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Les Misérables

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ntemplations (1856) et de la Légende des siècles (1859), il se remet à l'écriture des Misérables, à Guernesey en 1860. L'ouvrage est terminé et publié en 1862 par l'éditeur Lacroix.

Motivation[modifier]

Les Misérables est à la fois un roman réaliste, un roman épique, un hymne à l'amour et un roman social.

Roman réaliste2, Les Misérables décrit tout un univers de gens humbles. C'est une peinture très précise de la vie dans la France et le Paris pauvre du début du XIXe siècle. Son succès populaire tient au trait parfois chargé avec lequel sont peints les personnages du roman.

Roman épique, Les Misérables dépeint au moins trois grandes fresques : la bataille de Waterloo (qui représente pour l'auteur, la fin de l'épopée Napoléonienne, et le début de l'ère bourgeoise ; il s'aperçoit alors qu'il est républicain), l'émeute de Paris en juin 1832, la traversée des égouts de Paris par Jean Valjean. Mais le roman est aussi épique par la description des combats de l'âme : les combats de Jean Valjean entre le bien et le mal, son rachat jusqu'à son abnégation, le combat de Javert entre respect de la loi sociale et respect de la loi morale.

Les Misérables est aussi un hymne à l'amour : amour chrétien sans concession de Mgr Myriel qui, au début du roman, demande sa bénédiction au conventionnel G (sans doute l'abbé Grégoire3 ) ; amours déçues de Fantine et Éponine ; amour paternel de Jean Valjean pour Cosette ; amour partagé de Marius et Cosette. Mais c'est aussi une page de la littérature française dédiée à la patrie. Au moment où il écrit ce livre, Victor Hugo est en exil. Aidé depuis la France par des amis qu'il charge de vérifier si tel coin de rue existe, il retranscrit dans ce roman la vision des lieux qu'il a aimés et dont il garde la nostalgie4.

Mais la motivation principale de Victor Hugo est le plaidoyer social. « Si les infortunés et les infâmes se mêlent (...) De qui est-ce la faute ? » Selon Victor Hugo, c'est la faute de la misère, de l'indifférence et d'un système répressif sans pitié. Idéaliste, Victor Hugo est convaincu que l'instruction, l'accompagnement et le respect de l'individu sont les seules armes de la société qui peuvent empêcher l'infortuné de devenir infâme. Le roman engage une réflexion sur le problème du mal... Il se trouve que toute sa vie Hugo a été confronté à la peine de mort, il a vu des exécutions à la guillotine. Un des thèmes du roman est donc « le crime de la loi ». Si l'œuvre montre comment les coercitions sociales et morales peuvent entraîner les hommes à leur déchéance si aucune solution de réédification n'est trouvée, c'est surtout un immense espoir en la générosité humaine dont Jean Valjean est l'archétype. Presque tous les autres personnages incarnent l’exploitation de l’homme par l’homme. L'exergue d’Hugo est un appel à l'humanité pour qu'elle ne cesse d'œuvrer à des temps meilleurs :

« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » (Victor Hugo, Hauteville-House, 1862)

Influences[modifier]

Robert Laffont et Valentino Bompiani signalent dans Le Nouveau Dictionnaire des œuvres de tous les temps, la présence dans Les Misérables, de l'influence de Balzac (La Comédie humaine), d'Eugène Sue (Les Mystères de Paris) et des romans-feuilletons5.

L'intertextualité de l'œuvre de Balzac dans celle de Victor Hugo est en effet signalée par de nombreux analystes6,7. Victor Hugo fait explicitement allusion, à plusieurs reprises8, dans son roman à l'univers de Balzac qui fut un contemporain avec lequel les échanges furent nombreux9. On y reconnaît ainsi notamment celle du Curé de village avec lequel Monseigneur Myriel présente des points communs10. De même que la parenté entre Vautrin et Jean Valjean (le second étant l'envers positif de l'autre) est assez évidente, le monde et les coutumes des bagnards étant décrits dans Splendeurs et misères des courtisanes11, l'étude intertextuelle des misérables révèle que le forçat se nourrit également d'un autre personnage balzacien, Farrabesche10.

