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L'illusion Comique, Acte V, Scène Iii

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ne étant la femme de Florilame, le prince protecteur de Clindor et Isabelle. Celui-ci n’hésiterait pas à se venger. Mais Clindor insiste, assure qu’il ne pourrait vivre sans assouvir ses pulsions, ce qui ajoute encore à l’effet comique. Isabelle menace alors de se suicider. L’exagération est alors ici à son apogée, caractéristique du genre baroque. Le théâtre baroque met en scène l’émotion et l’illusion, préfère le paradoxe et les identités fuyantes, et à son inconstance, le classicisme y opposera l’unité d’action, de temps, de lieu. On peut, dans cette scène soulever plusieurs éléments baroques. On relève tout d’abord la mise en abîme, cette tragédie étant seulement une pièce de théâtre jouée par Clindor et les autres, à l’intérieur de la pièce de théâtre englobant le tout (avec Primadant et Alcandre). Ce « théâtre dans le théâtre » fait prendre du recul au lecteur, la tragédie devenant alors une tragi-comédie, vu que la pièce finale se termine bien, la fin tragique n’étant que la fin de la pièce de théâtre interne à l’Illusion Comique. Ensuite, le changement d’attitude de Clindor, entre son évasion de prison et la présente scène, qui apparaît comme un désistement spontané au vu du saut temporel présent entre l’acte IV et le cinquième, ainsi que les retournements de situations (le rejet d’Isabelle suivie de sa déclaration d’amour puis la menace de suicide) apparaissent ici clairement comme des éléments rentrant dans un cadre baroque. Relevons également que, deux scènes plus loin, Florilame vient compléter le tableau en révélant son amour pour Isabelle. On remarque alors le carré amoureux Florilame-Isabelle-Clindor-Rosine, un élément typique de la pastorale, thème se retrouvant parfois dans la littérature baroque. Comme les protagonistes des comédies de Shakespeare qui partent en forêt, des ressentis d’Isabelle émane un certain désir de revenir à leur pureté d’origine, à leur nature. En effet, Isabelle, dont les sentiments ont été bouleversés, fuit à présent Clindor. Nous entrons alors dans une nouvelle dimension de cette scène. À vrai dire, ce n’est plus Isabelle qui est au centre de toutes les attentions, mais ses sentiments. Ceux-ci fuient la figure masculine de la scène, représentée par Clindor, et tombent dans le “ça” : C’est alors le chaos dans ses ressentis et il y a dès lors un flou sur ce qu’Isabelle pense vraiment. S’ensuit après une joute verbale entre les deux protagonistes, semblable au duel qui oppose Rodrigue et le père de Chimène dans Le Cid. Et comme dans ce dernier, l’un des deux protagonistes meurt, ou du moins fait semblant, et laissant ainsi le vainqueur obtenir l’enjeu. Mais si Rodrigue s’est battu pour Chimène, Clindor lui se bat pour les sentiments d’Isabelle. Pour mieux comprendre cette scène et la réaction d’Isabelle, la place de l’adultère au 17e siècle est à détailler. Il s’agissait d’un pêché criminalisé. La femme adultère pouvait être trainée devant les tribunaux, et encourait « L’authentique », sanction comprenant le fouet puis une réclusion de deux ans au couvent, au terme de laquelle le mari lésé décidait si elle pouvait regagner le domicile conjugal ou si elle avait à finir ses jours en compagnie des bonnes soeurs. Il est évident que selon les moeurs de l’époque, seul le mari avait le pouvoir de dénoncer son épouse infidèle, elle n’ayant pas le droit de lui intenter un procès si lui est fautif1. Isabelle au cours de cette scène prouve au lecteur qu’elle peut avoir le dernier mot sur Clindor, qu’elle sait s’imposer et ainsi Clindor rompt avec Rosine à la scène suivante. Elle est aussi astucieuse en ne s’opposant pas frontalement au désir de Clindor, mais utilise des arguments pour atteindre son but tout en évitant le conflit direct sur le sujet même de la conversation : la liaison entre Clindor et Rosine

Quant à la technique théâtrale, toute l’originalité de l’Illusion Comique réside dans l’enchâssement de trois niveaux de récit : on se trouve dans cette scène dans le dernier, le plus imbriqué. Il s’agit d’une scène contenue dans une pièce de théâtre jouée par Clindor et sa troupe, dont la vie est contée par Alcandre à Pridamant, qui n’a pas conscience que cette scène n’est pas la vraie vie de Clindor. Le tout est contenu dans la pièce de théâtre globale, celle qui est lue par le lecteur. On peut donc faire le parallèle entre la technique théâtrale, et le contexte baroque : la complexité de cette mise en scène colle parfaitement à l’esprit baroque, le fait que les différents niveaux de fiction se confondent parfois également. Cet imbriquement permet à Corneille d’ajouter une distance entre le cinquième acte et la réalité et ainsi placer les messages qu’il souhaite

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