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Commentaire "Les Colchiques" Apollinaire

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pour toujours.

A ces deux notions fortes de mélancolie et de danger s'opposent beauté et gaieté. En effet, l'oxymore produit au vers un « le pré est vénéneux mais joli » amorce cette opposition. « Vénéneux » est relié à « joli » par la conjonction de coordination « mais » qui traduit aussi une valeur d'opposition.

Ce poème met en scène un paysage bucolique et plein de charme. En effet, la beauté est mise en avant par l'utilisation du champ lexical du regard : « yeux », « paupières », « couleur de cerne et lilas ». A la beauté de ce cadre campagnard s'ajoute une ambiance de gaieté produite par un événement clé de l'automne : la rentrée des classes. Ces enfants animent bruyamment le pré en jouant de l'harmonica. Ils ne produisent probablement par une mélancolie harmonieuse mais simplement une succession de sons émis par leur harmonica. On imagine très bien ces enfants courant en propageant un bruit dans le pré au milieu des vaches. Ils sont le symbole évident de la gaieté, de la vie et de la joie de vivre. Ces écoliers se distraient à la sortie des classes en cueillant des colchiques. Cette ambiance euphorique se poursuit avec l'arrivée du « gardien de troupeau », dans la troisième strophe, qui « chante tout doucement » vers treize et qui apporte un moment de gaieté supplémentaire au texte.

Tous les élèmentys de cette partie montrent combien ce paysage est ambigu et mêle mêle deux notions opposées.

De plus, Apollinaire, dans ce poème, évoque l'amour malheureux à travers la fleur du colchique, belle mais vénéneuse, en la comparant à une femme.

Les colchiques sont au premier plan du décor. Cette fleur est aussi appelée « narcisse d'automne », c'est donc bel et bien une fleur de saison qu'Apollinaire a choisi pour embellir son pré mais aussi pour l'associer au visage de la femme; En effet, sa couleur mauve-lilas s'assimile aisément à sa « couleur de cerne » des yeux d'une femme. L'auteur a choisi comme symbole une fleur car cette plante suggère symboliquement la femme à travers de multiples connotations. La juxtaposition des mots « mère » et « fille » au vers dix et onze montre que cette fleur est pleinement associée à la féminité. De plus, il était judicieux pour lui de choisir le colchique, car cette plante suggère symboliquement la fin d'une passion amoureuse car cette plante contient un puissant poison qui tue, tout comme l'amour déçu qu'Apollinaire porte à cette femme. Le colchique, plante vivace, contient dans son bulbe un poison: la colchicine. On peut faire un lien entre ce poison et le titre du recueil alcools car tous les deux ont le même effet, ils « empoisonnent ».

Il n'y a aucun doute: Apollinaire assimile le colchique à une femme particulière quand il cite au vers cinq »tes yeux sont comme cette fleur-là;

Le femme, dont il est question dans le poème, se nomme Annie Playden, une institutrice rencontrée en 1901 lorsqu'il séjournait en Allemagne. Apollinaire a éprouvé une folle passion pour elle mais celle-ci a toujours refusé ses avances. Le champ lexical du regard « les yeux », « les cernes », et « les paupières » est évoqué à plusieurs reprises (cernes aux vers quatre et six, yeux au vers cinq et sept). Ces répétitions montrent à quel point l'auteur est passionné par son regard mis en évidence par un maquillage de couleur lilas comme l'évoque l'auteur aux vers dix et onze lorsqu'il écrit « les colchiques sont couleur de tes paupières ». Le battement des paupières de cette femme assimilé aux battements des colchiques un jour de grand vent peut-être assimilé aux battements du coeur d'Apollinaire quand il est face à cette femme. Le vers douze contient une répétition et utilise deux fois le verbe « battent » ce qui montre que les battements de son coeur sont intenses. Toujours dans ce vers douze, apparaissent cinq fois les terminaisons « ent » qui produisent un effet de répétition comme celui des battements.

On ressent parfaitement, dans ce poème, la souffrance amoureuse de l'auteur qui a choisi le colchique, plante vénéneuse, comme symbole de son amour déçu. Apollinaire semble détruit par cet amour impossible tout comme la construction de son poème.

En effet, le sonnet qui devrait être construit sous la forme de deux quatrains, suivis de deux tercets, apparaît ici sous une forme originale: un septain, un quintil, puis un tercet. La totalité du poème étant de quinze vers au lieu de quatorze pour un sonnet ordinaire. L'astuce d'Apollinaire a été de faire une césure à l'hémistiche entre les hexamètres des vers deux et trois ce qui donne au poème une grande originalité et qui réduit ainsi le nombre de vers à quatorze et non quinze en réalité. Dans ces conditions, les vers deux et trois forment un alexandrin tout comme les autres.

D'autre part, ce poème tranche avec les poèmes de la Pléiade où le poète s'identifiait généralement à un dieu, en particulier, Apollon. Ici, l'originalité réside dans le fait que le poète est identifié à une vache, mammifère banal et peu glorieux.

De plus, l'absence

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