culpabilité, la trahison.[10]

Cependant, il ignore quelle en est

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