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Princessedecleves Portrait De Mlle Dechartres

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ier plan : Lorsqu’elle arriva, le vidame alla au devant d’elle.

B. Une beauté idéalisée

La première désignation de l’héroïne est une métonymie : une beauté, reprise par une beauté parfaite et la grande beauté. Elle est l’incarnation de la beauté.

Sa description physique demeure très vague. On évoque seulement la blancheur de son teint, ses cheveux blonds, la régularité de ses traits. On insiste également sur sa jeunesse dans sa seizième année. Il n’y a donc aucun élément vraiment pittoresque dans la présentation qui est faite de l’héroïne. C’est une description stéréotypée.

Mme de Lafayette, bien loin de tendre vers le réalisme, se plaît au contraire à accumuler les termes abstraits qui favorisent les interprétations les plus subjectives. Elle préfère suggérer ce qui émane de la jeune fille : l’éclat, la grâce, les charmes. Ces concepts malaisés à définir créent un halo de connotations positives qui font rêver le lecteur.

L’absence de description précise va de pair avec une idéalisation du personnage, à travers divers procédés :

• La narratrice suggère d’abord l’intensité de sa beauté par les effets qu’elle provoque sur son entourage : elle attira les yeux de tout le monde, elle donna de l’admiration, le vidame fut surpris de la grande beauté… Le narrateur rapporte l’admiration dont elle fait l’objet : l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes, grâce à un champ lexical de la vue : parut, yeux, voir.

• Les procédés hyperboliques sont nombreux.Mlle de Chartres est présentée dans une sorte de surenchère, comme surpassant tous les autres membres d’une cour qui, elle-même, est exceptionnelle. Les superlatifs sont nombreux : tout, parfaite, une des plus grandes, extraordinaires, extrême, un des grands partis, extrêmement, la grande beauté, que l’on n’a jamais vu qu’à elle, tous.

Le caractère exceptionnel du personnage concerne aussi son statut social : une des plus grandes héritières de France, un des grands partis qu’il y eut en France. L’idéalisation touche également sa mère, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires.

Sa singularité vient enfin de l’éducation qu’elle a reçue.

• Mme de Lafayette n’insiste pas sur la formation intellectuelle de son héroïne. Tout est dit en une formule qui met sur le même plan les facultés mentales et les dispositions physiques : sa mère travailla […] à cultiver son esprit et sa beauté.

Ainsi, cette description présente à la fois les traits précieux, par son aspect hyperbolique, et classiques, par son abstraction et son art de la suggestion (métonymie, usage de l’impersonnel : il parut, on dut croire).

II. Les conseils d’une mère

Dans ce portrait, l’éducation reçue par l’héroïne occupe une place importante. La narratrice glisse du portrait à une réflexion de moraliste sur les dangers de l’amour.

A. Le portrait, prétexte à un discours moraliste

Mme de Lafayette donne la parole à Mme de Chartres. Ainsi, son programme éducatif est présenté d’abord sous forme de discours narrativisé puis indirect.

Le discours narrativisé débute à elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour jusqu’à où plongent les engagements, introduit par la proposition indépendante Mme de Chartres avait une opinion opposée. (Soit 2 propositions indépendantes + 3 propositions principales) Le discours indirect commence avec elle lui faisait voir + PS1 quelle tranquillité… + PS2 combien la vertu ; puis une autre principale mais elle lui faisait voir aussi + PS1 combien il était difficile (+ 2 PS relatives).

On passe donc insensiblement du discours narrativisé au discours indirect, ce qui donne à ce développement le caractère vivant d’une conversation sans cesse reprise, ce que confirme d’ailleurs l’utilisation des imparfaits d’habitude : elle faisait, elle lui montrait, elle lui faisait voir aussi. Mme de Chartres, qui fonde son éducation sur la parole, sait qu’il n’y a pas d’éducation sans imprégnation.

Mme de Lafayette intervient également dans ce discours moraliste par un jugement critique la plupart des mères s’imaginent qu’il suffit… sur l’éducation qui consiste à ne jamais parler de galanterie pour en détourner les jeunes filles. Il n’y a donc pas d’éducation sans franchise.

B. L’originalité de la méthode

Mme de Chartres est une femme intelligente. Elle refuse la conspiration du silence qui s’organise d’elle-même quand il s’agit de l’éducation des filles. Cette pratique ne lui plait pas : elle avait une opinion opposée et elle parle souvent à sa fille de l’amour. Le terme peintures témoigne d’ailleurs d’une audacieuse franchise. Les rapports entre la mère et la fille sont fondés sur la confiance réciproque, Mme de Chartres veut persuader et non contraindre. De même, elle lui enseigne la vertu et veille à la lui rendre aimable. Mme de Chartres s’adresse à l’esprit de sa fille et semble appuyer son discours théorique par des exemples comme l’attestent l’utilisation fréquente du lexique de la vue voir 2x, peintures, montrait, de même que le verbe contait. Tout cela rend plus concret l’enseignement qu’elle donne à sa fille.

C. Vertu et amour

Les discours sur l’amour de Mme de Chartres s’appuient sur l’opposition entre les attraits et les dangers de l’amour : d’un côté ce qu’il y a de plus agréable, de l’autre ce qu’elle lui en apprenait de dangereux.

Mme de Chartres consacre l’essentiel à montrer le désordre qui suit la passion (plusieurs lignes) alors qu’elle en dépeint les charmes plus succinctement. Ainsi Mme de Chartres s’attarde longuement sur une ferme mise en garde dont la portée est rendue plus réaliste par la concession faite à l’amour et à son côté agréable.

Elle développe également l’antithèse entre l’amour et la vertu dans deux tableaux fortement contrastés. L’amour, les engagements, n’amènent que les malheurs domestiques. La vertu, elle apporte tranquillité, éclat, et élévation. Les deux derniers termes sont propres à séduire une âme d’élite ; en effet, la vertu tire son prestige du cortège de risques qui l’accompagnent, une âme passionnée peut voir aussi que la vertu est un maître exigeant : elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même.

D. Une certaine conception de la vie

C’est en pensant à la cour, qui peut être très agréable mais aussi très dangereuse pour une jeune personne, que Mme de Chartres tient ses propos sur l’amour. Aussi peut-on y lire une critique de la société où la jeune fille va pénétrer : elle lui contait la peur de la sincérité des hommes, leur tromperie et leur infidélité. Les termes sont catégoriques et la peinture sans indulgence. Dans ce monde cruel où règne l’apparence, le sort de la femme ne peut être que de souffrir.

Le seul refuge est l’amour conjugal, qu’il faut bien distinguer de la passion : ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme […] est d’aimer son mari et d’en être aimée. L’amour se trouve alors paré des charmes de la vertu. C’est le seul salut possible qui allie la tranquillité et la réciprocité.

Mais est-ce vraiment de l’amour ce qui est défini comme un travail sur soi-même et sur l’autre ? : un grand soin de s’attacher et une extrême défiance de soi-même. C’est un paradoxe.

L’éducation de Mme de Chartres révèle quelques problématiques de son siècle sur l’amour.

Faut-il parler d’amour aux jeunes filles ? Un contre-exemple est décrit dans L’école des femmes de Molière : Agnès, tenue à l’écart de tous et de l’amour succombe aux charmes du premier jeune homme qu’elle rencontre, malgré la surveillance sévère d’Arnolphe.

L’amour conjugal est-il encore vraiment de l’amour ?

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