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Rites & Croyances

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erche approfondie sur la vie politique, culturelle et religieuse des groupes dominés - esclaves, intouchables, paysans, etc. Il a montré comment la religion chrétienne pratiquée par les maîtres (et par les esclaves en la présence des maîtres) et celle pratiquée par les esclaves (en dehors de la surveillance des maîtres) était radicalement différente. Les esclavagistes américains se servaient de la malédiction de Cham pour justifier l'esclavage. Les prêcheurs qui servaient l'intérêt des maîtres auprès de esclaves insistaient sur les passages de la Bible qui préconisaient de "tendre l'autre joue", d'être humbles, fidèles et obéissants, par exemple ce passage des Ephésiens (6:5-9): "Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ; Ne les servant pas seulement sous leurs yeux, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais comme des serviteurs de Christ faisant de bon cœur la volonté de Dieu; [...] Sachant que chacun, soit esclave, soit libre, recevra du Seigneur selon ce qu'il aura fait de bien". En contraste avec cet accent sur l'obéissance et le dévouement, le christianisme "en coulisses" des esclaves insistait sur les thèmes de la délivrance, de Moïse et de la terre promise, de la captivité en Égypte et de l'émancipation. Nous voyons donc ici comment les conditions et les préoccupations chaque groupe font écho à leurs croyances et pratiques religieuses.

2. Définitions de la religion

On a tendance à voir la religion comme

1) un ensemble de croyances et pratiques organisées autour d’êtres et/ou de forces surnaturel(le)s.

Le surnaturel est le domaine des phénomènes échappant aux lois de la nature, inexplicables et insaisissables par la méthode scientifique. Le surnaturel se situe donc dans champ de l’extraordinaire (miracles, etc.), c’est-à-dire aux antipodes de la vie quotidienne ordinaire. Les forces surnaturelles peuvent être attachées à des êtres surnaturels ou simplement exister par elles-mêmes. Dans de nombreuses sociétés, on considère que l’on peut s’approprier et/ou manipuler les forces surnaturelles (chamanisme, sorcellerie, etc.).

Cette manière de concevoir la religion a été critiquée car toutes les sociétés ne semblent pas avoir de domaine surnaturel. Par exemple, en Ouganda (chez les Nyoro), le terme sorcellerie désigne à la fois des pratiques comme prendre des cheveux ou des morceaux d’ongle d’une personne, les mettre dans une corne animale et mettre cette corne sur le toit de sa victime, ce qui permet de lui porter préjudice, que des pratiques comme mettre du poison dans la nourriture de cette victime. D’un point de vue occidental, on considère ces pratiques sont de deux natures différentes, "magique" et "chimique" par exemple, du point de vue des Nyoro, il s’agit du même type de pratique. En réalité, le terme « surnaturel » est apparu en même temps que la science moderne en Occident. Ce qui était surnaturel était tout ce qui n’était pas encore saisissable scientifiquement. Le surnaturel était incarné au Moyen-Age par la sorcellerie, à notre époque, il l’est par les extra-terrestres.

Même si nous allons l’utiliser dans ce cours, nous sommes, en anthropologie, très prudents avec la notion de « croyance ». Il est difficile d’avoir accès à ce que les gens « croient ». En effet, on n’a accès qu’à ce qu’ils veulent bien nous dire de ces croyances, on a accès à des discours sur ces croyances, pas aux croyances elles-mêmes. C’est pourquoi la notion de « croyance » tend à être remplacée par la notion de « représentation » en anthropologie. Ce n’est pas grave si nous l’utilisons quand même ici, mais tachez de garder à l’esprit qu’en réalité nous ne pouvons pas savoir ce que les gens « croient » ou « pensent » mais seulement ce que les gens disent sur ce qu’ils croient et pensent.

Pour pallier aux faiblesses de cette définition de la religion, il est possible de mettre l’accent non pas sur ce que les gens croient ou pensent mais sur ce que les gens font. La religion peut alors être définie comme

2) Un culte réunissant régulièrement un ensemble de personnes

Les participants adhèrent à, ou acceptent, un ensemble de mythes et de doctrines concernant la relation entre les individus et « le surnaturel », « le divin », « le sacré », ou ce qui constitue la nature ultime de la réalité. Ils partagent des moments d’effervescence émotionnelle intense (communitas) lors de divers rituels. Ils se présentent comme faisant partie d’une communauté, à échelle locale ou transnationale.

Cette définition présente aussi des problèmes. Certaines religions ont un caractère très peu organisé et très peu collectif. Si les pratiquants des « grandes religions du livre » (Judaïsme, Christianisme, Islam) se rendent régulièrement dans un lieu de culte (synagogue, église, mosquée), d’autres religions ne mettent pas autant d’accent sur des rassemblements périodiques. Un bouddhiste peut aller faire ses offrandes (encens, fruits, fleurs) seul, dans un temple ou au petit autel de sa maison, sans forcément « communier » avec d’autres individus.

D'autre part, de plus en plus de personnes se définissent comme « croyantes » mais pas « pratiquantes ». On a alors beaucoup de mal à parler de la religion de ces personnes en invoquant ce qu’ils font puisqu’ils ne pratiquent pas/plus. On a alors pas d’autres choix que d’invoquer de ce qu’ils pensent/croient puisque c’est la seule chose qui les relie encore à la religion.

Et enfin, certaines pratiques, alimentaires et vestimentaires notamment, sont étiquetées "religieuses" quand, en fait, elles sont aussi et peut être avant tout "culturelles". Les discussions qu'on a eues au début de l'année quand on abordé le sujet du repas et de la toilette à travers les cultures en sont le témoin. Il y a différentes manières d'être musulman, différentes manières d'être chrétien, etc. Les pratiques religieuses sont infléchies par la culture, et certaines pratiques dites "religieuses" ne trouvent en fait aucune mention dans des textes sacrés. Mon intention ici n'est pas de montrer que certains individus ont des pratiques "inadaptées" ou "incorrectes" mais de vous proposer l'idée qu'une religion "pure" n'existe pas vraiment. D'autre part, certaines pratiques dites "culturelles" sont en fait d'héritage religieux. Les vacances scolaires en France, par exemple, ont été établies en fonction des fêtes du calendrier chrétien. Même si aujourd'hui on parle de vacances d'hiver ou de printemps, elles demeurent d'un héritage religieux.

Nous avons exploré deux définitions possibles de la religion et illuminé leurs faiblesses. Il s'agit sans doute de penser la religion comme quelque part à mi-chemin entre ces deux définitions.

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|Religion et Magie |

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|Certains scientifiques ont opéré une distinction théorique entre religion et magie, arguant que la religion se préoccupe des grandes |

|questions de l’existence humaine – le sens de la vie, l’au-delà, etc. – tandis que la magie se préoccupe de problèmes plus spécifiques |

|et immédiats - guérir une maladie, faire tomber la pluie, ou s’assurer de sa sécurité pendant un long voyage. De plus, disent ces |

|scientifiques, dans un système religieux, les individus demandent l’intervention des divinités en leur adressant prières et sacrifices, |

|tandis que dans un système magique, les individus se chargent elles-mêmes de manipuler et de contrôler la nature. Finalement, la |

|religion serait de nature plus collective et organisée, tandis que la magie serait plus individuelle et ponctuelle, n’étant sollicitée |

|que quand le besoin se fait sentir. |

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|Il apparait qu’il est très difficile en pratique de séparer les comportements en deux catégories. Il est tout à fait commun pour un |

|individu d’utiliser simultanément des parades qui, selon ces scientifiques,

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