Selon Évelyne Pieiller12, Les Mystères de Paris, roman-feuilleton à succès paru en 1842-1843, avec ses descriptions des bas-fonds parisiens, ouvre la voie à l'œuvre des Misérables de Victor Hugo. Eugène Sue est en effet un des premiers à regarder les miséreux sans manichéisme et à s'adresser au peuple. Victor Hugo lui rend d'ailleurs hommage dans son roman13 et poursuit dans la même route, s'attaquant à l'injustice sociale12.

Les relations entre Victor Hugo et l'univers du roman-feuilleton sont plus conflictuelles. Il ne veut pas que Les Misérables soient édités en roman-feuilleton, comme cela était l'usage pour de nombreux romans populaires, car il est alors en conflit avec le pouvoir en place et condamne la censure de la presse par le pouvoir. Il exige cependant que son œuvre soit publiée dans un format bon marché pour rester accessible. D'autre part, il trouve le style des romans-feuilletons souvent peu travaillé14.

Enfin, homme de son temps, écrivant une histoire contemporaine, Victor Hugo s'inspire des figures de son époque pour camper ses personnages. Les Mémoires de Vidocq, parues en 1828, qui inspirèrent à Balzac le personnage de Vautrin, semble se retrouver en partie dans les deux personnages antagonistes que sont Jean Valjean et Javert. Le premier correspond à Vidocq l'ancien forcat et le second à Vidocq, chef de sûreté de la préfecture de police. C'est, du moins, une observation faite par de nombreuses études15,16,17. Cependant, Victor Hugo ne reconnaîtra jamais l'influence de Vidocq sur la création de ces personnages18.

Réception[modifier]

Les deux premiers tomes des Misérables sont publiés le 3 avril 1862 à grand renfort de publicité, extraits de morceaux choisis dans les journaux et critiques élogieuses19. La suite paraît le 15 mai 1862. À cette époque, Victor Hugo est considéré comme un des premiers hommes de lettres français de son siècle et le public se précipite pour lire son nouveau roman.

Les réactions sont diverses. Certains le jugent immoral, d'autres trop sentimental, d'autres encore trop complaisant avec les révolutionnaires20. Les frères Goncourt expriment leur profonde déception, jugeant le roman très artificiel et très décevant21. Flaubert n'y trouve « ni vérité ni grandeur »22. Baudelaire en fait une critique très élogieuse23 dans les journaux mais en privé le qualifiera de « livre immonde et inepte »24. Lamartine en condamne les impuretés de langue, le cynisme de la démagogie : « Les Misérables sont un sublime talent, une honnête intention et un livre très dangereux de deux manières : non seulement parce qu’il fait trop craindre aux heureux, mais parce qu’il fait trop espérer aux malheureux »25 .

Le livre acquiert cependant un grand succès populaire. Traduit dès l'année de sa parution en plusieurs langues (italien, grec, portugais), il reçoit dans ces pays, de la part des lecteurs, un accueil triomphal26,27.

Utilisation du langage populaire dans Les Misérables[modifier]

D'après Pascal Melka, dans Victor Hugo, un combat pour les opprimés. Étude de son évolution politique28, dans Les Misérables, Victor Hugo a fait revenir le langage populaire dans la littérature. Il emploie l'argot et va jusqu'à consacrer un chapitre à philosopher sur le mot de Cambronne, « peut-être le plus beau mot qui n'a jamais été prononcé ». Tout ceci faisait naturellement scandale dans l'opinion classique. Voici comment Victor Hugo se justifie :

« Lorsqu'il s'agit de sonder une plaie, un gouffre ou une société, depuis quand est-ce un tort de descendre trop avant, d'aller au fond? Nous avions toujours pensé que c'était quelquefois un acte de courage, et tout au moins une action simple et utile, digne de l'attention sympathique que mérite le devoir accepté et

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