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Commentaire Nietzsche. Aurores La Glorification Du Travail

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quelles idéologies fonctionne-t-elle ? Qu'induit-elle comme comportement vis-à-vis des Hommes qui lui sont soumis ? Est-il cependant possible de trouver dans le travail un acte émancipateur ? Nous tâcherons de répondre à ces questions.

Tout d'abord, les idéologies louées par les apologistes du travail reposent sur des fondements simples.

L'attaque portée par l'auteur apparaît dès le début du texte : elle est dirigée envers la "glorification du «travail»" et "les infatigables discours sur la «bénédiction du travail»". Nietzsche ne remet donc pas en question le travail lui-même mais les différentes attributions divines qui peuvent lui être données par des défenseurs acharnés. La mise entre guillemets de ce travail indique d'ailleurs le fait que l'auteur se refuse à lui accorder une valeur habituelle : il ne s'agit plus d'un travail, mais d'une exploitation. Il attaque ainsi la plupart des idéologies ayant cours à la fin du XIXème siècle : que ce soit le marxisme ou le capitalisme, toutes les deux priment le surpassement de l'Homme par le travail dans un but de productivité intense. N'attaquant pas non plus de front ces idéologies, il se contente de déceler leur "arrière-pensée" qui est commune aux "louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous". Derrière les discours de ces dernières, une seule intention : renier l'individu. Cette "peur de tout ce qui est individuel", à la racine de cette valorisation, recouvre toutes les actions qui pourraient sortir du cadre imposé par ce travail. Nietzsche rejette déjà le modèle de l'individu unique, qui sera employé par les régimes totalitaires du XXème siècle, comme celui de Stakhanov en URSS.

De plus, le travail, et en particulier au XIXème siècle, est avant tout au service du collectif. La définition péjorative du "dur labeur du matin au soir" employée par Nietzsche montre que le travail ne laisse même pas le temps à l'Homme de trouver une occupation en dehors de son travail. Cette canalisation de la pensée des faits et gestes de l'individu "constitue la meilleure des polices" en ce sens où l'individu est sans cesse surveillé est contrôlé. Ainsi, bien avant que Georges Orwell introduise Big Brother dans son livre 1984, ou que Charlie Chaplin effectue ses critiques de la société industrielle dans Les Temps Modernes, Nietzsche montrait déjà que cette police représentée par un travail imposé et continu n'avait que pour but de "[tenir] chacun en bride" tel un animal, contrôlable à merci que l'on tend à étouffer, et qui finalement se déshumanise peu à peu.

Enfin cette apologie n'a qu'un seul but : "entraver" les Hommes, c'est-à-dire au sens premier du terme, empêcher leur marche comme il est possible de le faire pour les animaux. Cette animalisation progresse aussi par le fait que le "développement de la raison" est également bloqué : ce parallèle avec l'aliénation due à la surcharge de travail empêche l'Homme de réfléchir et l'entraîne peu à peu dans un cercle vicieux. Cette absence de raison l'emmène vers l'absence de réflexion, à l'abrutissement, et à la servitude vis-à-vis de son patron. Envers les "désirs" qui disparaissent peu à peu, on peut y voir une absence complète de motivation chez le même travailleur, qui effectuera sa tâche machinalement jour après jour, sans ambition de vie future meilleure et qui finalement se retrouverait perdu sans tâche quotidienne. Il en perd aussi le "goût de l'indépendance", il ne peut plus vivre sans le cadre imposé par son travail, et sombre dans l'addiction vis-à-vis de celui-ci. Au final la déshumanisation avance de plus en plus, et se transforme en véritable animalisation.

Mais si les fondements de cette suprématie du travail sont maintenant bien définis, on peut se demander comment s'effectue sa mise en œuvre ?

D'une part l'Homme est "consum[é]" : le feu du travail détruit donc violemment, "une quantité de force nerveuse", c'est-à-dire épuise les ressources mentales de l'Homme qui sont normalement nécessaires à des activités plus propices au développement intellectuel. D'un côté "la réflexion" et "la méditation", activités de la pensée, indispensables à la lucidité et aux jugements portés sur le monde extérieur, de l'autre "la rêverie" et les "soucis", préoccupations nécessaires pour élargir le champ de ses expériences, ainsi que "l'amour" et "la haine", sentiments caractéristiques chez l'Homme. Ce dernier est pris dans toute sa globalité vu qu'il est question de notions toutes aussi positives que négatives, à l'inverse du travail qui oblige l'Homme à se contenter "d'un but mesquin". Sans la mise en œuvre de toutes ces pratiques, l'Homme, outre son animalisation, doit aussi faire face à son aliénation. Car l'enfermement dans un mode de pensée et d'action unique auquel il est impossible d'échapper peut mener, sinon à la folie, à l'automatisation : il devient peu à peu incapable de se rebeller contre le système qui le contrôle, s'y enferme de façon naturelle et ne pourra y jouir que "des satisfactions faciles et régulières" : la bonne conscience due au travail bien fait.

Finalement la sécurité de chaque Homme réside dans l'aliénation de la communauté entière. "Une société où l'on travaille dur en permanence" et où donc chaque travailleur est peu à peu métamorphosé en animal docile, ne présentera plus aucun danger vis-à-vis du reste de la société ou de ses employeurs. Le ton employé par Nietzsche est sarcastique, car cette augmentation de la "sécurité" profite avant tout aux patrons qui exploitent leurs employés, et seuls ces apologistes du travail "adore[nt] la sécurité comme divinité suprême" : on retrouve le terme religieux employé dès le début du texte qui finalement, ne se rapporte pas au travail en lui-même, mais à la sécurité qu'il tend à apporter à ceux qui l'assènent. Nietzsche est en avance sur son temps, par rapport au régime nazi notamment : ce dernier inscrivait à l'entrée des camps de concentrations : "Arbeit macht frei". Loin de libérer ses occupants, le "travail" pratiqué dans ces camps n'avait que pour but de tuer à la tâche les prisonniers et ainsi éviter toute rébellion en assurant une sécurité permanente au parti nazi.

Cependant, la critique de Nietzsche peut aussi être discutable, étant donné que le travail ne peut être systématiquement jugé d'aliénant en fonction de sa nature ou de l'époque dans laquelle il est exercé.

Si l'on s'intéresse d'avantage à l'utilité finale du travail, on peut considérer qu'il ne consiste pas uniquement en un dur labeur du matin au soir. Sans

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