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Les Animaux Malades De La Peste, Fables Vii, 1678 De Jean De La Fontaine

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ion du lecteur, le polyptote du mot « mal » aux 2 premiers vers classe d’emblée la fable dans le registre tragique.

Les rimes mettant l’accent sur la dimension funeste de l’épidémie en assistant sur certains termes très fort (« fureur », « terreur », etc.), le champ lexical de la mort (« crime », « Achéron », « mourrait », « mourante », « frappés »), l’oxymore « mourante vie » (v. 9), l’universalité de la maladie évoquait par le chiasme du vers 7, insistent sur la violence du fléau.

En frappant ainsi, l’imagination du lecteur, le fabuliste cherche en fait à le sensibiliser à la critique sociale qu’il explore dans les vers suivants.

3) L’indice du jugement

L’indignation du fabuliste se manifeste dans l’apparition du registre ironique.

Ce registre est perceptible dans le paradoxe du vers 59 où le mot « peccadille », jugement porté par le narrateur, est en décalage avec l’expression « cas pendable » qui est le jugement de la cour

L’ironie apparait également dans la tournure exclamative du vers 60 et tout particulièrement dans l’antiphrase hyperbolique « quel crime abominable ».

Les adjectifs substantivés qui serve à déprécier l’Âne (« pelé », « galeux » (v. 58)) dont le caractère insultant est intensifié par l’emploi de l’adjectif démonstratif « ce » n’ont rien à voir avec sa faute.

Ils attaquent les signes extérieurs de pauvreté, et montrent donc que la justice de cour est en fait une justice de classe.

En soulignant le caractère inique (=injuste) des animaux de la cour du Lion, le fabuliste prend position et assume son rôle de moraliste avant même d’avoir formulé explicitement la morale.

II Une critique de la cour

1) Un souverain hypocrite

Le discours du Lion est très structuré et peut sembler honnête parce qu’il donne l’exemple. Il semble même insister sur sa culpabilité, en particulier lorsqu’il a recours dans un vers trisyllabique (« le berger » (v.29)) pour souligner la gravité de son crime.

Son discours possède des caractéristiques nettement rhétoriques. En quelques vers il respecte presque parfaitement la disposition du discours rhétorique. On y relève un exorde ( (« mes chers amis »(v. 15)), une narration, c’est-à-dire un exposé de la thèse est des faits (V. 16 à 20), une confirmation, c’est-à-dire une défense de la thèse (V. 21 à 30) et enfin une péroraison, c’est-à-dire une conclusion qui est également un appel au public.

De plus, il tient un raisonnement déductif, partant d’une observation religieuse (v.16 -17), puis d’une considération historique générale (V. 21-22), il en arrive à énoncer une résolution concrète : « que chacun s’accuse afin de sacrifier le plus coupable ». Il respecte ainsi le « logos rhétorique ».

Il tient donc un discours délibératif, ce qui confirme sa stature de chef politique.

Toutefois, son propos est biaisé. L’usage qu’il fait des pronoms suggère son désir de pousser une tierce personne à se sacrifier à sa place.

L’emploi de la 1ère personne du pluriel (v.18, 19, 21, 23, 24) et celui du pronom indéfini « on » (v.22) laisse entendre que la démarche qu’il initie doit être suivie par tous et que le plus coupable est probablement quelqu’un d’autre.

Sa péroraison est également orientée, puisqu’il appelle ses auditeurs à pratiquer l’autocritique, ce qui est une manœuvre pour pousser l’un de ses sujets à se dénoncer à sa place

Il fait donc preuve de beaucoup d’habileté, puisque son discours est explicitement humble mais implicitement manipulateur et égoïste.

2) Une galerie de courtisans

L’intervention du Renard est typique de l’habileté d’un favori. Reprenant points par points les confessions du Lion, il les relativise et les excuse.

Son discours est doublement habile : d’une part en défendant le roi, il se garantit sa faveur, ce qui le rend inattaquable par la cour, d’autre part, il élude sa propre confession car s’il est le 1er à prendre la parole après le souverain, il n’évoque pas son propre cas.

Le Renard est donc emblématique des grands courtisans qui en flattant le monarque jusque dans ses mauvais penchant, se dédouanent indirectement de leurs fautes.

L’intervention du Loup, « quelque peu clerc », relève quant à elle d’une brève satire du haut clergé. Le vocabulaire militaire (« harangue ») qui lui est associé, le fait que le prélat (~=archevêque) soit représenté par un carnassier, suggère que le dignitaire ecclésiastique sont avant tout, des ambitieux et des prédateurs.

Il existe une loi du silence hypocrite à propos du Tigre, de l’Ours et de puissance : c’est-à-dire des « grands de la cour »

Les gens querelleurs et les mâtins qui représentent la petite noblesse rivalisent eux aussi d’une hypocrisie manifeste. Elle est suggérée par la bizarre construction du paradoxe des vers 47-48 où le prédicat se trouve rejeté au 2ème hémistiche du vers 48, alors que le sujet se trouve dans le 1er hémistiche du vers 47.

3) Le bouc émissaire

En raison de sa bêtise et de sa naïveté et parce que c’est un animal de bât (« baudets »), l’Âne symbolise le peuple.

La Fontaine li attribue toutefois des qualités qui le rende sympathique : il est sincère car son aveux n’est pas entouré des précautions oratoire prise par le Lion. Il tient un discours comique fondé sur l’usage d’un topos de fabliau (« c’est le diable qui l’a poussé à voler l’herbe des moutons ») et fondé sur l’hypotypose du vers

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