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La Francophonie Et Son Probleme d'Operation

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travail, d’échanges et de culture ; la francophonie est formée par des centaines d’établissements scolaires, universitaires et culturels, des milliers de chercheurs partiellement ou entièrement de langue française, des dizaines de milliers d’associations qui se donnent pour mission la pratique et la diffusion du français : établissements privés religieux ou laïcs, alliances françaises, éditeurs, académies et sociétés savantes, comités et conseils, associations, fédérations et unions en tous genres qui permettent à 175 millions de personnes sur les cinq continents d’étudier (2e langue étudiée dans le monde) et de parler français (9e langue parlée dans le monde). Mais cet ensemble est- il cohérent ? Ne faut-il pas identifier la francophonie par régions : celle du Maghreb, celle de l’Afrique noire, de l’Asie, de l’Europe centrale et orientale… ?

Avec une majuscule, le terme désigne des institutions intergouvernementales rassemblées au sein de l’OIF (le Sommet, la Conférence ministérielle, les Conférences interministérielles, le Conseil permanent, le secrétaire général…) ; ainsi que le Forum francophone des affaires, TV5, l’université Senghor d’Alexandrie… Au total, l’OIF regroupe un tiers des membres de l’ONU ; elle entretient des représentations permanentes à New York, à Genève, à Bruxelles et à Addis-Abeba ; elle est reconnue comme partenaire par toutes les OIG… Mais cet ensemble géoculturel original est traversé de profondes lignes de fracture entre économies et sociétés du Nord et du Sud ; il est aussi l’enjeu d’une concurrence entre ses deux principaux contributeurs – la France et le Canada – qui ont une conception différente de la francophonie et dont la rivalité est à la fois politique, économique et institutionnelle ; il est enfin rejoint par des États (Thaïlande, Autriche) dont le caractère francophone est loin d’être évident. La question est : qu’attendent les États- membres de l’organisation de la Francophonie sous les diverses formes qu’elle a successivement prises ? Ou, si l’on préfère : l’Organisation internationale de la Francophonie, née dans les années soixante-dix et qui a progressivement changé depuis, répond-t-elle aux attentes de ses membres, en ce début du XXIe siècle ? Ou encore : existe-t-il un projet francophone ?

Les institutions de la Francophonie sont nées au début des années soixante-dix pour couronner les initiatives privées venues de la société civile :

le réseau des Alliances françaises, mises en place à - partir de 1883 et qui se sont multipliées depuis le XIXe siècle, jusqu’à atteindre le chiffre de 1 200, réparties sur tous les continents,

l’Association internationale des journalistes de la - presse de langue française (AIJPLF), créée en 1950 et devenue Union (UIJPLF), en 1970,

la Communauté des radios publiques de langue française - qui remonte à 1955, élargie, en 1978, par le Conseil international des radios-télévisions d’expression française (CIRTEF),

l’Association des universités partiellement ou - entièrement de langue française (AUPELF), installée en 1961, complétée en 1987 par l’Université des réseaux d’expression française (UREF) pour constituer l’AUPELF-UREF, avant de se transformer, en 1999, en Agence universitaire de la francophonie (AUF),

l’Institut international de droit d’expression et - d’inspiration françaises (IDEF), en 1961,

l’Assemblée internationale des parlementaires de langue - française (AIPLF), en 1967, devenue Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), en 1998,

la Fédération internationale des professeurs de - français (FIPF), en 1969,

l’Association internationale des maires et responsables - des capitales et métropoles partiellement ou entièrement de langue française (connue sous le sigle plus bref d’AIMF), constituée en 1979…

Cette énumération d’institutions aussi diverses que possible et apparues sans aucune ordre logique apparent peut donner le sentiment d’un inventaire à la Prévert. En fait, la succession des initiatives relève d’une rationalité implicite, d’abord orientée vers l’enseignement du français, ce qui constitue évidemment un préalable, touchant ensuite les grands médias, avant de s’étendre aux établissements d’enseignement supérieur et, enfin, à la classe politique, à travers ses divers niveaux d’élection.

La première structure publique, l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), créée le 20 mars 1970, à Niamey, entre 21 États, n’est qu’une agence de coopération au budget et aux ambitions politiques modestes : même si la France a surmonté sa prédilection pour le bilatéral, elle demeure réticente à la perspective d’être accusée de néocolonialisme ; quant à la volonté du Québec d’être partie prenante de cette instance internationale, elle se heurte au refus du gouvernement fédéral canadien. Ce sont, en fait, les chefs d’État des pays francophones d’Afrique qui se montrent, dans l’ensemble, les plus motivés. Il faudra attendre seize ans pour que le veto d’Ottawa soit levé, et que le complexe postcolonial français soit surmonté : en 1986, le président Mitterrand réunit, à Versailles, le premier Sommet des chefs d’État et de gouvernement ayant en commun le français. Mais le Sommet ne crée pas d’organisation ; la Francophonie se met en place de façon pragmatique, sans base juridique, jusqu’à l’adoption de la Charte de la Francophonie, à Hanoi, en 1997. Lors du Sommet de Hanoi, un secrétariat général de la Francophonie est institué, dirigé par un secrétaire général, porte-parole et représentant officiel de la Francophonie au niveau international et qui remplace l’ancien secrétaire général de l’ACCT. Mais la Charte n’est pas un traité ; et la Francophonie reste une entité sans fondement conventionnel.

Tout au moins, ses structures deviennent-elles plus cohérentes et lisibles, en novembre 2005, après l’adoption, par le Sommet d’Antananarivo, d’une charte modifiée qui crée une seule organisation : l’ACCT, rebaptisée en 1999 : Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), qui disparaît au profit de l’OIF, placée sous l’autorité d’un secrétaire général, d’un Conseil permanent (les représentants des chefs d’État et de gouvernement) et d’une Conférence ministérielle de la Francophonie, tandis que le Sommet de la Francophonie, instance suprême réunie tous les deux ans, définit les orientations et élit le secrétaire général, tous les quatre ans. Il reste à s’interroger sur le point de savoir si les institutions issues de ce processus lent et encore inabouti (faute de convention pour fonder juridiquement l’Organisation) sont représentatives et efficaces. Représentatives, c’est-à-dire susceptibles de rendre compte de la Francophonie, dans toute sa diversité. Efficaces, c’est-à-dire dynamiques et suffisamment cohérentes pour permettre à l’Organisation de poursuivre ses objectifs.

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