DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Nietzsche , Aurore

Rapports de Stage : Nietzsche , Aurore. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 6

llective. Le texte vise donc directement un certain type de discours qui sacralise le travail et qui considère qu'il est le moyen pour l'humanité de se dépasser, de se réaliser et d'advenir à elle-même. On retrouve dans ce texte des idéologies socialistes qui depuis Marx font du travail l'essence de l'homme , comme également les idéologies capitalistes ou les théories économiques qui depuis la révolution industrielle n'ont cessé de faire de la croissance et de la prospérité matérielle le but essentiel de la société. Le travail devenait alors, contre l'héritage grec et chrétien (basé sur le mépris du travail) une valeur dominante et un véritable système de pensée qui a d'une certaine façon occulté d'autres valeurs et a porté l'effort collectif vers l'accroissement sans fin de la productivité. D'une certaine façon ce sont donc toutes les théories qui veulent soumettre l'individu à la logique économique de la société que Nietzsche remet en question ici pour interroger leur logique. Cette logique de la glorification du travail n'a cessé de se développer depuis le 19ème pour trouver son point culminant dans la logique totalitaire qui faisait l'apologie du travail et qui exigeait par là le sacrifice de l'individu, sa soumission à l'effort collectif aussi intense soit-il, au nom du bien-être collectif futur comme dans le système communiste.

Cependant la stratégie de l'auteur n'est pas la réfutation directe de cette idéologie par une contre-argumentation: il procède plutôt d'une méthode qui cherche à dévoiler les raisons implicites de cette idéologie pour déceler ses véritables motifs. Ce discours est hypocrite car il masque ses véritables motivations. Ici, l’auteur ne contredit pas de front un discours mais il analyse ses « arrières-pensées » pour le critiquer. Le travail vise avant tout l'utilité collective en tant qu'il est au service d'une organisation sociale et d'une division des tâches : autrement dit, par le mécanisme de sa division, le travail insère l'individu dans un système d'interdépendance sociale, il intègre l'individu à la société et le conduit donc à la construction de cette société. Le travail « élève » donc l'individu à la recherche de l'intérêt collectif. En un sens il le délivre de sa pure individualité; il nous oblige donc à nous plier aux finalités sociales de notre existence et cela parfois au détriment de notre existence personnelle. En effet, le travail peut obliger l'individu à se soumettre « au dur labeur du matin au soir » ; en cela le travail possède une dimension de surveillance et de canalisation des individus : il remplit une fonction « policière » qui nous occupe, nous soumet, nous épuise et nous détourne de poursuivre d'autres buts que ceux que la société nous impose. Le travail apparaît alors comme la meilleure des polices pour Nietzsche qui voit dans le travail quelque chose qui peut détruire l'énergie individuelle, la puissance de vivre de chaque homme.

Selon l'auteur le travail « étouffe notre raison », nos désirs, supprime notre « goût de l'indépendance », il nous soumet toute notre vie à a contrainte sociale et tient « les hommes en bride ». Par le travail l'énergie individuelle n'est plus utilisée au service de l'individu mais est orientée vers une logique productiviste l'homme peut devenir l'outil d'une logique du profit, un élément broyé par la machine économique et le travail à la chaîne comme Charlot dans le film « Les temps modernes » et le travail aliénant. Nietzsche semble montrer alors que le travail peut aller à l'encontre du développement de notre raison (nos facultés intellectuelles); il nous détourne alors de la liberté de conscience par l'abrutissement, nous empêche d'accéder à une réflexion originale et personnelle; il peut étouffer notre désir (il nous impose une discipline, nous inculque le goût de l'effort jusqu'au sacrifice de soi et nous insère dans une logique collective et sociale qui conditionne notre manière de vivre), il nous enlève le goût de l'indépendance car il nous place dans la perspective de l'intérêt social et non dans la perspective de notre vie personnelle : la glorification du travail va ici de pair avec l’anéantissement de l'ordre social.

Globalement on voit ici que pour Nietzsche, le travail n'est pas condamné en soi mais le travail pénible et aliénant, celui qui réduit notre énergie vitale qui devrait aussi être au service de ce qui est plus essentiel pour l'individu : « la réflexion, la méditation, la rêverie, les soucis, l'amour, la haine ». Cette liste de ce qui est essentiel pour l'individu, faite par Nietzsche, est intéressante car elle ne comporte pas que des notions positives (amour, méditation, rêverie) mais aussi certaines qui sont problématiques (souci-haine). L'auteur semble ici parler de la vie personnelle de l'individu dans tous ses aspects, pas seulement du bien-être ou du plaisir, mais de la vie de la personne dans toutes ses dimensions éventuelles. A l'inverse

...

Télécharger au format  txt (8.4 Kb)   pdf (82.7 Kb)   docx (7.8 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com