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Le Deroulement d'Ensemble Mai 68

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ut « gauchistes ». Après un moment de flottement, ils essayent toutefois de gagner les ouvriers à cette « révolte ». La CGT, pour sa part, ne les suit pas et son secrétaire général de l'époque, Georges Séguy, s'en expliquera plus tard devant les médias : « Cohn-Bendit qui est-ce ? Sans doute faites-vous allusion à ce mouvement lancé à grand renfort de publicité qui, à nos yeux, n'a pas d'autre objectif que d'entraîner la classe ouvrière dans des aventures en s'appuyant sur le mouvement des étudiants ». Mais la base de ces organisations traditionnelles de gauche dépasse leurs responsables.

Dans la nuit du 10 au 11 mai, les étudiants occupant le Quartier latin dressent plusieurs dizaines de barricades qui sont finalement prises d'assaut dans la nuit par les CRS. On relève des centaines de blessés. Alain Krivine, ou Hervé Chabalier, de la JCR, Daniel Cohn-Bendit, de nombreux « vieux » de l'Union des étudiants communistes (UEC) (Alain Forner, André Sénik, Michel Butel, Serge July, Prisca Bachelet, Jean-Louis Péninou) ou de l'UNEF, René Riesel, Guy Debord de l'internationale situationniste etc., sont présents lors de ce soulèvement spontané. Face à la répression policière, la population (y compris les professeurs5) a tendance depuis les premiers jours à prendre majoritairement fait et cause pour les étudiants. À l'aube, syndicats et partis appellent à une démonstration de solidarité pour le surlendemain. Le Centre catholique des intellectuels français (CCIF), dirigé par René Rémond, qui, en voyage en Italie, délègue ses pouvoirs à Jean-Marie Mayeur, s'abstient prudemment de toute déclaration concernant l'agitation étudiante, ne condamnant ni ne soutenant le mouvement5; le professeur d'histoire Pierre Riché compare celui-ci aux contestations étudiantes du XIIIe siècle5. Les professeurs sont en effet divisés : à Nanterre, Pierre Goubert, Claude Willard, François Billacois, Denise Grodzynski, Anne Zink, Simone Roux et Jean-Claude Hervé sont plutôt favorables aux revendications étudiantes, sinon à leur forme5; François Crouzet, Frédéric Mauro, Jacques Heers, André Chastagnol ou François Caron s'y opposent5.

Le 11 mai, de retour d'Afghanistan, le Premier ministre Georges Pompidou cède aux revendications du SNESup et de l'UNEF et ordonne la réouverture des universités5.

Le lundi 13 mai, une immense manifestation traverse Paris. Le syndicat CFDT parle d'un million de manifestants. La préfecture de police n'en concède même pas deux cent mille.

Les syndicats, avec en tête la C.G.T., espèrent, avec cette manifestation symbolique, empêcher que les troubles dans le milieu universitaire ne contaminent les ouvriers ; ils voient d'un mauvais œil la montée en puissance de ce mouvement spontané et incontrôlable par eux et qui n'obéit pas aux slogans habituels. Finalement, l'enterrement espéré par les syndicats va déboucher sur une crise qui va devenir politique et sociale, à la suite de la politisation de la Sorbonne, rouverte sur ordre de Pompidou, qui se transforme en université populaire et va devenir, de façon éphèmère, le foyer central de la contestation, mais surtout à partir du débrayage général qui commence le 14 mai à l'usine Sud-Aviation à Bouguenais puis va s'étendre petit à petit à tout le pays. L'appel également lancé de la sorbonne le 16 mai par le comité d'occupation pour l'occupation immédiate de toutes les usines en France et la formation des conseils ouvriers suscite les craintes des autorités (communiqué de 19 h de Pompidou).

Le chef de l'État, le général de Gaulle, en voyage officiel en Roumanie du 14 au 19 mai, n'accorde initialement pas beaucoup d'attention à ces manifestations. Il laisse son Premier ministre Georges Pompidou s'en occuper : on dira de lui plus tard que « rares sont les hommes politiques, tel M. Pompidou, pour encaisser à ce point pendant les insultes ». Celui-ci a interrompu le 12 un autre voyage officiel en Afghanistan pour faire face à la situation. Il exige que les forces de police quittent la Sorbonne, afin de calmer la situation. On croit alors qu'il tergiverse et cède mais en réalité ce mouvement est tactique : il espère que les excès des étudiants déconsidéreront leur mouvement au regard de l'opinion (lettre citée par Raymond Aron dans ses Mémoires, p. 667). Sceptique face à cette ligne de modération tactique, de Gaulle reste pour l'heure à l'écart, en se réservant la possibilité d'intervenir si besoin.

Sans mot d'ordre aucun, et à la surprise des responsables de chaque camp, la grève générale symbolique prévue pour le 13 mai ne s'arrête pas à ce jour-là. Le mouvement ne fait au contraire que s'étendre rapidement dans le courant du mois : c'est la première grève générale sauvage de l'Histoire. C'est aussi la première fois qu'une grève générale paralyse un pays parvenu au stade de la société de consommation.

Des grèves et occupations d'usine spontanées se multiplient donc jusqu'à la mi-mai. La première a lieu à l'usine Sud-Aviation Bouguenais (44) le 14 mai avec 2682 salariés. Le 22 mai, 10 millions de salariés ne travaillent pas (en grève ou empêchés de travailler). Les syndicats débordés dans le déclenchement de cette grève surprise reprennent petit à petit la tête du mouvement. L'acceptation par les « grévistes sauvages » de l'autorité de leurs syndicats de tutelle va immobiliser la grève dans une situation de statu-quo qui va perdurer jusqu'au 30 mai. De la sorte, Les portes des usines se referment devant les manifestations des étudiants venus défiler à Billancourt, au grand dam des « gauchistes » qui rêvent d'une union sacrée entre intellectuels et ouvriers. Mais les ouvriers eux-mêmes se méfient de ces étudiants gauchistes qu'ils identifient à la classe montante de leurs dirigeants actuels. Cependant, les syndicats, par cette action, n'isolent pas seulement les ouvriers des influences « petite-bourgeoises » des étudiants mais aussi des autres travailleurs d'autres entreprises et empêchent, de la sorte, qu'ils se reconnaissent ainsi des intérêts communs dans cette lutte. Quoi qu'il en soit, leurs revendications du moment ne peuvent en aucun cas être alignées sur les revendications typiques des grèves classiques lancées par la C.G.T ou la C.F.D.T. Certaines restent, certes, traditionnelles par certains côtés (augmentation des salaires, meilleures conditions de travail) mais d'autres sont nouvelles : Il s'agit en effet de revendications qualitatives (pour plus d'autonomie, responsabilité du salarié, forme de cogestion des entreprises, etc.).

Dans tout le pays, la parole se libère et devient pour quelques semaines la raison d'être des Français. Enthousiasmé ou catastrophé, dubitatif ou méditatif, chacun selon sa sensibilité participe ou observe. Des dialogues intenses se nouent dans les rues, entre inconnus, et à travers les générations.

L'un des symboles de ces lieux de débats est le théâtre de l'Odéon à Paris où l'on peut entendre

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