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Une politique sans Etat est elle possible

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Par   •  5 Février 2016  •  Dissertation  •  1 662 Mots (7 Pages)  •  1 401 Vues

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François BERFINI

Terminale S Verte                                                        

        Lorsque Paul Valery dit « Si l'Etat est fort, il nous écrase ; s'il est faible, nous périssons », il souligne d'une part le fait que la société ne peut pas subsister sans un Etat pour l'encadrer. Toutefois, cette citation montre aussi qu'un excès d'Etat comporte également des risques, à la fois pour l'individu et pour la société. Du latin « societas » (association, réunion, communauté) qui dérive de « socius » (associé, compagnon, allié), la société désigne de manière générale tout ensemble formant un groupe d'individus ayant un destin commun et partageant le même espace de vie. Chez l'homme, elle désigne plus particulièrement un mode d'organisation de la vie collective qui relève de la culture et qui est fondé sur des institutions communes, notamment dans le cadre d'un Etat exerçant un cas politique. Celui-ci, dont l'étymologie latine est « status » (action de se tenir, position, état) qui provient de « stare » (se tenir debout, immobile, solidement), désigne l'autorité souveraine qui détient et exerce le pouvoir politique dans une société, c'est à dire qui gouverne le peuple sur un territoire. Nous poserons donc, comme problématique : l'Etat et la société sont- ils réellement indissociables ?

Dans un premier temps nous étudierons les sociétés sans Etat. Ensuite, dans un deuxième temps, l'apport de l'Etat dans la cohésion de la société, puis enfin,  nous nous pencherons, dans un troisième temps,  sur le fait que l'absolue nécessité de l'Etat peut parfois mener à un excès d'Etat.

   Certaines sociétés, comme les sociétés indiennes d'Amérique du Sud sont des exemples d'organisations qui ne possèdent pas d'institutions séparées du pouvoir. Ces sociétés primitives vivent sans Etat. Elles subsistent selon le modèle de la tribu ou de la communauté qui est une forme de société très proche de la famille. L'institution étatique est remplacée par un chef sur le modèle d'un père de famille. Ce n'est pas un chef d'Etat car sa parole n'a pas valeur de loi. Selon l'anthropologue Pierre Clastres dans « la société contre l'Etat », ces organisations s'organisent même contre la confiscation du pouvoir par un seul individu séparé du groupe. Pierre Clastres défend l'idée que les sociétés primitives ne sont pas des sociétés qui n'auraient pas encore découvert l'Etat, mais au contraire, des sociétés construites précisément  pour éviter que l'Etat n'apparaisse. L'autorité de l'Etat, au sens propre du terme, a une légitimité juridique mais concernant les sociétés primitives l'autorité est de nature traditionnelle ou charismatique. Il semblerait possible de concevoir une société encadrée par une autorité de nature différente de celle de l'Etat.

Selon le libéralisme politique, les sociétés n'ont en effet pas besoin d'un Etat, il faut selon cette doctrine politique, limiter les pouvoirs de l'Etat au regard des libertés individuelles. Le libéralisme économique prône le retrait de l'Etat, dans les relations et échanges entre les hommes, celui-ci ne devant jamais intervenir. Le libéralisme économique privilégie ainsi le libre jeu des actions individuelles et préconise de limiter l'intervention de l'Etat dans l'économie. Selon l'économiste libéral Adam Smith, les hommes étant liés par des sentiments naturels, l'Etat ne serait pas une nécessité. L'homme tend vers ses semblables par sympathie, qui découle du fait de se mettre à la place de l'autre. Il n'y aurait pas besoin de lois ni d'Etat pour fonder une société, car la sympathie suffirait à assurer la paix entre les hommes en créant des lois naturelles. Tout comme Aristote dans « l'éthique à Nicomaque» montre que l'amitié semble constituer le lien des cités.

Les anarchistes et Marxistes prônent la libération de la société de l'emprise de l'Etat. Le rêve d'une société sans Etat reste donc présent. Le mouvement anarchiste ( du grec a-narké, « sans pouvoir » ou « sans autorité ») né au XXIème siècle, ne prône pas, comme on le croit souvent, le désordre et le chaos, mais une société idéale fonctionnant sans le contrôle oppressif, pour l'individu, de l'Etat. C'est un mouvement hostile à toute hiérarchie et autorité dont le maître mot « ni Dieu, ni maître » exprime bien le refus d'une autorité de l'Etat. Seules des associations libres doivent suffire  à assurer la coopération sans la tutelle d'institutions étatiques. D'autre part, pour Marx et Engels, l'Etat tel qu'il existe, est un appareil répressif qui représente et reproduit avant tout, les intérêts d'une classe dominante, tout en s'efforçant de dissimuler ce fait. L'Etat instaure et maintient un ordre qui repose, en réalité, sur l'opposition entre dominants et dominés. Selon les Marxistes, il faut se libérer de l'Etat et lorsque la lutte des classes mènera enfin à la société idéale caractérisée par le communisme et l'absence de classes, il n'existera plus d'Etat.

Cependant, si ces mouvements apparaissent comme des exceptions dans la société contemporaine, il semble que cela soit du au fait que l'Etat et la société ne soient pas véritablement dissociables.

           De nos jours, il semble impensable de concevoir une société sans Etat, même si les sociétés primitives subsistaient sans celui-ci. La vie collective, relevant aussi bien du domaine juridique, politique, économique,  social, militaire, est organisée par l'Etat. Les droits fondamentaux tels que la liberté, l'égalité mais aussi le travail, l'éducation, la propriété sont garantis par l'Etat. L'Etat et la société sont deux réalités indissociables selon Rousseau. Dans le discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes , Rousseau fait l'hypothèse qu'avant d'exister à l'état civil, les hommes n'existent qu'à l'état de nature « errant dans les forêts sans industries ». Ils sont solitaires et indépendants, ils ne forment pas une société. C'est seulement par le contrat social et la création de l'Etat que se fonde une société ordonnée.

L'Etat joue un rôle indispensable dans la société pour limiter la violence entre les hommes. En effet, selon Hobbes ou Freud, l'homme serait naturellement « un loup pour l'homme ». Dans le Léviathan (1651) de Hobbes, les hommes à l'état de nature jouiraient d'une liberté quasi illimitée, mais éprouveraient une crainte permanente. Aucune loi ne les empêcherait de s'entretuer pour s'emparer d'un bien qu'ils désirent. Ce serait « la guerre de chacun contre chacun ». Pour garantir leur sécurité, les hommes décident alors de s'associer et d'abandonner leur pouvoir à un tiers , l'Etat, seul chargé d'assurer la sécurité des biens et des personnes. La fonction de l'Etat est donc d'entraver la violence naturelle des rapports humains.

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